Le soutien continu à l’Ukraine est nécessaire pour créer une paix juste et durable en Europe et pour mettre fin au colonialisme russe, selon la Première ministre d’Estonie Kaja Kallas.
Permettre à la Russie de réussir dans n’importe quelle partie de sa tentative de conquérir l’Ukraine fracturerait la sécurité européenne à long terme et menacerait la liberté partout dans le monde, a-t-elle souligné.
« Tout le monde comprend que la guerre est mauvaise et que la paix est bonne, mais la paix doit être durable », a insisté Mme Kallas lors d’un sommet sur la défense organisé par le magazine Politico le 14 novembre.
« Si Poutine l’emporte, nous nous réveillerons dans un monde beaucoup plus dangereux (…) et nous verrons beaucoup plus d’agressions si nous n’agissons pas avec fermeté », a-t-elle martelé.
À cette fin, Mme Kallas a appelé à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une « stratégie de paix » qui garantirait la sécurité de l’Europe face à l’agression russe continue.
« Ce que nous voulons, c’est une paix stable », a insisté la Première ministre. « Bien entendu, le soutien américain à cet égard est fondamental. »
Ces commentaires interviennent alors que Mme Kallas rencontrait les dirigeants du Congrès américain pour discuter des réserves émises par certains élus républicains quant à la poursuite du financement de la riposte de l’Ukraine à la conquête russe.
Elle a eu une « très bonne réunion » avec les dirigeants du Congrès, a-t-elle déclaré, et a pu s’entretenir de manière constructive avec « des voix très sceptiques concernant le soutien à l’Ukraine ».
« Il me semble que nous sommes encore en train de faire passer nos idées (…) Nous voulons tous la paix. »
Les efforts à établir une communication directe avec le Congrès américain interviennent alors que certains républicains de la Chambre des représentants tentent de bloquer ou de limiter les démarches de l’administration Biden visant à fournir de l’assistance pour assurer la sécurité de l’Ukraine.
Mme Kallas a expliqué que l’une des raisons du scepticisme de certains membres du Congrès était le fait que ces « sceptiques » n’avaient jamais vécu sans liberté et ne comprenaient pas ce que cela signifierait pour les Européens de la perdre à nouveau.
« Je suis né sous l’occupation soviétique. Nous n’avions pas le choix. Nous n’avions aucune liberté », a précisé Mme Kallas.
« Ils n’ont pas fait l’expérience de vivre sans liberté. »
L’Estonie et les deux autres États baltes – la Lettonie et la Lituanie – ont été occupés et inclus de force dans l’Union soviétique en 1940. Ils ont retrouvé leur indépendance en 1991 et sont tous trois devenus membres de l’OTAN en 2004.
La victoire ukrainienne est possible mais lointaine
Lorsqu’on lui a demandé si elle pensait que l’Ukraine pouvait relancer sa contre-offensive et remporter la victoire contre la Russie, Mme Kallas a donné une réponse affirmative simple et courte : « Absolument, j’y crois. Ils ont déjà libéré 50% des territoires qui ont été conquis. »
En même temps, la dirigeante estonienne a reconnu qu’une telle victoire prendrait plus d’un an, voire de nombreuses années.
« Ce n’est pas une question de mois », a-t-elle laissé entendre.
Ces commentaires font écho aux récentes remarques de Tomas Pojar, conseiller tchèque à la Sécurité nationale, qui a déclaré que le financement international de l’Ukraine pourrait être nécessaire pendant une autre décennie afin d’empêcher la Russie d’étendre son agression à une plus grande partie de l’Europe.
« Nous devons vraiment le voir à long terme, et je pense que l’approvisionnement de l’Ukraine en armement doit être maintenu pendant encore dix ans », a-t-il dit aux journalistes le mois dernier.
« Je ne veux pas dire qu’il y aura des combats pendant encore dix ans, mais pour garder la Russie aussi loin que possible de nos frontières, il faut que cela soit maintenu. »
Mme Kallas a également souligné qu’il était « très important » de « continuer à soutenir l’Ukraine » afin de garantir la stabilité de l’Europe et d’arrêter « la dernière guerre coloniale de la Russie ».
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