C’est partout dans les grands médias : quelque chose est arrivé au président Vladimir Poutine, qui est généralement bien prévisible.
Pour une fois, les commentateurs disent presque tous à l’unisson : « Il est devenu fou. »
Comment expliquer autrement l’invasion de l’Ukraine ?
Ça doit être le Covid. Il s’est isolé dans son bunker. Regardez à quelle distance absurde il est assis face à d’autres personnes.
Même Condoleeza Rice, ancienne secrétaire d’État américaine et actuelle directrice de la Hoover Institution, s’en est mêlée. Ce n’est pas le Poutine qu’elle connaissait, affirme-t-elle. Quelque chose a mal tourné avec cet homme.
Désolé, Condoleezza.
En dépit de vos estimables compétences en langue russe, vous avez oublié, ou peut-être choisi d’ignorer, avec quel genre d’individu vous avez négocié à de multiples occasions et pendant de nombreuses années.
Poutine a été pendant 18 ans un officier de l’impitoyable agence de services secrets russe – le KGB. Il a été également, pendant plus d’un an, chef du FSB qui a succédé au KGB. Il a donc été entraîné à mentir efficacement.
Il a passé cinq ans de son service au KGB à Dresde, en Allemagne de l’Est, où se trouvait l’agence de renseignement également impitoyable de la Stasi, célèbre pour avoir créé une situation où environ la moitié de la population du pays espionnait l’autre.
Une grande partie de la vie de Poutine au sein du KGB est – sans surprise – obscure, et elle s’est terminée en 1991, juste au moment où l’Union soviétique s’est effondrée et où Poutine est entré en politique.
Depuis lors, Poutine a dit à plusieurs reprises qu’il considérait l’éclatement de l’Union soviétique comme la plus grande tragédie de l’histoire. Pourquoi devrions-nous ne pas lui faire confiance, même si, à l’occasion, il a désillusionné le communisme ?
Poutine est devenu essentiellement un tsariste – ou, plus exactement, un tsar lui-même – par le biais d’une brutale tradition d’espionnage russe qui a commencé avec l’Okhrana tsariste créée à la fin du XIXe siècle – ironiquement pour combattre les révolutionnaires de gauche. Par la suite, elle s’est transformée sous les Soviets en la Tchéka, puis le NKVD, puis le KGB et aujourd’hui, sous le capitalisme oligarchique, le FSB.
Même si les idéologies différaient en Russie, les techniques étaient essentiellement les mêmes. Une blague soviétique disait : « La Loubianka [siège du KGB] est le plus haut bâtiment de Moscou. Vous pouvez voir la Sibérie depuis le sous-sol. »
C’est de ce monde-là qu’est sorti Poutine.
Depuis le début, il n’a jamais vacillé dans son opinion. Mais pourquoi a-t-il soudain pris la décision d’agir pour corriger ce qu’il voyait comme « la plus grande tragédie de l’histoire » ?
Il n’est pas difficile de répondre à cette question. Poutine est un homme rusé qui attendait le moment propice pour commencer à reconstituer l’Union soviétique, c’est-à-dire, pour lui, l’empire russe.
Comme l’ancien président Donald Trump l’a mentionné avec sa franchise habituelle lors de son discours à la récente conférence CPAC : « Le problème n’est pas que Poutine soit intelligent, parce que bien sûr il est intelligent. Le vrai problème est que nos dirigeants soient si bêtes. »
Quel était donc ce moment propice ?
Il est venu des deux côtés de l’Atlantique. Le côté européen est bien expliqué, par exemple, sur le site de l’écrivain et médecin britannique Theodore Dalrymple. Il se réfère au phénomène du méga-environnementalisme de l’adolescente Greta Thunberg et de ses « clones » qui a pris le dessus sur la vision du monde en Europe.
C’était une croyance illusoire en l’efficacité des énergies alternatives, avec pour résultat concret une dépendance excessive au gaz et pétrole russes pour ne pas mourir de froid en hiver.
Quelque chose de similaire a été favorisé en Amérique par le revers presque instantané du président Joe Biden sur l’indépendance énergétique acquise sous Trump. Biden a été encouragé par l’aile gauche de son parti et les applaudissements des partisans de l’idéologie woke.
Ces deux formations se sont renforcées l’une l’autre dans leur irresponsabilité, leur faiblesse et leur auto-sabotage évidents.
Poutine et, bien sûr, Xi Jinping, n’auraient pu espérer mieux.
Pour Poutine, cela signifiait que son heure était venue de s’approprier l’Ukraine – le trophée qu’il convoitait depuis des années et que beaucoup considéraient de toute façon comme faisant partie de la Russie.
Il ne s’attendait probablement pas à une résistance aussi forte du côté des Ukrainiens. Cependant, aussi courageux que soient les Ukrainiens, cela pourrait ne pas suffire pour assurer leur victoire finale.
Traiter Poutine de fou est une façon d’esquiver la responsabilité pour ne pas avoir fait face à la réalité. Cela a conduit à un grand bouleversement, ou je dirais plutôt, à un vrai cataclysme.
Roger L. Simon est un romancier primé, un scénariste nommé aux Oscars, cofondateur de PJMedia et maintenant rédacteur d’Epoch Times. Ses derniers livres s’intitulent The GOAT (Le plus grand de tous les temps) et I Know Best : How Moral Narcissism Is Destroying Our Republic, If It Hasn’t Already (Je sais mieux : comment le narcissisme moral détruit notre République, si ce n’est déjà fait).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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