Prise de position exceptionnelle: l’agence sanitaire d’une ville chinoise critique publiquement la politique zéro Covid

Par Sophia Lam
14 décembre 2022 16:10 Mis à jour: 14 décembre 2022 16:10

Le 6 décembre, l’agence sanitaire d’une ville de la province centrale du Henan a publié un article en ligne dans lequel elle dénonce les trois dernières années de mesures zéro Covid.

Sur son site officiel de médias sociaux chinois, le Comité municipal de la santé de Zhumadian a déclaré que la politique du gouvernement central imposant des tests PCR de masse et des « mesures excessives de contrôle de la pandémie » avait eu neuf effets négatifs.

Zhumadian est une préfecture située dans le sud de la province du Henan.

Les critiques de l’agence municipale de surveillance sanitaire font suite à l’annonce, le mois dernier, par le Parti communiste chinois, de 20 nouvelles directives visant à « optimiser les mesures de prévention et de contrôle » du Covid-19 à l’échelle nationale, globalement considérées comme des « politiques Covid assouplies » à l’étranger.

Cette prise de position est exceptionnelle dans la sphère officielle du régime. Le message a rapidement été supprimé, mais il reste disponible sur china-cer.com.cn, le site d’un think tank chinois dédié à l’économie.

Dans un article intitulé Suggestions pour arrêter la prévention des épidémies de haute intensité, rétablir les moyens de subsistance de la population et développer l’économie, l’agence sanitaire a déclaré que l’humanité « n’a jamais complètement éradiqué un virus à ce jour ».

« Les gens se bousculent devant les stands de test, le personnel chargé des tests et leurs vêtements de protection sont devenus la principale source de transmission du virus », poursuit l’article, rappelant que 50% des cas positifs ont contracté le virus dans la file d’attente et lors des tests.

« L’isolement, les installations de quarantaine improvisées et les mesures de confinement ont été adoptés à la va-vite et n’importe comment, ce qui a eu pour effet de couper directement le flux des ressources sociales et de rendre l’économie et les moyens de subsistance de la population inopérants, voire inexistants », poursuit l’article, avant de critiquer les « industries de prévention de la pandémie », dont les revenus ne peuvent compenser qu’une infime partie des pertes globales de l’économie nationale.

« Les revenus générés par ces industries sont recueillis par quelques individus et groupes d’intérêt. En revanche, d’importants groupes à faible revenu, en particulier ceux qui ont des prêts immobiliers ou des prêts automobiles, ont connu une faillite financière personnelle et familiale. Ils sont confrontés ou ont été confrontés à des défauts de paiement de prêts immobiliers résidentiels, et n’ont pas pu se nourrir. »

Le comité sanitaire a également noté que les mesures draconiennes zéro Covid, imposées depuis trois ans, ont fait naître parmi la population « un sentiment de désespoir face à l’avenir et à la vie », et ont provoqué de graves problèmes psychologiques et une dépression de masse, qui deviendront « des facteurs défavorables à la stabilité et au développement » après la levée de ces mesures.

Le comité a ensuite proposé 11 suggestions, dont l’annulation des tests PCR de masse obligatoires, l’arrêt des chantiers d’installations de quarantaine forcée, un programme pour abandonner les codes santé numériques et la formation d’employés dédiés en santé mentale.

Des manifestations de masse ont éclaté dans plusieurs villes chinoises après le 24 novembre, lorsqu’un incendie meurtrier dans une tour d’habitation de la ville d’Urumqi, dans la région du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine, a fait au moins 10 morts. Les rumeurs parmi la population font état d’un bilan plus lourd (autours des 40). Du fait du confinement, l’immeuble était cerné de barrières et les serrures des appartements et de l’entrée étaient verrouillées, ce qui a obstrué les secours. Le jet d’eau n’atteignait pas l’immeuble, et les pompiers ont tardés à secourir les personnes piégées à l’intérieur.

Le soutien des citoyens

L’article s’est rapidement répandu parmi les internautes chinois, dont beaucoup ont exprimé leur soutien aux propositions.

« Il est rare de les voir dire la vérité dans son intégralité avec courage, sincérité et responsabilité », a écrit un internaute.

Mais certains ont également exprimé leur ressentiment. « Cet article du Comité de santé de Zhumadian a apporté de la tristesse et de l’humour à la fois. Mais n’est-il pas trop tard ? »

« Le Comité de santé de Zhumadian est génial ! C’est la première fois que je lis des informations aussi sincères ! » a écrit un autre internaute.

« Qui a écrit cet article ? Je suggère que cette personne soit promue au Comité central de la santé de Chine ! » a déclaré un autre.

Le Comité municipal de la santé de Zhumadian a confié à Tianmu News, un portail d’information chinois de la province du Zhejiang, qu’il avait reposté un article de WeChat, ce qui a provoqué « un malentendu inutile ».

« Certains termes n’étaient pas très appropriés, le post a donc été supprimé », a rapporté Tianmu News, citant le département de propagande de Zhumadian.

L’article du Comité de santé de Zhumadian et celui de Tianmu News ont depuis été retirés de leurs sites respectifs.

Le régime communiste a publié le 7 décembre de nouvelles directives permettant d’assouplir les mesures strictes imposées contre le Covid-19, à la suite des manifestations qui ont éclaté à travers le pays à la fin du mois dernier.

Ning Haizhong a contribué à cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.