DÉCRYPTAGE. Une étude révèle que, pour la première fois, les opinions politiques des jeunes dans les pays démocratiques dépendent en partie de leur sexe. Le papier pointe du doigt un ressentiment masculin et les réseaux sociaux comme causes possibles, mais les effets à moyen terme de Me Too doivent être considérés.
Encore une guerre des sexes ? Si vous êtes un homme de moins de 30 ans, vous avez plus de chance d’être opposé à l’immigration et aux aides au logement que vos compatriotes du sexe opposé. C’est ce que nous apprend une étude menée par la chercheuse de l’université de Stanford (États-Unis), Alice Evans, pour l’institut Gallup publiée en février 2024. Les données concernent plus de vingt pays démocratiques allant de la France à la Pologne en passant par la Corée du Sud.
Le constat est inédit : pour la première fois, le sexe est un facteur prédictif significatif des opinions politiques, celles de la génération « Z » en l’occurrence. La conclusion est confirmée par des études d’opinion du King’s College London (Royaume-Uni) le même mois et de l’Institut de sondage Change Research (États-Unis) en septembre 2023.
Le clivage est observable avec plusieurs questions testées, toujours sur la jeune génération : les hommes sont plus nombreux à se déclarer conservateurs que les femmes et inversement les femmes se déclarent plus progressistes ; les hommes voient le féminisme nettement moins positivement que les femmes ; les femmes considèrent davantage le fait de voter pour Donald Trump comme un « red flag » (drapeau rouge) dans une relation amoureuse.
Aux États-Unis, 58 % des femmes entre 18 et 34 ans se déclarent plutôt de gauche (en bleu) contre 37 % des hommes. On remarque que les jeunes hommes ne sont pas plus conservateurs que leurs aînés. En revanche, plus une femme est jeune, plus elle est progressiste.
Dans son rapport, Alice Evans, qui tient aussi un blog féministe marqué à gauche nommé « The Great Gender Divergence » (La grande divergence des genres), émet plusieurs hypothèses quant aux causes de cette nouvelle manifestation de la « guerre des sexes ».
La conséquence de « Men Are Trash » ?
En premier, un soi-disant ressentiment des jeunes hommes vis-à-vis de l’amélioration de la « condition féminine » (salaires, avortement, parité…), quand eux font face à la paupérisation propre aux classes moyennes des pays développés. En second, les réseaux sociaux qui créent des « bulles algorithmiques » enfermant les jeunes, premiers consommateurs d’Instagram, Tik Tok et consorts, dans des contenus féministes pour les unes et « masculinistes » pour les autres.
Le Rapport annuel 2023 du Haut Conseil à l’Égalité abonde en ce sens et parle de « raids masculinistes » en ligne. Concrètement, l’algorithme de l’application repère la sensibilité d’un individu à un certain discours et ne lui soumet plus que des contenus renforçant ses biais. Cela allant bien sûr de pair avec une radicalisation et une polarisation des clivages politiques.
Cependant, il existe une cause peut-être encore plus lourde qui est aussi évoquée par Alice Evans.
La génération Z est celle qui a grandi avec le mouvement « Me Too » qui a fait irruption en 2018. Me Too a d’abord été un mouvement de libération de la parole féminine sur les violences sexuelles au travail après l’affaire Harvey Weinstein, puis de recentrage du féminisme contemporain sur le sujet des « violences faites aux femmes ». Salué à ses débuts, il a subi quelques critiques avec son évolution, accusé notamment de mépriser la présomption d’innocence, de considérer tous les hommes comme des agresseurs en puissance (d’où le slogan « Men Are Trash » – « Les hommes ne valent rien ») et d’avoir initié la culture de l’effacement (cancel culture). Phénomène d’ampleur, Me Too a placé le féminisme au cœur des débats et a pu constituer une première expérience de politisation pour les jeunes. Découvrir la politique par un mouvement dont les éléments les plus radicaux ne cachaient pas une hostilité envers les hommes peut avoir posé les bases d’un clivage politique de genre.
La gauche a récupéré ce mouvement, comme l’ont montré en France les manifestations contre les violences faites aux femmes dont le mouvement féministe de droite Némésis était exclu. Par un effet « package », les jeunes Occidentales sensibles au féminisme de Me Too ont pu adopter les autres thèmes de la gauche, d’où les réponses sur l’immigration et l’aide au logement évoquées précédemment.
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