POLITIQUE

Pourquoi un second tour Mélenchon/Le Pen n’est pas à exclure en 2027 ou plus tôt

décembre 23, 2024 6:44, Last Updated: décembre 23, 2024 6:47
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ANALYSE – Alors que François Bayrou vient d’être nommé à la tête du gouvernement, le chef de file des Insoumis et la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale se mettent déjà en ordre de bataille en cas d’élection présidentielle anticipée. Au regard du contexte politique inédit dans lequel se trouve la France, l’hypothèse d’un affrontement entre les deux ténors, lors du prochain scrutin présidentiel, pourrait devenir réalité.

Il est toujours difficile de faire des projections des mois voire des années avant une élection. La vie politique évolue très rapidement. Qui aurait cru en 2016, qu’Emmanuel Macron, que beaucoup qualifiaient alors de « bulle médiatique », serait élu président de la République un an plus tard. Même chose en 2002. Personne n’avait vu venir la qualification du candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle face au président sortant Jacques Chirac. Restons donc prudents.

Néanmoins, tout n’est pas à jeter dans la politique fiction, à condition que les différents scénarii envisagés soient appuyés par des éléments solides. C’est le cas du possible duel entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en 2027 ou plus tôt, en cas de départ d’Emmanuel Macron.

Celle qui est largement en tête des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle, a d’ailleurs annoncé le 17 décembre dans les colonnes du Parisien se « préparer à une présidentielle anticipée » estimant qu’« Emmanuel Macron, c’est fini ou presque ». Quelques jours plus tard, dans un entretien accordé au même média, l’ancien sénateur socialiste indiquait que son parti « avait mis la machine en route pour avoir les 500 parrainages dans le très court délai imposé » et qu’une « candidature Insoumise sera proposée comme candidature commune à ceux qui le voudront ».

Une candidature Insoumise qui s’appellerait Jean-Luc Mélenchon ? Le principal intéressé ne l’a pas complètement exclu. « Les sondages se trompent tout le temps, c’est donc bon signe. Et j’ai du mérite ! Je suis de loin le premier à gauche, et les autres passent leur temps à me taper dessus », a-t-il répondu au quotidien francilien qui l’interrogeait sur les sondages le donnant perdant face à Marine Le Pen.

Mélenchon sous-estimé

L’ancien député des Bouches-du-Rhône n’a d’ailleurs pas tout à fait tort d’évoquer les sondages. Ces derniers l’ont sous-estimé, notamment en 2022. À l’époque, quelques jours avant les résultats du premier tour, différents instituts l’avaient crédité de 15 à 18 % des intentions de vote, avant qu’il ne termine finalement la course à 21,9 %.

Celui qui fut ministre de Lionel Jospin a également été à deux reprises aux portes du second tour. En 2017, lui, François Fillon et Marine Le Pen étaient tous les trois dans un mouchoir de poche. Cinq ans plus tard, à peine plus d’un point le séparait de la cheffe des députés RN au palais Bourbon.

Selon le sondage IFOP-Fiducial du 11 décembre réalisé pour le Figaro magazine et Sud Radio, Jean-Luc Mélenchon récolterait 12 % des suffrages, derrière Édouard Philippe (25 %) et Marine Le Pen (36 %). Mais s’il était désigné candidat par la formation de gauche radicale, il est probable qu’il réalise, à la fin, un score bien supérieur à celui annoncé, qu’il dépasse le maire du Havre et se qualifie au second tour face à Marine Le Pen, un scénario insupportable pour le bloc central.

La probabilité d’un bloc central désuni

Un autre élément pourrait propulser Jean-Luc Mélenchon au second tour face à la candidate du Rassemblement national : un bloc central qui part en ordre dispersé.

Chacun le sait, les ambitions au sein du camp macroniste sont légion. L’ex-Premier ministre et président d’Horizons, Édouard Philippe a déjà annoncé sa candidature, et d’autres à l’instar de Gabriel Attal, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et l’actuel locataire de Matignon, François Bayrou n’ont rien exclu. Des proches du nouveau Premier ministre ont même confié au Figaro qu’il est « là [à Matignon] pour se relancer dans la course ».

Pour éviter que le scénario des candidatures multiples se produise, Gérald Darmanin s’était prononcé en septembre, au micro de France Inter, en faveur d’une primaire désignant un seul candidat. « Nous devons avoir un seul candidat. Soit il est sélectionné naturellement, par les sondages, par son énergie, par son programme […] Soit il faudra trouver un moyen de le sélectionner », estimait le prédécesseur de Bruno Retailleau, ajoutant que « si nous sommes divisés, on regardera le second tour à la télévision et on sera en train de choisir entre Mr. Mélenchon et Mme Le Pen ».

Mais pour l’heure, le bloc central est loin d’avoir officialisé l’organisation d’une primaire. Si l’élection présidentielle avait lieu dans les mois qui viennent à la suite de la démission d’Emmanuel Macron, il y aurait peut-être plusieurs prétendants macronistes sur la ligne de départ. Ce qui favoriserait un affrontement entre les pôles le plus opposés du spectre politique français.

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