Poutine choisit la ferveur patriotique et l’oubli des crimes de Staline, mais les proches des victimes se souviennent

29 octobre 2017 15:00 Mis à jour: 29 octobre 2017 14:54

Lors d’une cérémonie en mémoire des victimes du stalinisme, des appels ont été lancés pour la libération d’un historien. Des dizaines de Russes courageux se sont rassemblés dimanche à Moscou pour honorer la mémoire des millions de victimes des répressions staliniennes, avec des appels à la libération d’un historien spécialiste de cette période, emprisonné pour avoir osé enquêter sur les crimes de Staline, même si le motif « officiel » de son arrestation est  la « fabrication d’images pédophiles ».

Durant cette cérémonie annuelle à l’initiative de l’ONG Memorial –la plus ancienne organisation russe de défense des droits de l’homme–, des centaines de personnes lisent à tour de rôle tout au long de la journée les noms des victimes près de la Pierre Solovetski ramenée de l’île de Solovki (mer Blanche, nord de la Russie) où fut ouvert le premier goulag soviétique. Ce monument est installé sur la place de la Loubianka devant le siège du FSB (ex-KGB, services secrets russes).

La cérémonie était marquée cette année par l’emprisonnement de l’historien Iouri Dmitriev, membre de Memorial connu pour ses recherches sur les disparus de la Grande Terreur des années 1930.

M. Dmitriev, 61 ans, qui dirige l’antenne de Memorial en Carélie (région frontalière de la Finlande), a été arrêté le 13 décembre 2016 à Petrozavodsk, dans le nord de la Russie, pour des accusations de « fabrication d’images pédophiles », selon l’ONG qui a dénoncé une affaire montée « de toutes pièces ».

M. Dmitriev, qui dément ces accusations, encourt jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.

« L’histoire se répète-t-elle? », s’est interrogé un participant à la cérémonie alors qu’un autre réclamait la « liberté » pour l’historien.

Les défenseurs des droits de l’homme accusent le président russe Vladimir Poutine de chercher à faire oublier les crimes de Staline en privilégiant une ferveur patriotique encouragée par la propagande étatique.

La cérémonie de dimanche revêt également cette année une signification particulière alors que la Russie marque le centenaire de la Révolution d’Octobre le 7 novembre, avec des expositions et des colloques. L’anniversaire de la Révolution était célébré en grande pompe à l’ère soviétique.

Des Moscovites âgés, mais également de jeunes mamans avec leurs poussettes et même des enfants dont certains ont participé à la lecture des noms, étaient présents.

Certains procédaient avec émotion à des ajouts personnels aux noms égrenés, comme cette femme évoquant son oncle maternel qui travaillait dans une usine d’Irkoutsk en Sibérie et fut exécuté en 1938, à l’âge de 29 ans.

« Durant les années de terreur, plus de 40.000 personnes ont été exécutées rien qu’à Moscou », selon Memorial.

La cérémonie se tenait à la veille du Jour officiel de souvenir des victimes des répressions politiques, instaurée en 1991 à l’instigation de Memorial mais qui n’est marquée d’aucune commémoration officielle.

Fondée en 1989, pendant la perestroïka, par le prix Nobel de la paix Andreï Sakharov et d’autres dissidents, Memorial travaille sur le passé soviétique autant que sur les atteintes actuelles aux libertés.

Une dizaine d’années après l’effondrement de l’ex-Union Soviétique et des régimes communistes de l’Europe de l’Est, le mouvement communiste international est aujourd’hui rejeté dans le monde entier, et la fin du Parti communiste dans le monde n’est qu’une question de temps.

 

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