La première ville au monde sans SDF se trouve au Canada – voilà comment elle s’y est pris

14 mars 2019 18:02 Mis à jour: 5 avril 2019 19:43

Imaginez une ville sans aucun SDF, où chaque sans-abri qui s’y présente se voit octroyer un logement dans les 10 jours qui suivent sa demande… Cette ville existe bel et bien : c’est la ville de Medicine Hat au Canada qui a réussi cette prouesse depuis 2015 grâce à un programme appelé Housing First (un logement d’abord).

« Nous vous trouverons un endroit permanent pour vivre, et je ne parle pas d’hébergements d’urgence, d’un canapé ou de loger chez un ami. Vous aurez votre propre logement », a expliqué Ted Clugston, maire de la ville située en Alberta, au micro de Brut.

Flickr – Rural Health Professions

En effet, depuis 2009, la ville de près de 70 000 habitants s’est lancée le défi de mettre fin à l’itinérance. Et cela fonctionne : elle est devenue la première ville au monde sans SDF !

Entre 2009 et 2016, la société de logement Medicine Hat Community Housing Society a ainsi relogé 1072 personnes, dont 312 enfants. Les logements qui leur sont proposés sont soit privés, soient subventionnés et les sans-abris sont relogés autant de fois que nécessaire.

Comment font-ils ?

Pixabay

Tout d’abord, vous vous demandez sans doute comment fait cette ville pour financer un tel programme. Elle a reçu du financement des deux gouvernements, provincial et fédéral, au début du programme, afin de construire 140 logements.

Mais surtout, le calcul réalisé par le maire est simple : il coûte environ 12 500 euros par an pour loger une personne, alors que la même personne vivant dans la rue peut coûter jusqu’à plus de 60 000 euros à la communauté (frais médicaux, frais de justice, incarcération, etc).

« C’est la façon la moins chère et la plus humaine de traiter les gens », a expliqué M. Clugston à CBC.

Wikimedia

Résultats ?

Évidemment, les personnes relogées sont les premières à bénéficier du programme, à qui l’on donne un logement sans aucune condition préalable.

On ne dit pas aux SDF qu’on les logera lorsqu’ils auront réglé leurs problèmes de santé mentale ou bien qu’ils auront arrêté de consommer des drogues . La mentalité du maire est plutôt : « Si tu es accro à la drogue, ça va être dur de t’en débarrasser si tu dors sous un banc de parc. »

C’est également toute la communauté qui bénéficie des retombées de ce programme, et pas uniquement parce que cela coûte moins cher. Les visites à l’hôpital ont diminué de 60 % en un an, selon Radio Canada. Il y a également moins de criminalité et moins de recours aux services de protection de l’enfance.

Plus aucune personne en situation d’itinérance ?

Cependant, le maire souligne que la ville a encore besoin d’un refuge d’urgence. La différence majeure, c’est quand dans le passé, des personnes pouvaient y vivre pendant des années, alors que maintenant, elles n’y passent plus que quelques jours ou quelques semaines au maximum.

« Notre définition de mettre fin à l’itinérance n’ a jamais tenu compte de l’idée qu’elle n’existerait plus jamais et que les gens ne retomberaient jamais dans cet état d’itinérance », a déclaré à CBC Jaime Rogers, gestionnaire des sans-abri et du logement à la Medicine Hat Community Housing Society.

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