Préhistoire : la découverte de l’origine de la dalle de Stonehenge surprend les scientifiques

Par Epoch Times avec AFP
14 août 2024 21:30 Mis à jour: 14 août 2024 21:33

Du nord-est de l’Écosse au sud de l’Angleterre : c’est le surprenant voyage d’au moins 750 kilomètres qu’a effectué une dalle de pierre de six tonnes située au centre du complexe néolithique de Stonehenge, sans que l’on sache encore comment, selon une étude publiée mercredi.  

Sources d’émerveillement depuis près de 5000 ans, les mégalithes disposés en cercle qui caractérisent Stonehenge étaient attribués par la légende arthurienne au magicien Merlin qui, au Moyen Âge, aurait volé le monument en Irlande.

Plus récemment, des scientifiques ont déterminé que les grès verticaux emblématiques du site néolithique provenaient de la région de Marlborough, en Angleterre, tandis que les pierres bleues disposées près du centre provenaient du Pays de Galles. Mais l’origine de la pierre de l’autel, une dalle unique de six tonnes couchée sur le côté au cœur même du cercle, restait introuvable.

On a longtemps pensé qu’elle provenait également du Pays de Galles, mais les tests effectués dans ce sens n’ont jamais « rien donné », a souligné Richard Bevins, professeur de géologie à l’université d’Aberystwyth et co-auteur de l’étude publiée dans la revue Nature. Des chercheurs britanniques et australiens ont élargi leurs horizons et ont fait une découverte « tout à fait sensationnelle », a-t-il déclaré à l’AFP.

La distance la plus longue jamais parcourue

Par analyse chimique, ils ont déterminé que la pierre de l’autel provenait du bassin des Orcades, dans le nord-est de l’Écosse, à au moins 750 kilomètres de Stonehenge. Les scientifiques ont été stupéfaits devant cette découverte, la distance étant la plus longue jamais parcourue par une pierre à l’époque, relève Nick Pearce, de l’université d’Aberystwyth, co-auteur de l’étude. La question de savoir si les humains d’il y a 4500 ans étaient capables de transporter des pierres aussi énormes depuis le Pays de Galles avait déjà fait l’objet d’un vif débat parmi les archéologues et les historiens.

Selon les chercheurs, le fait qu’un bloc de cinq mètres sur un mètre ait pu traverser la majeure partie du Royaume Uni indique que la société dans les îles britanniques à l’époque néolithique était très organisée et connectée. Une théorie veut que la pierre ait été amenée dans le sud de l’Angleterre non pas par des humains, mais par des écoulements naturels de glace. Cependant, des recherches ont montré que la glace aurait transporté de telles pierres « vers le nord, en les éloignant de Stonehenge », a précisé le géologue et auteur principal de l’étude, Anthony Clarke, de l’université australienne Curtin, lors d’une conférence de presse.

Un transport par voie terrestre paraît extrêmement difficile pour l’époque, alors que les forêts denses, les tourbières marécageuses et les montagnes constituaient des « barrières redoutables » pour les déménageurs préhistoriques, explique aussi M. Clarke. Reste la possibilité que la pierre ait été acheminée par la mer. Il existe en effet des preuves de l’existence d’un « vaste réseau de transport maritime néolithique », qui permettait d’acheminer des poteries et des pierres précieuses dans toute la région, selon M. Clarke.

« Un degré élevé de certitude »

Pour déterminer l’origine du minéral, les chercheurs ont envoyé des rayons laser dans les cristaux de deux fines tranches de la pierre d’autel. La proportion d’uranium et de plomb dans ces cristaux agit comme une « horloge miniature » pour les roches, ce qui permet de déterminer l’âge de la pierre, a indiqué Chris Kirkland, de l’université Curtin, co-auteur de l’étude. L’équipe a ensuite comparé cet âge à celui d’autres roches du Royaume-Uni et a conclu « avec un degré élevé de certitude » que la pierre provenait du bassin des Orcades.

Les scientifiques souhaitent des recherches supplémentaires pour découvrir de quelle carrière écossaise provenait la dalle et comment elle est arrivée jusqu’à Stonehenge. Pour Susan Greaney, archéologue à l’université britannique d’Exeter n’ayant pas participé à l’étude, cette découverte marque en tout cas le premier lien historique entre le sud de l’Angleterre et le nord de l’Écosse.

Pour la population du néolithique, « l’emplacement de cette pierre au cœur du monument, sur l’axe du solstice, montre qu’elle pensait que cette pierre, et par conséquent le lien avec la région située au nord, étaient incroyablement importants », a-t-elle fait savoir à l’AFP.

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