Nous savons tous soigner une coupure avec un pansement ou brosser nos dents pour éviter les caries, mais pourquoi ne nous apprend-on pas à traiter la douleur émotionnelle, telle que la solitude ou le rejet ? Nous connaissons les principes de base sur la manière de protéger notre corps, mais qu’en est-il de notre âme et de notre cœur ?
Ce sont des questions que le psychologue Guy Winch se pose depuis des années. Dans son livre intitulé Emotional First Aid: Healing Rejection, Guilt, Failure, and Other Everyday Hurts (Les premiers soins émotionnels : guérir du rejet, de la culpabilité, de l’échec et d’autres blessures de tous les jours), il démontre de façon convaincante l’importance d’une bonne hygiène émotionnelle – de prendre soin de nos émotions et de notre esprit – avec la même diligence que nous entretenons notre corps.
« Il est temps d’éliminer le fossé entre notre santé physique et notre santé mentale. Il est temps d’accorder la même importance aux deux aspects », a-t-il déclaré dans une conférence de TED en 2014 intitulée Why We All Need to Practice Emotional First Aid (Pourquoi nous avons tous besoin de mettre en pratique les premiers soins émotionnels).
Dans sa présentation, Guy Winch décrit les blessures psychologiques communes que nous conservons dans la vie quotidienne ainsi que les habitudes concrètes que nous pouvons adopter afin de les gérer.
Vous ne pouvez pas traiter une blessure psychologique si vous ne savez même pas que vous êtes blessé.
Le rejet
Imaginez ceci : vous allez à un premier rendez-vous amoureux et, après 10 minutes, la personne se lève et part en disant que vous ne l’intéressez pas. Comment allez-vous le supporter ? Beaucoup d’entre nous ressentiraient de la douleur, de la honte, du rejet. Notre discours intérieur négatif, dit M. Winch, ressemblerait probablement à : « Je n’aurais pas dû dire cela. Je suis si gros et moche. Je n’ai rien d’intéressant à dire. Pas étonnant que cette personne me rejette. »
Cependant, M. Winch préconise l’approche opposée. La compassion envers soi-même, dit-il, est la clé pour surmonter le rejet. Au lieu de nous critiquer sévèrement et de nous concentrer sur nos fautes, nous devrions tenter de nous rassurer de la même manière que nous consolerions un ami. Cela aide à renforcer la résilience émotionnelle et nous donne la force de surmonter le rejet – et même d’en tirer une leçon.
« Notre estime de soi est déjà touchée et blessée. Pourquoi insister et continuer à l’endommager davantage ? », a-t-il souligné dans la présentation de TED. « Nous ne voudrions pas aggraver volontairement une blessure physique… pourtant nous le faisons constamment avec les blessures psychologiques. Pourquoi ? C’est à cause d’une mauvaise hygiène émotionnelle. »
La solitude
Ces dernières années, les recherches ont révélé les conséquences profondes de la solitude chronique sur la santé mentale, émotionnelle et physique. Certains scientifiques ont comparé les effets nocifs de la solitude sur la santé à ceux du tabagisme aigu. La solitude est particulièrement dangereuse, souligne le psychologue, parce qu’elle entretient une déformation de la perception que nous avons de nous-mêmes et des autres, ce qui nous conduit à un plus grand isolement.
Pratiquer une bonne hygiène émotionnelle, explique-t-il, c’est être attentif à ces signaux de douleur, tels que les sentiments fréquents de solitude ou de dépression. C’est seulement en étant conscients de la cause de notre souffrance émotionnelle que nous sommes capables de prendre des mesures pour la résoudre. « Vous ne pouvez pas traiter une blessure psychologique si vous ne savez même pas que vous êtes blessé », remarque-t-il.
Lorsque l’estime de soi est plus faible, vous êtes plus vulnérable au stress et à l’anxiété. Les échecs et les rejets vous blesseront alors davantage et il faudra plus de temps pour vous en libérer.
La rumination
La rumination consiste à repasser en boucle dans votre esprit de façon obsessionnelle des événements déplaisants durant des heures, des jours ou même des semaines. Souvent, nous ruminons quand nous nous sentons humiliés, insultés, effrayés ou en colère. Le besoin de ruminer peut être très fort, ce qui exagère son importance et conduit à l’illusion qu’il est nécessaire ou utile. En réalité, cela peut être très nuisible.
« En consacrant tant de temps à des pensées excessives ou négatives, vous risquez réellement de développer une dépression clinique, l’alcoolisme, des troubles alimentaires et même des maladies cardiovasculaires », a-t-il indiqué.
Que pouvons-nous faire lorsque nous sommes pris dans un tourbillon de pensées négatives ? Trouvez une distraction saine, conseille M. Winch. Forcez-vous à penser et à faire autre chose. Des études montrent que même une distraction de deux minutes peut désactiver l’envie de ruminer et aider à consolider l’habitude de la pensée positive.
L’échec
La façon dont nous gérons l’échec est directement liée à la manière dont nous nous percevons, explique M. Winch. Certaines personnes intègrent immédiatement l’échec comme faisant partie de leur identité. Certains peuvent passer à travers quelques frustrations ou quelques revers avant de s’avouer vaincus. D’autres peuvent supporter de multiples échecs sans être découragés, grâce à la confiance qu’ils ont en eux-mêmes et en leurs objectifs.
« Si votre esprit tente de vous convaincre que vous êtes incapable de faire quelque chose et que vous le croyez, vous commencerez à vous sentir impuissant et à vous décourager trop vite, ou pire, vous n’essayerez peut-être même plus », a-t-il dit. « Alors vous serez encore plus convaincu que vous ne pouvez pas réussir. C’est pourquoi tant de personnes ne réalisent pas leur potentiel réel. »
Faible estime de soi
La meilleure façon de construire une bonne estime de soi est de détecter nos habitudes psychologiques malsaines et de les changer, assure le psychologue. Laisser se développer les habitudes négatives affaiblit notre estime envers nous-mêmes et notre santé.
« Lorsque l’estime de soi est plus faible, vous êtes plus vulnérable au stress et à l’anxiété. Les échecs et les rejets vous blesseront alors davantage et il faudra plus de temps pour vous en libérer », a-t-il déclaré.
Soyez proactif en protégeant l’estime de soi grâce à l’autocompassion. Lorsque vous êtes en détresse, accordez-vous la même gentillesse que vous le feriez avec un ami proche et résistez à l’envie de vous mépriser. Même si cela ne vient pas naturellement au début, la résilience émotionnelle se forme au fil du temps, elle se consolide dans chaque pensée et chaque décision que nous prenons.
« En agissant pour sortir de votre solitude, en changeant vos réactions face à l’échec, en protégeant votre estime de soi, en luttant contre les pensées négatives, vous ne guérirez pas seulement vos blessures psychologiques, mais vous consoliderez la résilience émotionnelle », a conclu M. Winch. « Vous allez vous épanouir. »
Version originale : Emotional First Aid: The Most Important Skill We’ve Never Learned
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