DÉCRYPTAGE – La nomination de Michel Barnier à Matignon a laissé un goût amer au Nouveau Front populaire, qui a tenté d’imposer jusqu’à la dernière minute Lucie Castets au chef de l’État. Désormais, l’élection présidentielle de 2027 est présente dans tous les esprits à gauche. Elle suscite des ambitions des sociaux-démocrates du Parti socialiste jusqu’à la gauche radicale insoumise. Debriefing de ceux qui pourraient représenter les différentes tendances de la gauche dans moins de trois ans.
Hollande, Glucksmann et Cazeneuve pour le PS
Les élections présidentielles approchent et du côté des socialistes, plusieurs noms commencent à émerger. À commencer par celui de l’ancien président de la République, François Hollande.
Celui qui a retrouvé début juillet son siège de député de la première circonscription de la Corrèze pourrait être tenté par une nouvelle candidature en 2027. Interrogé sur le sujet sur le plateau de l’émission Quotidien le 4 septembre dernier, l’intéressé a répondu qu’il « n’envisageait pas » aujourd’hui une candidature, avant de préciser qu’il ne « l’écartait pas non plus ». De quoi laisser durer un certain suspens. Une nouvelle entrée dans la course à l’Élysée de François Hollande marquerait le retour de celui qui avait renoncé à se représenter en 2017, laissant Benoît Hamon porter les couleurs du parti à la rose. Il faut dire que s’il décidait d’être candidat dans moins de trois ans, l’ « éléphant » de la rue de Solférino pourrait notamment s’appuyer sur une popularité avec laquelle il a renoué et qui lui avait fait défaut lors de son mandat présidentiel. Selon une étude publiée sur le site Statista, en avril 2024, il serait la troisième personnalité politique préférée des Français derrière Édouard Philippe et Gabriel Attal.
Mais l’ancien homme fort du PS n’est pas le seul à avoir des ambitions présidentielles et à vouloir incarner la social-démocratie française. L’eurodéputé et deux fois tête de liste PS-Place publique, Raphaël Glucksmann, a confirmé à Libération qu’il se « prépare » pour 2027. En arrivant à la troisième place (13,8 %) lors du dernier scrutin européen en juin, derrière Jordan Bardella (31,3 %), non loin de Valérie Hayer (14,6 %) et devant Manon Aubry (9,8 %) l’essayiste a su s’imposer comme une figure politique forte.
Toujours du côté de la gauche socialiste, l’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve, lorgne aussi l’élection présidentielle. Celui qui a été, début septembre, pressenti pour succéder à Gabriel Attal avant qu’on lui préfère Michel Barnier, avait déjà indiqué il y a presque deux ans à l’antenne de Radio J sur son éventuelle candidature qu’il « ne faut rien exclure de ce qui est utile », avant de préciser qu’il « n’y pensait pas », mais que s’il « fallait faire son devoir, il ne serait pas de ceux qui se dérobent ». Cet opposant de toujours à l’alliance entre le PS et LFI a pour lui la réputation de part et d’autre de l’échiquier politique d’un « homme d’État ».
Pour le moment, pas de déclaration officielle de candidature chez la « gauche de gouvernement ». L’heure est à l’unité. François Hollande, Raphaël Glucksmann et Bernard Cazeneuve étaient réunis à Bram dans l’Aude le week-end dernier à l’occasion des « Rencontres de la gauche » organisées depuis quatre ans par la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga.
Les hypothèses Mélenchon, Ruffin et Roussel du côté de la gauche radicale
À la gauche de la gauche, pas de déclaration officielle non plus, mais rien n’est exclu.
Le triple candidat à l’élection présidentielle et chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, entretient le flou sur une éventuelle candidature en 2027. Au mois de mars, il disait sur France 3 « faire partie des hypothèses » avant de déclarer quelques jours plus tard qu’il « souhaite être remplacé ». Une candidature qui serait en tout cas appuyée par l’un de ses plus fidèles soutiens, Manuel Bompard. Invité de l’émission Questions Politiques sur France Inter en partenariat avec Le Monde et France télévisions le 29 septembre, le coordinateur de la France insoumise a estimé que Jean-Luc Mélenchon reste « la personne la mieux placée s’il devait y avoir une élection présidentielle demain ».
Pour l’ancien sénateur socialiste de l’Essonne, le défi va consister à retrouver une certaine popularité. Selon un baromètre politique Odoxa réalisé avec Mascaret et 20 titres de la presse régionale, Jean-Luc Mélenchon a enregistré une baisse de popularité de 6 points auprès des Français et de 14 points auprès des sympathisants de gauche.
Par ailleurs, le troisième homme de 2022 pourrait se heurter à d’autres personnalités qui entendent occuper l’espace de la gauche radicale et qui visent 2027, notamment François Ruffin et Fabien Roussel. Epoch Times avait déjà publié un article en avril relatant le fait que le député « Picardie Debout » de la Somme n’excluait pas de participer au prochain scrutin présidentiel.
Une hypothèse de plus en plus crédible. En effet, le réalisateur du film Merci Patron ! avait déjà pris ses distances avec LFI avant d’annoncer son départ du parti sur RTL le 4 juillet dernier. D’ailleurs, dans son dernier livre Itinéraire. Ma France en entier, pas à moitié (Les Liens qui Libèrent) paru en septembre, il s’en prend à la stratégie de la campagne de LFI en 2022 et plus précisément la « campagne au faciès ». Une critique qui lui a valu d’être hué lors d’un débat à la Fête de l’Humanité le 14 septembre.
Concernant le secrétaire national du PCF, cela fait déjà quelques temps qu’il pense à 2027. « Si je dis que je souhaite incarner un espoir nouveau à gauche, ce n’est pas pour rester enfermé place du Colonel Fabien », avait-il déclaré sur RTL en août 2023.
Une primaire pour désigner un candidat unique ?
Si plusieurs personnalités à gauche n’excluent pas de se présenter à la prochaine élection présidentielle, se pose alors la question de savoir comment ils comptent le faire.
De son côté, le premier secrétaire du PS et député de Seine-et-Marne, Olivier Faure, a plaidé dans un entretien à Ouest France pour « un candidat commun de la gauche et des écologistes » qui pourrait être désigné via « une primaire, un conseil des sages, une convention citoyenne, un mélange de plusieurs procédés ».
Une idée également soutenue par la secrétaire nationale de Les Écologistes, Marine Tondelier.
Reste à savoir si la candidature unique et le système de désignation va séduire tous les courants de la gauche. « Les primaires, ça crée des divisions, des clivages et au lendemain de la primaire, vous avez les opposants au candidat qui a finalement été désigné, qui vont soutenir un autre candidat », a déclaré Manuel Bompard.
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