Un juge de la Cour supérieure du Québec, au Canada, a autorisé un procès intenté par des parents de la région contre Epic Games et sa filiale canadienne, reprochant à l’entreprise de créer une dépendance au jeu « Fortnite » chez les enfants.
Selon les trois parents qui ont intenté la poursuite (pdf), leurs enfants ont montré des symptômes de dépendance grave après avoir joué à « Fortnite », notamment en renonçant à se doucher, à manger et à dormir. Ils ont insisté sur le fait que le jeu a été délibérément conçu pour être très addictif. Selon le Global News, dans sa décision, le juge Sylvain Lussier a décidé que la demande des parents d’intenter un recours collectif « ne semble pas frivole ou manifestement sans fondement ». Le tribunal a conclu qu’il y a un « grave problème à débattre ».
Un enfant a joué plus de 7700 fois en deux ans, avec un minimum de trois heures par jour passées à jouer. Un autre enfant, qui a joué 6923 fois, s’est mis en colère lorsque ses parents ont essayé de restreindre ses activités de jeu, allant même jusqu’à mettre un verrou sur son ordinateur.
Bien que le juge ait rejeté l’allégation de « création délibérée d’un jeu qui crée une dépendance », il a admis la possibilité que le jeu crée « en fait une dépendance » et que ses développeurs et distributeurs sont « présumés » l’avoir su.
Les avocats de la société ont fait valoir que la dépendance aux jeux vidéo n’est pas reconnue comme une pathologie au Québec et qu’elle n’a pas été classée comme un trouble mental par l’American Psychiatric Association.
Le juge a souligné que l’Organisation mondiale de la santé avait classé la dépendance aux jeux vidéo comme un « trouble du jeu ». Faisant une équivalence avec le tabagisme, il a noté que les effets négatifs du tabac n’ont pas été « reconnus ou admis du jour au lendemain ».
The Epoch Times a contacté Epic Games pour un commentaire.
Les effets de la dépendance aux jeux vidéo
Le cabinet d’avocats représentant les parents a déclaré dans sa déposition que devenir « dépendant de Fortnite » est similaire à une « addiction à la cocaïne », selon PC Gamer. Il a cité un spécialiste britannique du comportement qui, en 2018, a déclaré que « Fortnite » est comme « l’héroïne ».
Selon l’action en justice, être dépendant de jeux vidéo comme « Fortnite » a un effet « particulièrement dommageable » sur le cerveau des enfants. Comme les enfants sont continuellement absorbés par leur jeu, ils développent de « graves lacunes » lorsqu’il s’agit de toute la gamme des émotions humaines.
« Les spécialistes signalent des lacunes dans le vocabulaire ainsi que des lacunes dans l’intégration sociale. En effet, il est reconnu que l’utilisation continue d’appareils électroniques entraîne des changements importants au niveau du cortex préfrontal du cerveau humain, changements qui affectent particulièrement les jeunes cerveaux en développement », peut-on lire dans la plainte.
L’autorisation du juge rend la poursuite applicable à tout joueur au Québec qui est devenu dépendant de « Fortnite Battle Royale » depuis le 1er septembre 2017 et qui démontre des effets négatifs sur les aspects sociaux, familiaux, éducatifs ou professionnels de sa vie. « Fortnite » revendique plus de 350 millions de joueurs en ligne et aurait encaissé l’équivalent de plus de 9 milliards d’euros dans le monde.
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