Pression internationale sur le PCC pour qu’il mette fin à la répression contre les avocats des droits de l’homme

Plus de 300 avocats et militants ont été arrêtés en Chine le 9 juillet 2015

Par Mary Man
13 juillet 2024 20:49 Mis à jour: 14 juillet 2024 19:54

Des parlementaires occidentaux et des organisations de défense des droits de l’homme ont appelé la Chine à mettre fin à la répression continue des défenseurs des droits de l’homme en Chine, à l’occasion du neuvième anniversaire de la répression à grande échelle, menée par le régime communiste chinois, à l’encontre des avocats et des militants des droits de l’homme.

Les présidents de la Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine ont exhorté le secrétaire d’État, Antony Blinken, et la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, à exiger que les fonctionnaires chinois responsables de la torture et de la détention arbitraire de ces personnes assument la responsabilité de leurs actes, notamment en leur imposant des sanctions.

« Les avocats des droits de l’homme détenus pendant la #709Crackdown doivent être autorisés à voyager sans restrictions », a écrit la commission dans un message publié le 9 juillet sur la plateforme de réseaux sociaux X.

En 2015, le Parti communiste chinois (PCC) a lancé une campagne nationale visant les avocats et les militants des droits de l’homme, ainsi que leurs familles. À partir du 9 juillet de cette année-là, plus de 300 avocats et militants ont été arrêtés dans tout le pays, dans le cadre de ce que l’on a appelé plus tard la « répression 709 », ou simplement « 709 ».

L’ambassadrice d’Allemagne en Chine, Patricia Flor, a demandé au PCC d’annuler les décisions concernant les cas du 709.

« Les avocats ‘709’ constituent un groupe particulier de courageux défenseurs chinois des droits de l’homme ayant perdu, en raison de leur quête incessante de justice, leurs libertés fondamentales ainsi que leur insertion sociale et économique – dans certains cas, cette perte s’étend même à leur famille », a déclaré Mme Flor dans un message publié le 9 juillet sur les médias sociaux. « J’appelle les autorités chinoises à annuler […] les décisions concernant les affaires ‘709’ et à rétablir les droits de ces défenseurs et de leurs familles. Ils méritent d’être célébrés. »

Le Barreau d’Angleterre et du Pays de Galles , l’Institut des droits de l’homme de l’Association internationale du barreau et Les Avocats au service des Avocats ont également publié une déclaration commune à l’occasion de ce neuvième anniversaire. Ils ont appelé le régime chinois à « mettre fin à la détention illégale et à la torture des avocats et des défenseurs des droits de l’homme », et à « mener une enquête indépendante sur les allégations de torture et à demander des comptes aux responsables ».

Le China Human Rights Lawyers Group (Groupe des avocats chinois spécialisés dans les droits de l’homme) a organisé un séminaire en ligne le 9 juillet, réunissant des avocats spécialisés des droits de l’homme, des membres des familles des victimes et des sympathisants pour discuter de la manière de continuer à défendre les droits de l’homme à l’ère de ce qu’ils appellent le « totalitarisme 2.0 » en Chine.

Dans un communiqué publié avant l’événement, ils ont déclaré qu’avec autant d’avocats spécialisés dans les droits de l’homme incapables d’exercer leur profession normalement, les citoyens chinois sont condamnés à faire face à des violations plus graves à l’heure actuelle et à l’avenir.

La déclaration exhorte les défenseurs des droits de l’homme à « ne jamais se rendre », à « embrasser des idéaux et des visions » et à « se préparer à la renaissance de la nation et à naviguer dans la nuit noire ».

Gao Zhisheng

Neuf ans après la répression 709, certains avocats sont toujours détenus par le régime chinois.

Parmi eux se trouve Gao Zhisheng, un avocat renommé spécialisé dans les droits de l’homme, qui a disparu de son domicile dans la province du Shaanxi, dans le nord de la Chine, en août 2017. Sa famille a déclaré qu’elle ne savait pas s’il était toujours en vie.

« Cela fait huit ans que Gao Zhisheng a disparu. Les informations le concernant sont devenues le plus grand secret du PCC », a déclaré son épouse, Geng He, dans un message publié sur les réseaux sociaux à l’occasion de son 60e anniversaire en avril. « Gao Zhisheng a choisi d’agir selon ce que lui dictait sa conscience et il en a payé le prix. Nous avons choisi de nous tenir à ses côtés et de supporter avec lui les tragédies de la vie. »

Gao Zhisheng, avocat autodidacte et chrétien dévoué, a été proposé trois fois pour le prix Nobel de la paix. Il a commencé à pratiquer le droit en 1996, défendant des victimes de saisies de terres par le gouvernement, des familles de mineurs cherchant à obtenir une indemnisation après la mort de leurs proches dans des accidents de mines de charbon, ainsi que des chrétiens persécutés et des pratiquants du Falun Gong.

Avant sa disparition, Gao Zhisheng avait été placé en résidence surveillée une fois libéré de prison en août 2014, où il avait passé la plupart du temps, depuis sa condamnation en 2006 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État. »

L’accusation de subversion est une accusation fourre-tout que le PCC utilise souvent contre les dissidents.

Geng He, l’épouse du dissident chinois disparu Gao Zhisheng, participe à une conférence de presse sur les droits de l’homme en Chine, au Capitole, le 18 janvier 2011. (Tim Sloan/AFP/Getty Images)

Ding Jiaxi, Xu Zhiyong

Dans une autre affaire très médiatisée, Ding Jiaxi et Xu Zhiyong, tous deux avocats spécialisés dans la défense des droits de l’homme et figures de proue du Mouvement des nouveaux citoyens, ont été condamnés respectivement à 14 et 12 ans de prison par un tribunal chinois en avril 2023, après avoir été reconnus coupables du chef d’inculpation « fourre-tout ».

Le Mouvement des nouveaux citoyens promeut les droits civils, fait campagne pour une plus grande transparence en ce qui concerne la richesse des fonctionnaires du PCC et cherche à assurer la transition pacifique de la Chine vers le constitutionnalisme.

Les avocats Xu et Ding ont été placés en détention après avoir organisé et participé à un rassemblement privé en décembre 2019 à Xiamen, une ville de la province du Fujian, dans le Sud de la Chine. L’objectif était de discuter de la société civile et des réformes politiques avec des associés partageant les mêmes idées. Environ six mois plus tard, ils ont été jugés à huis clos.

Selon Sophie Luo, l’épouse de Ding Jiaxi, les deux hommes ont été soumis à des actes de torture et des mauvais traitements pendant leur détention : privation prolongée de sommeil, interrogatoire alors qu’ils étaient contraints de s’asseoir sur un dispositif d’immobilisation appelé « chaise tigre », restrictions de nourriture et d’eau et privation de l’accès aux douches.

« Les autorités ont traité ces deux affaires de manière totalement contraire à la Constitution chinoise et aux lois pénales, du début à la fin », a déclaré Sophie Luo lors d’une audition au Congrès en 2023. « Le PCC est un gouvernement barbare qui ne respecte aucun État de droit. »

Une photographie de Xu Zhiyong, militant chinois des droits civiques, et de Ding Jiaxi, avocat chinois des droits de l’homme, est exposée lors d’une audition au Capitole, le 20 avril 2023. (Alex Wong/Getty Images)

Wang Yu

Ceux qui ont été libérés vivent toujours sous surveillance. Wang Yu, qui a été emprisonnée pendant la répression 709, est désormais soumise à une interdiction de voyager. Elle est harcelée, menacée, fouillée et agressée physiquement de manière répétée par la police, selon le département d’État américain. Elle était dans la ligne de mire du PCC en raison de son travail de défense des militants, des agriculteurs et des pratiquants du Falun Gong.

Ses efforts assidus ont été salués dans le monde entier. En 2016, elle a reçu le prix international des droits de l’homme Ludovic-Trarieux, une distinction annuelle décernée à d’éminents avocats spécialisés dans les droits de l’homme. La même année, l’American Bar Association (ABA) lui a décerné le premier ABA International Human Rights Award (Prix ​​international des droits de l’homme). En 2021, Mme Wang a reçu le « 2021 international women of courage award (Prix international des femmes de courage) ».

Moins de deux semaines avant la répression du 709, Mme Wang a accordé une interview approfondie à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times, dans laquelle elle explique ce qui l’a poussée à prendre la défense des pratiquants de Falun Gong.

Le Falun Gong, discipline de méditation fondée sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance, fait l’objet d’une campagne de persécution implacable en Chine communiste.

Au cours des 25 dernières années, les pratiquants du Falun Gong – dont le nombre atteignait 100 millions en 1999 selon les estimations de l’époque – ont été condamnés à de longues peines d’emprisonnement, à la torture, au travail forcé et au prélèvement forcé d’organes.

« Le prélèvement d’organes sur des personnes vivantes est absolument horrible. C’est absolument horrible. Rien que d’en entendre parler me donne la chair de poule », a déclaré Mme Wang à Epoch Times en juillet 2015. « Ce n’est pas acceptable pour une société moderne et civilisée. »

Wang Yu, l’avocate du défunt militant chinois des droits de l’homme Cao Shunli, lors d’une interview à Hong Kong le 20 mars 2014. (Philippe Lopez/AFP via Getty Images)

Mme Wang a déclaré à l’époque qu’elle était bien consciente de la persécution brutale à laquelle étaient confrontés les pratiquants du Falun Gong et qu’elle était émue par leur esprit de défense de leurs principes.

Les pratiquants du Falun Gong « sont des gens bien considérés, gentils et serviables, comme le confirment leurs familles, leurs voisins et leurs collègues », avait-elle déclaré à l’époque.

« Il semble que j’aide les pratiquants du Falun Gong, mais en réalité, je plaide pour nous tous. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et laisser le gouvernement bafouer ainsi les droits de ses citoyens », a-t-elle ajouté. « Même si mon influence est limitée, je pense qu’elle peut faire la différence. C’est une conviction que partagent tous les avocats spécialisés dans les droits de l’homme. »

Frank Fang et Eva Fu ont participé à la rédaction de cet article

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