Emmanuel Macron réunit mercredi son Conseil des ministres sans Gérard Collomb dont le président a fini par accepter la démission dans la nuit, plongeant l’exécutif dans une nouvelle crise.
C’est le Premier ministre Édouard Philippe qui va assurer l’intérim du ministre de l’Intérieur, parti à la reconquête de Lyon, en attendant la nomination de son successeur place Beauvau.
Lors d’une passation de pouvoir sans chaleur et placée sous le signe de l’improvisation, Édouard Philippe, au visage impassible, a salué « la culture, le caractère direct de l’expression » du ministre.
Le Premier ministre, qui a dû annuler son déplacement prévu en Afrique du Sud, a également fait part de la « détermination » de l’exécutif « d’assurer le plus haut niveau de sécurité aux Français ».
Avant une poignée assez polaire avec son successeur provisoire, Gérard Collomb a dit quitter « avec regret » un ministère « apaisé », tout en dressant un tableau sombre de la situation sécuritaire dans le pays.
Le désormais ex-premier policier de France a également félicité les forces de l’ordre pour l’arrestation dans la nuit du braqueur récidiviste Redoine Faïd. S’attirant les sarcasmes de Marine Le Pen sur le « beau doublé » de M. Collomb qui « endosse l’arrestation de l’évadé le plus célèbre et réussit sa propre évasion du gouvernement ».
Dorénavant absent du Conseil des ministres
Le Conseil des ministres, à partir de 10h00, se déroulera ainsi sans Gérard Collomb autour de la table, actant définitivement la rupture entre Emmanuel Macron et ce soutien de la première heure, longtemps considéré comme un « fidèle parmi les fidèles ».
Le N.2 du gouvernement avait remis mardi sa démission pour la deuxième fois en 48 heures afin de reprendre la mairie de la capitale des Gaules, qu’il a dirigée pendant seize ans avant de devenir ministre en 2017.
Comme évoqué à maintes reprises dans le passé, l’actuel maire de Lyon Georges Képénékian a confirmé qu’il rendrait les clefs de la ville à M. Collomb. De source proche, il a envoyé sa lettre de démission au préfet du Rhône mardi soir.
Un vote du conseil municipal suffira désormais pour que M. Collomb reprenne son siège de maire.
Le départ de ce poids lourd du dispositif macronien a plongé le pouvoir, déjà fragilisé par une rentrée difficile, dans une nouvelle crise.
À peine rentré de son voyage aux Antilles, Emmanuel Macron perd son troisième ministre d’État depuis son arrivée, après la démission de François Bayrou en juin 2017 et celle de Nicolas Hulot en septembre.
Lundi, M. Macron avait refusé la démission de l’ancien maire PS de Lyon. Mais le « premier flic de France », 71 ans, a continué le bras de fer en maintenant sa décision.
« Le Titanic s’enfonce de plus en plus vite et l’orchestre a arrêté de jouer », a ironisé le député Les Républicains (LR) Eric Ciotti sur RTL mercredi matin.
Emmanuel Macron « n’est plus le maître des horloges », a ajouté Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat qui voit dans le départ de Gérard Collomb le « symbole » du « divorce » avec les Français.
Qui prendra la place de Gérard Collomb ?
La nomination provisoire d’Édouard Philippe à l’Intérieur souligne la difficulté pour l’exécutif de trouver un remplaçant à Gérard Collomb à ce poste stratégique.
Le ministre du Budget Gérald Darmanin, le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ou encore l’ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard sont cités comme successeurs potentiels.
Un temps évoqué, le maire LR de Nice Christian Estrosi a assuré mercredi n’être « absolument pas » candidat.
Des six principaux ministres dans l’ordre protocolaire en place au début du mandat d’Emmanuel Macron, il ne reste aujourd’hui plus que Jean-Yves Le Drian, aux Affaires étrangères, dont le nom circule également pour prendre le relais de M. Collomb.
« Pour remplacer le numéro 2 du gouvernement, il faut une stature avec si possible un ancrage territorial », indique une source gouvernementale.
À ce ministère « on a besoin de quelqu’un avec de la solidité, de l’expérience, de l’énergie », a estimé sur Europe 1 l’ancien ministre de l’Intérieur Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone.
D. S avec AFP
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