Le député de la Somme affiche de plus en plus sa volonté d’incarner la gauche de la gauche en 2027. « Il est évident que je me prépare et qu’avec d’autres on se prépare », a déclaré la semaine dernière celui qui se distingue de ses camarades insoumis par ses positions sur les sujets internationaux ainsi que sur l’insécurité. Mais chez les Insoumis, François Ruffin n’est pas le seul à avoir des ambitions présidentielles.
« Pourquoi pas »
Invité de l’émission RTL matin le 28 mars, l’élu LFI répondait aux questions d’Yves Calvi et d’Amandine Begot sur l’actualité politique et il n’a pas esquivé celle sur son éventuelle participation à l’élection présidentielle de 2027. « Pourquoi pas », a-t-il lancé aux deux journalistes.
« Il est évident que je me prépare et qu’avec d’autres on se prépare », a-t-il également indiqué au cours de la même interview, ne laissant ainsi plus de doutes sur ses futurs projets politiques.
Ce n’est pas la première fois que l’on entend parler des ambitions élyséennes du réalisateur du film Merci Patron ! Déjà en novembre, on apprenait que l’élu picard inaugurait à Paris des locaux pour son micro-parti, « Picardie debout ».
« En 2026, je veux être l’une des cartes sur la table », avait-il déclaré à cette occasion. Le député de la Somme a tenu toutefois à rappeler qu’« il y a d’abord les élections européennes » et qu’il soutient la liste portée par l’eurodéputée sortante Manon Aubry avec « énergie ».
L’enjeu pour le parlementaire picard est aussi de ménager celui à qui il doit sa carrière politique, le fondateur de la France insoumise et triple candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, dont la participation à la course à l’Élysée dans trois ans n’est pas à exclure. Bien que le leader insoumis ait affirmé dans un message sur X il y a presque deux semaines qu’il « souhaitait être remplacé » et que « François Ruffin, Mathilde Panot et Manuel Bompard y travaillent avec succès », il avait précisé cinq jours auparavant qu’il faisait partie des « hypothèses » (NDLR : pour 2027) et que « tout le monde le sait ». « C’est l’homme qui a remis la gauche debout, sur ses deux jambes, une jambe rouge et une jambe verte », a donc complimenté François Ruffin.
Le député se démarque au sein de LFI
À la différence des principaux cadres insoumis comme les députés Manuel Bompard et Mathilde Panot qui demeurent sur la même ligne que leur mentor Jean-Luc Mélenchon, le Picard entend porter une voix différente et creuser son propre sillon. D’ailleurs, l’étiquette insoumise n’est pas mise en avant sur ses réseaux sociaux. Sur son compte X, il se présente non pas comme député LFI mais comme député « Picardie debout ».
Il a aussi, à plusieurs reprises, fait part de ses désaccords avec la ligne officielle de la France insoumise sur de nombreux sujets. Dans une interview au Monde l’automne dernier, quelques jours après les massacres du 7 octobres en Israël, il déplorait une parole de son parti qui n’est « pas à la hauteur de la gravité des événements ». À contre-courant des autres personnalités LFI, il avait également qualifié le Hamas d’ « organisation fanatique, terroriste, qui a toujours été l’adversaire des progressistes au Proche-Orient, hostile à tout compromis de paix, qui veut la fin de l’État d’Israël ».
Sur le thème de l’insécurité, l’ancien journaliste de 48 ans est, là encore, en rupture avec l’état-major de LFI. En 2022, il reprochait à son parti de ne pas suffisamment en parler. « Être de gauche, ce n’est pas fermer les yeux là-dessus, au contraire : c’est garantir cette paix à tous les citoyens, ce droit à une intimité, à être chez soi, pas dérangé », avait-il notamment écrit dans une publication Facebook.
Même chose après le meurtre du jeune Thomas à Crépol en novembre dernier. Si certains à LFI étaient restés silencieux sur l’assassinat de l’adolescent, François Ruffin condamnait « une bande venue poignarder des jeunes dans une fête de village », souhaitant « que la justice frappe l’assassin, les agresseurs ».
Les multiples ambitions à la gauche de la gauche
Si l’élu de la Somme en venait à officialiser sa participation à la prochaine élection présidentielle, il devrait faire face à d’éventuelles autres candidatures au sein de LFI à commencer par celle de Jean-Luc Mélenchon qui ne peut pas être, pour l’heure, totalement écartée, mais aussi celle de la députée de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, en froid avec le leader insoumis depuis l’affaire Quatennens. La parlementaire de 50 ans a rassemblé fin février à peu près soixante-dix personnes dans une salle parisienne avec pour objectif de « commencer à s’organiser en vue de la présidentielle ».
Enfin, François Ruffin pourrait même se retrouver face à un rival qui n’est pas issu de son parti, mais qui tente déjà d’occuper son créneau idéologique, le communiste Fabien Roussel. Leurs prises de position sont assez similaires et ils s’en prennent régulièrement à la France insoumise avec presque les mêmes arguments. « Si je dis que je souhaite incarner un espoir nouveau à gauche, ce n’est pas pour rester enfermé place du Colonel Fabien », avait affirmé l’été dernier le secrétaire national du PCF à propos de sa candidature.
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