Le futur programme d’éducation à la sexualité, attendu depuis des mois, fait l’objet de vives critiques. Annoncé par l’ex-ministre de l’Éducation Pap Ndiaye et prévu initialement pour la rentrée 2024, ce projet de texte, dont la version actuelle n’est pas définitive, fait l’objet de concertations depuis le printemps.
La semaine dernière, le ministre délégué à la réussite scolaire, Alexandre Portier, a évoqué des lignes rouges, le jugeant en l’état inacceptable, alors qu’il doit être présenté à la mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), instance consultative.
Le sujet divise la société entre ministres et parlementaires, entre l’enseignement public et l’enseignement privé et entre associations éducatives qui dénoncent la théorie du genre enseignée à des enfants dès le plus jeune âge.
« Pas acceptable en l’état »
Formulant des « réserves importantes » sur la version actuelle du projet, le ministre délégué à la réussite scolaire Alexandre Portier a assuré que « ce programme, en l’état, n’est pas acceptable » et « doit être revu », lors des questions au gouvernement au Sénat.
« Je vous le dis à la fois comme élu, mais aussi comme beaucoup ici en tant que père de famille, ce programme, en l’état, n’est pas acceptable et il doit être revu », a affirmé M. Portier lors des questions au gouvernement au Sénat.
Indiquant avoir « trois réserves importantes » sur la version actuelle du projet, le ministre délégué a assuré d’abord qu’il « s’engagerait personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles, parce qu’elle ne doit pas y avoir sa place ».
« Deuxièmement, le militantisme n’a pas non plus sa place dans nos écoles. Et je veux un encadrement très strict de tous les intervenants qui auront à porter ces sujets dans nos établissements », a-t-il poursuivi.
« Troisièmement, je veux aussi une meilleure prise en compte du développement de nos élèves. Parce que toutes les notions qui doivent être évoquées dans ces matières doivent être en fonction évidemment du développement de nos élèves » et être « appropriées ».
Passe d’armes entre ex-ministres et députés
La polémique sur le futur programme d’éducation à la vie affective et sexuelle s’est poursuivie ce week-end avec de nouvelles passes d’armes par tribunes interposées entre trois ex-ministres macronistes qui demandent à ne « pas céder aux pressions » et 100 sénateurs LR qui jugent également le projet « inacceptable ».
« Le programme que nous avons construit n’a rien d’idéologique : il est pragmatique et concret », affirment, dans La Tribune Dimanche, Nicole Belloubet (Renaissance), ex-ministre de l’Éducation nationale, Aurore Bergé (Ensemble), ex-ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, et Frédéric Valletoux (Horizons), ancien ministre de la Santé. Les anciens ministres expliquent qu’un tel programme est nécessaire dans un contexte de démocratisation de l’accès à la pornographie chez des enfants de plus en plus jeunes.
Dans une tribune publiée sur Le Figaro, 100 sénateurs emmenés par le président du groupe majoritaire à la Haute assemblée, Mathieu Darnaud, considèrent que ce programme « en l’état est inacceptable ».
Pour les sénateurs, le futur programme est « le fruit d’une coécriture avec des associations dont le zèle militant ne poursuit que le triomphe de leurs thèses » et fait la « part belle à l’idéologie woke ». Entre les lignes du programme, la généralisation d’une idéologie d’extrême gauche menaçant la santé mentale et physique des écoliers.
Ils demandent le « retrait de toutes références à la notion d’ “identité de genre » et demandent à l’Éducation nationale « de rompre avec cette forme de consentement tacite qui règne rue de Grenelle à l’égard de ces thèses ».
Passe d’armes entre associations
Des associations de protection de la famille sont montées au créneau depuis la rentrée contre ce programme.
« Nous ne contestons pas le fait qu’il y ait un programme » mais « ce projet est très idéologique », a affirmé Ludovine de la Rochère, présidente du Syndicat de la Famille, qui a lancé une pétition « contre le projet de programme » (plus de 24.500 signatures). L’association reproche au nouveau programme de l’Éducation nationale de remettre en doute auprès des enfants leur identité sexuelle.
Alors que le texte prévoit d’aborder en maternelle l’égalité entre filles et garçons, elle cite en exemple « la lutte contre les stéréotypes de genre dès l’âge de 3 ans », qui selon elle « a pour but de venir déconstruire ce qui est en train de se construire à cet âge-là ».
L’association SOS Éducation a aussi lancé une pétition en ligne (plus de 79.000 signatures). Elle s’est, elle, adressée dans un courrier au Premier ministre « pour rappeler les principes qui doivent primer à l’école en matière d’instruction et de protection des enfants ».
Le Planning Familial – qui, dans une campagne en 2022, assurait que les « hommes aussi peuvent être enceints », et la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), ont dénoncé avec véhémence une “fronde conservatrice”. Même écho au sein du collectif « pour une véritable éducation à la sexualité », mis en place en 2022 et qui compte dans ses rangs Le Planning Familial, la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), Sidaction, entre autres.
La nouvelle ministre de l’Éducation défend le programme
La ministre de l’Éducation Anne Genetet a assuré que le nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle qui sera présenté en décembre serait « très progressif » et « très séquencé », et qu’il enseignerait « des choses simples ».
« On est vraiment sur la vie relationnelle, le consentement, le respect d’autrui, la lutte contre les violences faites aux femmes, l’égalité filles-garçons, des choses fondamentales de base qui ne sont pas toujours enseignées en famille », a-t-elle ajouté. « Apprendre la différence fille et garçon, c’est aussi travailler sur les violences faites contre les femmes, le respect, la notion de consentement », a précisé Mme Genetet.
Affirmant qu’il s’adressait aux élèves « de l’âge de quatre ans et jusqu’aux plus grands », elle a expliqué que chez les plus petits « on va travailler sur les émotions, reconnaître les émotions sur un visage, savoir lire un visage, construire après le respect d’autrui ».
Interrogée sur le fait de confier cette mission à l’école, Mme Genetet a expliqué : « S’agissant de la vie affective et relationnelle, et après de l’éducation à la sexualité pour les plus grands, rappelons-nous qu’en général, c’est rarement fait en famille. Donc il faut bien que quelqu’un le fasse. »
Le programme ne doit pas « se substituer à la responsabilité éducative des parents »
L’enseignement catholique a rejoint le camp des opposants au programme actuel, en demandant à son tour que le texte soit « profondément remanié ».
« Nous partageons les ambitions » de ce programme, censé être officialisé prochainement, mais « la lecture du document nous amène à formuler de sérieuses réserves », ont indiqué vendredi le secrétariat général de l’Enseignement catholique, qui scolarise près de 20 % des élèves du premier et second degrés, et l’Apel (association de parents d’élèves de l’enseignement libre) dans un communiqué.
Ce projet de programme « prend le parti de se substituer à la responsabilité éducative des parents. Nous ne pouvons l’accepter », soulignent-ils. Par ailleurs, « la rigidité d’un programme annualisé » ne permet « pas de s’adapter à la maturation et la singularité de chaque élève », selon eux, et les contenus « doivent rester imperméables à toute influence idéologique ».
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