Dans son atelier sombre et poussiéreux sur les rives de la rivière Jaghjagh en Syrie, Missak Antranik Petros fait marcher un vieux tour de potier et monte ses céramiques d’une main habile malgré ses 85 ans.
Dans la famille de ce Syrien d’origine arménienne, l’art de la poterie se transmet « de génération en génération » depuis plus de 450 ans, « comme un héritage », affirme le vieil homme.
« Aujourd’hui mon fils prend le relais », ajoute-t-il fièrement dans son modeste atelier, près de la ville de Qamichli (nord-est), épargné par les combats et violences au plus fort de la guerre dans le pays où les fronts se sont quasiment tus depuis des mois.
Là, pots et vases s’entassent aux côtés d’outils rudimentaires, la plupart couverts de poussière.
J’aime la texture de l’argile
L’artisan et ses deux fils, Anto et Yerevan, passent la plupart de leur temps dans cet antre humide, chauffé par un vieux poêle à bois.
« Je n’aime pas nettoyer mes mains car j’aime la texture de l’argile », souligne l’octogénaire.
Adolescent, il a dû prendre la relève de son père malade pour devenir le principal potier de la famille. Depuis, il est passé maître dans l’art et le transmet, malgré la guerre déclenchée dans le pays en 2011.
Prendra sûrement la relève
« Je suis heureux quand je vois la porte de l’atelier ouverte et mes deux fils en train d’y travailler. Cet artisanat mérite d’être préservé », déclare le céramiste, qui habite une région sous contrôle des forces kurdes.
Anto, 43 ans, est celui de ses fils qui prendra sûrement la relève.
« Ses mains ont besoin de s’équilibrer, comme un clown marchant sur un fil », préconise le patriarche, tandis que le fils forme, avec des doigts d’expert, un vase sur le tour.
« Si je ne fais pas de poterie, même pendant deux jours, cela manque à mes mains », explique Anto.
« Si Dieu me donne un enfant, je lui enseignerai cet art que mon père m’a transmis. »
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