Poursuivre ses études en craignant la persécution

18 janvier 2017 18:50 Mis à jour: 31 janvier 2017 21:41

SAN FRANCISCO – « Pendant seize ans, j’ai vécu dans la peur d’être persécutée pour ma foi », affirme Gu Peiqi, 30 ans, qui a grandi en Chine communiste. Sa foi, c’est le Falun Dafa, une pratique bouddhiste qui vise à améliorer le corps et l’esprit. On peut exercer cette pratique partout dans le monde – hormis en Chine.

Un an avant que la persécution ne soit lancée, âgée de 11 ans, elle adopte le Falun Dafa (aussi connu comme Falun Gong) avec sa mère. Selon un rapport officiel, il y avait alors environ 70 millions de pratiquants en Chine ; les sources du Falun Dafa affirment que ce nombre dépassait les 100 millions.

Ce système de méditation traditionnelle préconise des valeurs morales élevées et le livre
Zhuan Falun enseigne comment devenir un « homme véritable », comment cultiver la compassion et la tolérance.

« Je peux toujours trouver une signification très profonde sur la vie, sur l’univers avec Dafa, en lisant Dafa », dit-elle. Mais il s’agit aussi de savoir comment être une bonne personne, et « faire face aux tribulations et aux problèmes de la vie ».

Quand la persécution a commencé et que la télévision, totalement contrôlée par le Parti Communiste, a initié sa diffamation du Falun Gong, Gu Peiqi n’en a pas cru un mot. Selon elle, les programmes inculquaient la peur et la haine du Falun Gong de sorte que sa répression brutale puisse être justifiée.

« J’ai été choquée parce que c’était absolument l’opposé de ce que j’ai appris en pratiquant le Dafa et en lisant le livre Zhuan Falun, qui nous répète qu’il faut être une bonne personne et suivre les principes Zhen, Shan, Ren [vérité, bienveillance, tolérance] », dit-elle.

Gu Peiqi et sa mère ont entrepris d’endiguer la calomnie en expliquant aux autres leurs expériences positives avec cette pratique, mais cette initiative s’est avérée extrêmement risquée.

Néanmoins la jeune étudiante a réussi à forger son chemin vers la liberté spirituelle et à affermir sa voix pour dissiper les mensonges contre le Falun Gong.

L’éducation, une priorité pour sa famille

Gu Peiqi a grandi en Chine. Elle est fille unique, ses parents ont tout donné pour qu’elle ait une bonne éducation. (Cat Rooney/Epoch Times)

Pour la famille de Gu Peiqi, l’éducation a toujours été une priorité absolue.

« Je suis fille unique. J’ai été très, très gâtée. »

Sa mère s’est toujours levée en premier pour préparer le petit-déjeuner. « C’est drôle, du primaire jusqu’à mes douze ans », explique-t-elle. Son père attendait jusqu’au dernier moment avant de la réveiller afin qu’elle dorme autant que possible. Après avoir mangé ou pendant, sa mère la coiffait. Son père lui arrangeait son sac et l’aidait à enfiler ses chaussures et son manteau.

« Alors… mon père ouvrait la porte et je sortais en courant jusqu’à l’école. Mes parents ont même emménagé dans un appartement à côté de mon lycée, je n’avais que cinq minutes à marcher pour me retrouver assise en classe. »

Arrestations et menaces

Jusqu’en février 2006, Gu Peiqi se sentait en sécurité, notamment à l’école.

« Je n’oublierais jamais ce jour où… ma mère et moi avons été arrêtées. »

Gu Peiqi a été arrêtée avec sa mère pour avoir parlé du Falun Gong. La police a menacé de la renvoyer de l’école et de la placer en détention. « Personne ne voulait nous aider… Alors j’ai senti que toute ma famille paniquait. » (Cat Rooney/Epoch Times)

Gu Peiqi, sa mère et la famille de sa tante passaient leurs vacances dans un hôtel.

« Six d’entre nous ont été arrêtés et nous avons été interrogés par la police séparément », explique-t-elle.

« Personne ne voulait nous aider…  Alors, j’ai senti que toute la famille paniquait. »

« Ensuite ils ont compris que seules ma mère et moi pratiquions [le Falun Gong] et [donc] ils ont libéré ma tante et nos proches. »

L’arrestation a eu lieu du fait qu’elle et sa maman distribuaient gratuitement des DVD à des commerçants. Les DVD informaient les gens sur les stratagèmes employés par la propagande du gouvernement pour que les gens se mettent à haïr le Falun Gong.

La mère et la fille expliquaient également aux gérants des magasins leurs expériences personnelles, comment elles étaient devenues des personnes saines et s’étaient améliorées en vivant dans la vérité, la compassion et la tolérance.

Au poste de police, sa mère refusa de dire à la police où elle avait obtenu les DVD. « La police a alors menacé ma mère, on bloquerait ma scolarité, on ruinerait mon avenir. »

La riposte est féroce si on parle du Falun Dafa en public ou si on ne renonce pas à sa foi quand les autorités l’exigent.

Amnesty International

Après 48 heures au poste, « ils ont envoyé ma mère dans un centre de détention et ils ont demandé à mon père de me ramener à la maison. La police… a dit à mon père, qui n’est pas un pratiquant, de faire attention à moi parce que j’avais [désormais] un casier judiciaire. Si je récidivais… j’allais être arrêtée pour de bon et on m’empêcherait d’être scolarisée. »

« C’est la première fois que j’ai vu mon père aussi désespéré. »

De sérieuses menaces pesaient également sur sa mère.

Son père dut promettre à la police que tout irait bien et se décida à demander s’il pouvait prendre la place de sa fille au cas où elle devrait aller en prison. Il espérait par là que son parcours scolaire ne serait pas interrompu.

L’impact sur la famille

Durant son histoire, le régime communiste a toujours su créer un effroi tel qu’il pouvait diviser les parents et les enfants, isoler quelqu’un du reste de sa famille. Cette terreur est bien fondée.

« La riposte est féroce si on parle du Falun Dafa en public ou si on ne renonce pas à sa foi quand les autorités l’exigent. Les conséquences, bien documentées, incluent l’incarcération, la privation de sommeil, l’interdiction d’aller aux toilettes ou dans une salle de bain, enfin on menace de s’en prendre aux proches », explique Amnesty International.

« Les mauvais traitements se traduisent par des coups violents, une surveillance 24 heures sur 24, l’isolement, les électrochocs, l’écartèlement et des centaines d’autres formes de tortures inhumaines », ajoute Amnesty International.

Craignant les représailles, la famille de Gu Peiqi lui tourna le dos. « La nuit était particulièrement noire, ils nous ont abandonnés ; je ne l’oublierai jamais. Ils sont partis et … n’ont jamais rappelé mon père. »

Au lieu de chercher des solutions, « ils se sont tous rassemblés… pour nous maudire et nous blâmer. »

« Personne ne voulait nous aider à sortir de cette situation. J’ai donc compris que ma famille s’était disloquée. »

Désormais Gu Peiqi vit aux États-Unis et peut ouvertement pratiquer le Falun Gong. Elle s’est donné pour mission de témoigner des bienfaits du Falun Gong, notamment ici, dans ce parc de San Francisco le 24 octobre 2016. (Cat Rooney / Epoch Times)

Depuis le jour où elle et sa mère ont été arrêtées, Gu Peiqi dit : « J’ai vécu dans la peur d’être persécutée. »

« Je ne pouvais pas imaginer qu’il puisse m’arriver quoi que ce soit de pire. Donc, la seule chose qui m’obsédait pendant mes quatre années d’université [en Chine] était la façon de m’échapper, de m’enfuir. »

Plusieurs occasions de vivre ailleurs se sont alors présentées. Elle est finalement parvenue en Amérique. Avec l’aide des pratiquants de Falun Gong des États-Unis, « j’ai peu à peu arrêté d’avoir peur », conclut-elle.

Le souhait de pratiquer le Falun Gong

Gu Peiqi montre une photo de son père sur son portable, durant sa visite pendant l’été 2016. Elle a été séparée de ses parents pendant deux ans et n’avait jamais passé autant de temps aussi loin d’eux. Son père sait à quel point elle a dû « se battre pour survivre seule à l’autre bout du monde ». (Cat Rooney / Epoch Times)

Après l’université, Gu Peiqi a essayé de vivre dans différents endroits hors de Chine.

« J’ai été embauchée pour une compagnie au Laos, un… pays en voie de développement. Je me suis dit que je préfèrerais… vivre là au lieu de retourner en Chine. Plus de soucis d’être enlevée. »

Cependant, elle éprouvait encore la peur, le téléphone de ses parents était surveillé par la police.

Son travail au Laos était en relation avec l’hôtellerie, « où j’ai trouvé un certain intérêt pour le tourisme », dit-elle. Et en 2014, elle fut acceptée dans une école aux États-Unis et commença une maîtrise en gestion de l’accueil.

L’école lui donna l’occasion d’assister à une conférence en République dominicaine où elle put pratiquer librement le Falun Gong pour la première fois depuis que la persécution avait été lancée.

« Ce moment était si beau. Je me sentais tellement soulagée de pouvoir m’asseoir et de pratiquer avec d’autres. J’ai réalisé que… le monde entier accueillait le Falun Dafa. »

« La pratique vient de Chine, mais malheureusement, la plupart des Chinois sont incapables d’en connaître la beauté. »

Gu Peiqi décida alors de continuer à faire ce qu’elle faisait en Chine, « expliquer aux autres, en particulier aux Chinois, ce qu’est Falun Dafa, [et] en quoi c’est merveilleux ».

Une nouvelle vie en Amérique

C’est en mai 2016, qu’elle termina sa maîtrise en gestion de l’accueil, ce qui lui permit de trouver un bon travail en tant que comptable pour une chaîne hôtelière.

Elle a récemment vu son père en visite aux États-Unis. Elle était très excitée de le revoir après deux ans de vie en Amérique.

« Je n’avais jamais été séparée de mes parents aussi longtemps. »

Son père ne pouvait pas croire que sa petite fille était devenue une femme adulte, indépendante, ayant terminé ses études, avec une nouvelle vie, des amis et un bon travail.

« Il sait à quel point j’ai dû me battre pour survivre toute seule à l’autre bout du monde. »

Désormais, l’espoir de toute la famille est d’être réunie.

En tant que jeune professionnelle travaillant comme comptable pour une chaîne hôtelière haut de gamme et avec une vie organisée aux États-Unis, Gu Peiqi est parvenue en haut de l’échelle selon les critères chinois et espère être réunie à ses parents. (Cat Rooney / Epoch Times)

 

Version originale : College Student Overcomes Fear of Persecution in China

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