Le prélèvement forcé d’organes en Chine : un génocide médical à but lucratif

Première partie de la série de quatre articles consacrés au Sommet mondial contre le prélèvement forcé d'organes

Par Anders Corr
27 septembre 2021 22:56 Mis à jour: 3 octobre 2021 12:56

De nouveaux détails émergent concernant l’industrie du prélèvement forcé d’organes en Chine, qui représente des milliards de dollars et qui a entrainé la mort d’un million de « donneurs » non consentants, voire plus.

Le Sommet mondial sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes, qui s’est tenue du 17 au 26 septembre, a réuni des universitaires, des juristes et des hommes politiques du monde entier pour discuter des preuves accablantes des abus commis par le Parti communiste chinois (PCC) en matière de transplantation, principalement à l’encontre de prisonniers d’opinion.

Mais, selon les participants du sommet, le PCC n’est pas le seul coupable. Le silence politique, universitaire et médiatique de l’Occident équivaut à une complicité. L’objectif du PCC de miner les normes internationales du consentement en matière de transplantation, afin de maximiser les profits, doit être stoppé, ont affirmé les participants. C’est avec fermeté que les abus ont été condamnés et que la question d’une législation adaptée a été abordée, notamment la mise en place de sanctions individuelles contre les membres du PCC les plus impliqués. Il a aussi été convenu qu’il fallait mettre un terme à la formation à l’international des chirurgiens de transplantation chinois.

« Génocide médical »

Au moins un million de personnes ont été victimes de prélèvements forcés d’organes, ce qui doit être considéré comme un « génocide médical », selon les organisateurs du Sommet mondial sur la prévention et la lutte contre le prélèvement forcé d’organes. Ces meurtres répondent à la définition de génocide de la Convention des Nations unies sur le génocide, qui inclut les tentatives d’éradication non seulement des races, mais aussi des religions, quand l’intention de l’État est sans équivoque.

« Le massacre de prisonniers de conscience pour leurs organes sert un double objectif du Parti [communiste chinois] »selon David Matas, un avocat canadien spécialisé dans les droits de l’homme internationaux. « Les meurtres éliminent ceux que le Parti considère comme ses ennemis politiques. »

David Matas présente un nouveau rapport sur les prélèvements massifs d’organes en Chine au National Press Club à Washington, le 22 juin 2016. (Lisa Fan/Epoch Times)

Carlos Iglesias Jimenez, un avocat international spécialisé dans les droits de l’homme originaire d’Espagne, confirme ces propos. Il déclare : « L’objectif du PCC est d’éradiquer, d’éliminer physiquement les gens en raison de leurs croyances spirituelles – ces prisonniers de conscience comme les chrétiens, les Tibétains, les bouddhistes et surtout des millions de pratiquants de Falun Gong. L’objectif prioritaire est leur élimination, leur éradication, et cela a logiquement les connotations d’un crime de génocide. »

Selon Theresa Chu, avocate du Taiwan Falun Gong Attorney Group, « le prélèvement forcé d’organes n’est pas seulement utile pour mener à bien le nettoyage et le génocide des pratiquants de Falun Gong et des groupes ethniques minoritaires, tels que les Ouïghours, mais il est également utile pour générer profits économiques énormes grâce à la transplantation d’organes, la vente transnationale d’organes et le tourisme de transplantation. »

L’argent est ce qui encourage la pratique des prélèvements forcés d’organes en Chine, car elle génère probablement des milliards de dollars de revenus pour les hôpitaux chinois, et des centaines de millions de taxes récupérées par Pékin. Lord Hunt a qualifié cette pratique de « meurtre commercialisé ». Il s’agit d’un meurtre de masse perpétré à l’échelle industrielle, avec la participation de l’armée chinoise. Force est de constater, après un examen attentif des preuves qu’il s’agit en tous points d’un génocide, une extermination dirigée contre un groupe religieux que l’État cherche à éradiquer.

Le Dr Declan Lyons du Trinity College a expliqué que « la transplantation d’organes est (…) estimée à un milliard de dollars par an en Chine et que 60 000 à 100 000 transplantations ont lieu chaque année en République populaire ».

En matière de transplantation d’organes, la Chine attire des clients sur l’ensemble du globe. Le Dr Huang Shi-wei, de Taïwan, a expliqué qu’« au cours des 20 dernières années, plus de 4 000 Taïwanais sont allés en Chine pour une greffe de foie ou de rein. Outre Taïwan, des personnes de Corée du Sud, du Japon, d’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient, et même de pays occidentaux ont afflué en Chine pour y bénéficier d’opérations de transplantation après 2000. »

Le Dr Weldon Gilcrease, directeur du service d’oncologie de la faculté de médecine de l’université de l’Utah, a déclaré que « ce type de crime flagrant et de masse n’a jamais été perpétré à une si grande échelle dans l’histoire de la communauté médicale ».

Le Dr Huang a expliqué que, de 2000 à 2006, l’armée chinoise était en charge des banques d’organes du pays et des renseignements sur les « donneurs » d’organes. Après la parution, en 2006, d’une première preuve que les pratiquants de Falun Gong étaient ciblés pour le prélèvement forcé d’organes, le PCC a commencé à camoufler davantage cette pratique. Cette année-là, David Matas et David Kilgour, un ancien membre du parlement canadien, ont publié leur livre Bloody Harvest : Organ Harvesting of Falun Gong Practitioners in China (Récolte sanglante : le prélèvement d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine).

Selon Mme Chu, une femme nommée Annie a contribué à révéler l’existence de prélèvements d’organes forcés en Chine qui ciblent les pratiquants de Falun Gong. « Annie, l’ex-femme d’un médecin chinois qui prélevait des cornées sur des détenus du Falun Gong encore en vie » a révélé ce crime et provoqué un tollé mondial.

Selon le Dr Huang, les transplantations constituent la principale source de revenus de certains hôpitaux en Chine. L’un d’entre eux, à Pékin, a vu ses revenus de transplantations passer de 4,5 millions de dollars en 2006 à 30 millions de dollars en 2010. Il affirme qu’après 2007, les Ouïghours et d’autres minorités ethniques sont aussi devenus les victimes du trafic.

Les Falun Gong et les Ouïghours pour cible

Le Dr R. Scalettar, ancien président de l’Association médicale américaine, a noté lors du sommet que l’Association médicale mondiale (WMA) a pris position contre les prélèvements forcés d’organes, y compris contre les Ouïghours, que les États-Unis et le Royaume-Uni ont reconnus comme victimes d’un génocide. « La WMA a publié en 2020 une déclaration pour prévenir et combattre les crimes liés aux transplantations », a-t-il déclaré. « Les résolutions précédentes ont condamné les nombreux rapports de violations continues de ces normes éthiques par la République populaire de Chine (RPC) à l’égard des membres emprisonnés des Ouïghours et du Falun Gong. »

Une coalition internationale de cinq ONG – Médecins contre le prélèvement forcé d’organes (DAFOH) aux États-Unis, CAP Liberté de conscience en France, l’Association taïwanaise pour la prise en charge internationale des transplantations d’organes, l’Association coréenne pour des transplantations d’organes éthiques en Corée du Sud et l’Association de recherche sur le tourisme de transplantation au Japon – a organisé l’événement.

Le fondateur de DAFOH et hôte du sommet, le Dr Torsten Trey, a affirmé le 15 septembre que l’objectif de Pékin en matière de prélèvement d’organes dépasse les frontières de la Chine. Il s’agit de miner les normes internationales exigeant le consentement des donneurs d’organes, a-t-il déclaré pour Epoch TV. Une telle dégradation profiterait à l’industrie chinoise de transplantation d’organes, qui bénéficie d’un approvisionnement énorme et immédiat en organes provenant de prisonniers de conscience vivants. « La Chine est donc très intéressée par le démantèlement de ce système [de déontologie médicale occidentale] afin de faire du prélèvement forcé d’organes la norme commune en matière de médecine de transplantation », a déclaré le Dr Trey.

DAFOH a été nommé deux fois pour le prix Nobel de la paix et a remporté en 2019 le prix de la justice sociale Mère Theresa.

Les médecins contre le prélèvement forcé d’organes (DAFOH) organisent un événement à l’université d’Arizona à Phoenix, en Arizona, le 19 avril 2019. (Lucy Fan/Epoch Times)

En 2019, un tribunal populaire à Londres, le « Tribunal de la Chine », s’est penché sur les prélèvements forcés d’organes en Chine et a admis que la pratique du Falun Gong était aussi répandue que sanctionnée par l’État. Les participants du Sommet mondial ont tout autant reconnu que le régime chinois cherche à éradiquer les pratiquants de Falun Gong, qui deviennent une importante source d’organes.

Un élément clé dans le Falun Gong est la sincérité, ce qui fait des pratiquants des cibles faciles pour les autorités chinoises, qui n’ont qu’à frapper à leurs portes et exiger d’eux qu’ils admettent leur « culpabilité », selon une source du Falun Gong.

Les pratiquants de Falun Gong évitent également les substances, telles que l’alcool et le tabac, qui sont néfastes pour le corps, ce qui en fait des cibles de choix pour les chirurgiens de la transplantation qui manquent d’éthique.

En 1999, la Chine comptait jusqu’à 100 millions de pratiquants de Falun Gong, selon les médias d’État. Tout en étant considérés comme une menace, parce qu’ils étaient plus nombreux que les membres du PCC à l’époque, ils ont organisé des manifestations pour dénoncer les fausses déclarations des médias d’État chinois. Selon un rapport de Human Rights Watch, la persécution a commencé après une mobilisation du 25 avril 1999. « D’après tous les récits, plus de 10 000 pratiquants, pour la plupart d’âge moyen, se sont alignés en colonne ordonnée autour des deux côtés de Zhongnanhai, le complexe situé au cœur de Pékin où vivent et travaillent les dirigeants chinois. »

Alors que le gouvernement américain et les médias subventionnés ont accordé une grande attention au génocide de la Chine contre les Ouïghours, le génocide contre le Falun Gong a été passé sous silence. Cela est sans doute dû à trois raisons. Premièrement, le Falun Gong est considéré par certains universitaires comme une religion relativement nouvelle, qui est donc moins connue et suscite moins de sympathie de la part du public. Deuxièmement, le génocide ouïghour vise la religion musulmane, mieux établie. Et troisièmement, les autorités du PCC ont déployé tous les outils de propagande dont ils disposaient pour que le Falun Gong soit catalogué comme « secte ».

Le Dr André Gattolin, sénateur français, est coprésident de l’Alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC). Il a expliqué au sommet que la manoeuvre du PCC consistant à qualifier le Falun Gong de « secte » a été efficace pour refroidir le débat en France sur les transplantations forcées d’organes. « Le fait que les victimes de ces prélèvements forcés soient le plus souvent des membres de minorités religieuses comme le Falun Gong, présenté par le gouvernement chinois comme une secte, provoque toujours la méfiance au sein de notre population, où une conception parfois assez intolérante de la laïcité prévaut depuis plus d’un siècle », a-t-il déclaré. « L’accusation de sectarisme sonne comme un anathème et conduit souvent à un rejet sans appel. C’est le cas même si la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a déjà souligné à plusieurs reprises que le Falun Gong n’entre pas dans cette catégorie. »

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires est une agence gouvernementale française chargée d’analyser les sectes et de protéger leurs victimes.

« Pékin a joué un coup de maître en matière de propagande afin de couvrir le Falun Gong d’une image qui le rend inacceptable et donc indéfendable », a déclaré M. Gattolin.

Le PCC a également tenté de frapper d’anathème les Ouïghours, qualifiant de « terrorisme » leurs protestations légitimes. Selon l’interprétation qui fait autorité du droit américain, c’est le PCC qui est coupable de « terrorisme ». Terri Marsh, avocate américaine spécialisée dans les droits de l’homme, et Teng Biao, universitaire de l’Université de Chicago, soutiennent énergiquement cet argument dans un article publié en 2020 dans le Journal of Political Risk. Pour eux, le prélèvement forcé d’organes est une forme de terrorisme perpétré par le PCC.

Le représentant américain Steve Chabot (Républicain-Ohio) a noté que le PCC est le « principal auteur de prélèvements forcés d’organes ». En tant que principal républicain de la sous-commission des affaires étrangères, M. Chabot a déclaré qu’il suivait de près « les efforts de Pékin pour refaire le monde à l’image du Parti communiste chinois ». Face à la répression brutale exercée par le PCC à l’encontre des Ouïghours et des Tibétains, il a déclaré : « Il n’est donc pas surprenant que la RPC, sous la direction des communistes, se livre à l’une des pratiques les plus barbares de l’histoire de l’humanité – le prélèvement forcé d’organes – afin d’apporter santé et richesse au PCC et à ses acolytes ». Il a ajouté que « face à cette persécution barbare, le nombre de pratiquants de Falun Gong a diminué, et je crains que la prochaine source d’organes du PCC ne soit les Ouïghours ».

Comme l’a expliqué le Dr Trey, le danger pour l’Occident est que le PCC devienne assez puissant pour être en mesure d’exporter son manque de déontologie médicale partout dans le monde.

M. Chabot a ajouté : « Un monde conforme aux valeurs du PCC est un monde dans lequel ceux qui ne suivent pas la ligne du Parti peuvent être mis dans un camp de concentration ou voir leurs organes prélevés. C’est la vision d’un monde dans lequel personne ne veut vivre. Et c’est la vision du monde contre laquelle nous nous battons tous. »

La déshumanisation, que le prélèvement forcé d’organes entraine de manière littérale, fait partie intégrante de la campagne de terreur du PCC, de son génocide contre le Falun Gong.

Il n’est pas nécessaire d’être un juriste international pour se rendre compte que la suppression brutale du Falun Gong, qui a commencé en 1999, répond à la définition de génocide de l’ONU. Et l’augmentation du tourisme de transplantation en Chine au début des années 2000 correspond au début du génocide contre le Falun Gong. Les deux sont liés. Le prélèvement forcé d’organes contre le Falun Gong est un génocide médical motivé par le profit.

Partie 2 : Pékin réduit au silence les médias mondiaux sur le prélèvement forcé d’organes en Chine

Partie 3 : Sanctionner le PCC pour le prélèvement forcé d’organes

Partie 4 : Stopper la coopération scientifique et médicale avec la Chine des prélèvements ADN contraires à l’éthique


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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