La République tchèque prend vendredi la présidence tournante de l’Union européenne, à l’heure d’un « mauvais temps » en Europe, quand tous les regards sont rivés sur l’Ukraine.
Cette présidence, que les Tchèques héritent de la France et transmettront à la Suède, « n’est pas prévue pour le beau temps, elle est prévue pour le mauvais temps », met en garde Pavel Havlicek, de l’Association pour les affaires internationales, basée à Prague.
Vendredi, le gouvernement tchèque recevra les commissaires européens dans un château pour des entretiens suivis d’un concert, dans ce pays de 10,5 millions d’habitants qui a rejoint l’UE en 2004.
Mettre au centre de sa présidence l’aide à l’Ukraine
Prague a promis de mettre au centre de sa présidence l’aide à l’Ukraine, de la crise des réfugiés à la reconstruction du pays en guerre, mais aussi la sécurité énergétique européenne.
La République tchèque, fervent partisan des sanctions contre la Russie au sein de l’Union européenne, a accueilli près de 400.000 réfugiés ukrainiens depuis le début du conflit début 2022 et apporté une aide financière et militaire.
Le Premier ministre de droite Petr Fiala, un ancien analyste politique qui a coécrit un livre sur l’UE, a récemment déclaré qu’il tenterait d’organiser un sommet avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les pays des Balkans occidentaux -dont la candidature à l’UE, promue par Prague et d’autres pays d’Europe de l’Est est au point mort -participeraient aussi à cet événement.
Mais ce sommet, qui proposerait un sorte de plan Marshall à l’Ukraine, ne se tiendrait que si la guerre est terminée.
Le directeur de l’université de New York à Prague, Jiri Pehe, juge ce projet irréaliste.
Le pays n’a toujours pas rejoint la zone euro
« Le conflit ne se terminera guère avant la fin de la présidence tchèque », a-t-il déclaré à l’AFP. « Les Tchèques vont juste essayer d’organiser un sommet sur l’Ukraine » et « de convaincre les autres de continuer à aider ce pays ».
Selon M. Pehe, les Tchèques sont mal placés pour mener un débat sur la reprise économique ou la sécurité énergétique car, confronté à une forte inflation, le pays n’a toujours pas rejoint la zone euro et dépend de l’énergie nucléaire, rejetée par certains membres de l’UE, dont l’Allemagne.
« Il peut difficilement offrir un leadership » dans ces domaines, critique M. Pehe.
Les Tchèques sont traditionnellement eurosceptiques, et un sondage réalisé en mars par l’agence STEM montre que seuls 36% d’entre eux sont satisfaits de l’UE.
Le gouvernement de M. Fiala est moins eurosceptique que certains de ses prédécesseurs.
Mais les analystes s’interrogent sur sa capacité à se distancier de Budapest et Varsovie, avec lesquels il entretient des liens étroits au sein du groupe Visegrad, qui comprend également la Slovaquie.
La Hongrie et la Pologne ont perdu la faveur de Bruxelles en raison de leur positions sur l’État de droit.
La vice-présidente du Conseil européen, Vera Jourova, qui est tchèque, a récemment exhorté le gouvernement à adopter une position claire sur la Hongrie et la Pologne lors de la présidence.
« Je ne vois pas comment la République tchèque pourrait adopter un point de vue plus critique » à leur égard, a déclaré cependant M. Pehe.
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