Le ministère de l’Agriculture a appelé les enseignes de la grande distribution à accepter les hausses de tarifs demandées par les producteurs de lait, fustigeant des revalorisations insuffisantes dans le cadre des négociations commerciales au risque de fragiliser toute la filière.
« On est à un tournant : il faut que les distributeurs prennent leurs responsabilités, que les enseignes acceptent de passer les hausses (de tarifs) pour garantir la rémunération des agriculteurs et assurer la pérennité de la filière laitière », a réclamé le 2 septembre le ministère lors d’un point avec la presse.
La reprise mi-mars des négociations entre supermarchés et industriels de l’agroalimentaire, pour répercuter les hausses des coûts de production liés à la guerre en Ukraine, s’est transformée « en cycle de négociation permanent », a-t-il dénoncé, accusant les enseignes d’avoir fait « traîner » les discussions en longueur.
Si elles ont été « plutôt fructueuses » cet été avec moins de blocages, admet le ministère, les négociations ont débouché sur des hausses « assez importantes sans être suffisantes », et qui restent bien en deçà des demandes des industriels, notamment ceux de la viande ou des légumes frais.
+12-13% attendus, de 6-7% proposés
Parmi les distributeurs, « certains jouent le jeu, d’autres moins », souligne le ministère, et les hausses obtenues seraient, d’après lui, de l’ordre « de 6-7% » au lieu des 12-13% attendus par les fournisseurs.
Ils ont, comme les agriculteurs, subi des hausses de leurs coûts de production très importantes ces derniers mois – et la tendance n’est pas prête de s’inverser, les prix de l’énergie (gaz, électricité) atteignant des niveaux jamais vus.
Craignant qu’un « horizon assez sombre » ne se dessine pour de nombreuses industries alimentaires, le ministère s’est montré particulièrement inquiet pour celle du lait, dont les producteurs « voient leur rémunération bloquée » environ 50 euros en dessous du prix d’achat européen moyen pour 1000 litres.
La production d’herbe réduite par la sécheresse
La sécheresse historique, qui a frappé l’Europe cet été, a réduit la production d’herbe pour nourrir les vaches laitières, et fait grimper d’environ 25% le prix de l’alimentation animale, étranglant encore un peu plus les éleveurs.
« Si on refuse de payer le lait au prix de ses coûts de production, demain, on sera contraint d’en importer », redoute le ministère de l’Agriculture.
Les syndicats agricoles et la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) demandent à ce titre que le litre vendu en rayon soit revalorisé au prix symbolique d’un euro.
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