Se voulant rassurant envers les Russes, conciliant mais ferme envers les Occidentaux, Vladimir Poutine a longuement répondu jeudi aux préoccupation de ses concitoyens à la télévision, vantant une Russie qui « avance dans la bonne direction » au moment où elle accueille le Mondial-2018 de football. A une semaine du début de cet événement sportif à l’audience planétaire organisé dans un climat de vives tensions Est-Ouest, le président russe a orchestré pendant 4H20 sa « Ligne directe » annuelle, une émission au cours de laquelle il jongle entre les tracas quotidiens de la population, les remontrances à l’égard des responsables régionaux et les confidences sur sa vie privée.
L’émission lui a donné l’occasion d’évoquer les conseils de son père (« Ne pas mentir »), son rapport « intime » à la foi ou le manque de temps dont il dispose pour ses petits-enfants. Mais il a surtout rappelé les promesses de son nouveau mandat, le quatrième, courant jusqu’en 2024 : augmenter l’espérance de vie et redresser la démographie déclinante de la Russie, diviser par deux la pauvreté et faire entrer son pays dans les cinq premières économies mondiales. « Dans l’ensemble, nous avançons totalement dans la bonne direction. Nous nous sommes placés sur les rails d’une croissance durable de l’économie », a estimé Vladimir Poutine, soulignant le développement de l’industrie et de l’agriculture ou le niveau historiquement bas de l’inflation mais reconnaissant « un certain nombre de problèmes à régler ».
Au-delà de l’économie, il a évoqué les tensions avec les Occidentaux, les relations restant plombées par les désaccords persistants sur la Syrie et l’Ukraine, les accusations d’ingérence et l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal en Angleterre. Le président russe a réfuté la possibilité d’un échange entre le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné en Russie pour « terrorisme » et dont la détention est dénoncée par Kiev, l’Union européenne et les Etats-Unis, contre le journaliste de l’agence de presse russe Kyrylo Vychynski, arrêté fin mai à Kiev.
Tout en donnant de nouveaux détails sur les armes mises au point par la Russie, il a dit espérer que la « retenue » prévaudrait contre « toute action extrême et dangereuse pour la civilisation contemporaine », louant la « parité stratégique » qui permet selon lui d’assurer la paix dans le monde depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. « Il est temps de s’asseoir à la table des négociations et de ne pas seulement réfléchir, mais de développer des schémas adéquats et modernes en faveur de la sécurité internationale et européenne », a plaidé M. Poutine.
Les accusations des Occidentaux à l’encontre de Moscou sont « un moyen de contenir la Russie, tout comme les sanctions », a-t-il jugé : « Ils ont recours à cela car ils voient la Russie comme une menace, ils voient qu’elle devient un concurrent ». « Il est clair que nous devons défendre nos intérêts économiques et sécuritaires », a poursuivi le chef de l’Etat, précisant ainsi que l’armée russe restera en Syrie, où elle est présente depuis septembre 2015 à la demande de Bachar al-Assad, tant que Moscou « y trouvera un intérêt ». Les Russes ont été plus de deux millions à vouloir poser des questions, consacrées en grande partie aux tracas du quotidien, selon les chiffres présentés par la chaîne de télévision Rossia 24. Nouveauté, M. Poutine s’est évertué à résoudre les problèmes rapportés par les téléspectateurs en direct avec les autorités régionales et les ministres via liaison vidéo.
Le premier à inaugurer ce dispositif a été le ministre de l’Energie Alexandre Novak, invité à détailler les mesures censées juguler la récente flambée des prix à la pompe après la question d’un téléspectateur, Alexeï, au président : « Le 18 mars, tout le pays a voté pour vous et vous ne pouvez pas mettre fin à la hausse des prix de l’essence ». A une semaine du début de la Coupe du monde de football, Vladimir Poutine a aussi assuré que tout serait fait pour rentabiliser les stades flambant neufs, parfois dans des villes sans club de premier plan, construits pour cette compétition dans l’organisation de laquelle la Russie a investi 13 milliards de dollars.
Il a averti les autorités régionales héritant de ces bâtisses : pas question de s’en servir pour abriter des marchés comme « dans certains équipements sportifs de Moscou dans les années 1990 ». Les préoccupations des Russes portent essentiellement sur les difficultés économiques, la reprise, après des années de crise, restant timide. Chaque année, la population soulève les problèmes qu’elle rencontre dans cet immense pays, notamment en province : salaires minuscules, amateurisme des responsables locaux et inefficacité de l’administration, désastres écologiques et infrastructures inexistantes.
DC avec AFP
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