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Poutine propose au Japon un traité de paix sans conditions, Tokyo répond froidement

septembre 12, 2018 15:59, Last Updated: septembre 12, 2018 16:10
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Vladimir Poutine a proposé mercredi au Japon de tourner la page de la Deuxième guerre mondiale en signant d’ici à la fin de l’année et « sans conditions préalables » un traité de paix, une proposition froidement accueillie par Tokyo qui exige la restitution de quatre îles annexées par l’URSS en 1945.

les îles volcaniques du sud de l’archipel des Kouriles doivent revenir au Japon avant la signature

Le porte-parole du gouvernement japonais Yoshihide Suga a immédiatement réagi à la proposition du président russe, rappelant « le principe simple » selon lequel Tokyo ne conclura un tel traité qu’« après le règlement du problème de l’attribution » de ces îles volcaniques du sud de l’archipel des Kouriles que le Japon, qui les appelle les Territoires du Nord, revendique.

C’est précisément ce différend territorial qui a jusqu’à présent empêché les deux pays de parvenir à la signature d’un traité de paix et les négociations sur ce point n’ont pas connu d’avancées majeures ces dernières années malgré les appels répétés du Premier ministre Shinzo Abe.

« Signons un traité de paix » dit M. Poutine, « Sans conditions préalables »

M. Poutine a fait cette proposition dans le cadre du Forum économique de Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe, où M. Abe venait lui aussi de lancer un appel en faveur de la signature d’un tel traité, sujet majeur de discussions ces dernières années.  Le chef de l’Etat russe, jusqu’alors très prudent sur ce sujet qui empoisonne des relations par ailleurs en plein développement, a expliqué que « l’idée lui (était) venue à l’esprit ». 

« Cela fait 70 ans que nous cherchons à régler nos différends. Cela fait 70 ans que nous menons des négociations  Shinzo a dit Changeons d’approche !. Et en effet : allons-y ! Signons un traité de paix, pas maintenant mais d’ici à la fin de l’année ! Sans conditions préalables », a déclaré Vladimir Poutine, sous des applaudissements dans le public constitué majoritairement d’hommes d’affaires asiatiques, notamment japonais.

« Et ensuite, sur la base de cet accord de paix, comme des amis, nous continuerons à régler tous les sujets de discorde. Il me semble que cela rendrait plus simple la résolution de tous les problèmes que nous ne pouvons régler depuis 70 ans », a-t-il avancé.

Nous devons chercher des solutions qui conviennent à la fois à la Russie et au Japon, dit M.Poutine

Lundi encore, le président russe, qui a fréquemment rencontré Shinzo Abe, déclarait qu’il serait « naïf de penser qu’on peut résoudre en une heure » ce différend, se disant simplement « prêt à chercher des solutions qui conviendraient à la fois à la Russie et au Japon ». Le porte-parole du Kremlin a déclaré que les deux dirigeants n’ont pas encore évoqué la proposition du président russe.

Dans son discours devant le forum de Vladivostok, avant la proposition de Vladimir Poutine, le chef du gouvernement japonais avait encore fait un long plaidoyer en faveur du règlement de ce différend territorial. « Les relations entre la Russie et le Japon avancent à un rythme jamais vu.  Il ne reste qu’un obstacle qui les empêche de prospérer complètement et ce n’est rien d’autre que le fait que nos deux pays doivent encore conclure un traité de paix », avait-il expliqué.

« Si nous ne le faisons pas maintenant, alors quand ? Et si nous ne le faisons pas, alors qui va le faire ? » avait demandé M. Abe. « Nous sommes tous les deux (avec Vladimir Poutine, ) conscients que cela ne sera pas facile. Cependant, nous avons un devoir envers les générations futures ».

La mer du Japon « une autoroute pour le transport de marchandises dans les deux sens »

Il a estimé que les îles pouvaient servir de « hub logistique » et de « symbole de coopération », faisant de la mer du Japon « une autoroute pour le transport de marchandises dans les deux sens ». Les déclarations de Vladimir Poutine ont surpris beaucoup d’observateurs. Alexandre Gabouev, le directeur du programme Asie-Pacifique au centre moscovite Carnegie, estime qu’elles sont le résultat de la frustration de la Russie face à la faiblesse des investissements japonais.

« Cela semble être une déclaration faite sur le coup de l’émotion plutôt que quelque chose de réel », a-t-il déclaré à l’AFP. Jusqu’à présent, les deux pays ont progressé à petits pas, s’engageant à faciliter la visite d’anciens habitants sur ces îles et lançant quelques projets économiques communs. Lundi, Vladimir Poutine et Shinzo Abe ont annoncé la visite en octobre en Russie du chef d’état-major japonais, Katsutoshi Kawano, et d’une délégation d’hommes d’affaires japonais sur les îles disputées.

DC avec AFP

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