Le régulateur français de l’audiovisuel, le CSA, a confirmé avoir été saisi à propos de la chaîne d’info publique chinoise CGTN, accusée d’avoir interviewé sous la contrainte une enfant ouïghoure.
Dans un communiqué publié le 7 avril, l’ONG Safeguard Defenders, qui dénonce la répression contre les Ouïghours dans la région autonome du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), a annoncé avoir déposé deux saisines au nom de Mamutjan Abudurehim et d’Adrian Zenz, à la fois auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de la FCC, le régulateur américain de la télévision.
« Le CSA a confirmé avoir été saisi par Safeguard Defenders. Une instruction est en cours », a précisé l’institution. « Le CSA tient à rappeler que la chaîne, sur laquelle il opère un suivi très attentif, est tenue de respecter les obligations prévues par la loi de 1986. Si un manquement venait à être caractérisé, le CSA interviendra », a assuré l’autorité de régulation française.
Dans une interview à l’hebdomadaire Le Point, M. Abudurehim, un Ouïghour exilé en Australie, qui n’a plus de contact depuis plusieurs années avec ses enfants restés en Chine, ni de nouvelles de sa femme détenue depuis 2017, a reproché à CGTN de l’avoir diffamé en affirmant qu’il avait abandonné sa famille, et d’avoir commis des violations des droits humains en diffusant une interview de sa fille Muhlise, réalisée selon lui sous la contrainte.
CGTN (China Global Television Network) avait réalisé un reportage sur la famille de Muhlise après qu’elle se soit plaint, en pleurs, dans un reportage de CNN, d’être séparée de ses parents. Dans son contre-reportage, la chaîne chinoise accusait CNN d’avoir « perturbé » la famille de Muhlise, et on voyait l’enfant tenir des propos contredisant ce qu’avait rapporté CNN.
Quand à Adrian Zenz, chercheur allemand qui accuse depuis des années la Chine de mener un génocide culturel au Xinjiang, lui-même cible de sanctions chinoises, il accuse CGTN de l’avoir diffamé en l’accusant de propager des mensonges, sans lui accorder de droit de réponse.
Accusée de faire la propagande du Parti communiste
Le CSA avait confirmé il y a un mois être compétent pour réguler les activités de CGTN en France, ce qui a redonné une base juridique à la chaîne pour continuer d’émettre en Europe, alors qu’elle avait été privée début février de sa licence au Royaume-Uni. Le régulateur britannique des communications, l’Ofcom, avait révoqué cette licence, considérant que CGTN était assujettie dans les faits au Parti communiste chinois.
Depuis, l’Ofcom a sanctionné CGTN pour atteinte à la vie privée et partialité, en lui infligeant deux amendes d’un montant total de 225.000 livres (environ 260.000 euros).
Sur fond de vives tensions entre Londres et Pékin, le régulateur britannique a reproché à la chaîne chinoise d’avoir manqué à ses obligations d’impartialité dans sa couverture des manifestations pro-démocratie à Hong Kong en 2019. Il lui a également reproché d’avoir porté atteinte à la vie privée du journaliste britannique Peter Humphrey lors de la couverture de son arrestation en Chine en 2013.
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