Dans le petit pays du Monténégro dans les Balkans, les emprunts chinois financent la construction d’une voie rapide de 165 kilomètres qui traverse un territoire montagneux.
Mais le gouvernement monténégrin a plus de choses à craindre qu’un terrain difficile. Selon un rapport de Reuters, les investissements chinois – qui font partie de l’initiative gigantesque chinoise de projets d’infrastructure « One Belt, One Road – OBOR » (une ceinture, une route), qualifiée de « nouvelles routes de la soie » – ont mis ce pays d’environ 600 000 habitants face à une avalanche de dettes.
Si le Monténégro ne parvient pas à terminer l’autoroute, ce projet s’ajoutera à la liste croissante d’investissements douteux d’OBOR, ce qui ne présage rien de bon pour la Chine faisant déjà face à un ralentissement économique et à une guerre commerciale avec les États-Unis.
Selon une étude de la société de conseil RWR Advisory Group, depuis 2013, l’année où le gouvernement chinois a lancé l’initiative OBOR, la Chine a investi dans 1 674 projets d’infrastructure situés dans 66 pays. Toutefois, 234 de ces investissements, soit 14 % du total, ont été annulés ou sont en danger, comme le projet routier au Monténégro.
La politique d’investissements
Pékin voit les projets d’OBOR comme un moyen de renforcer son influence économique et géopolitique à l’étranger, principalement en Europe et dans la région Asie-Pacifique.
Le succès ou l’échec des investissements d’OBOR constitue un goulet d’étranglement pour les industries d’État chinois et, à son tour, pour le Parti communiste chinois (PCC), qui considère ces projets comme un moyen d’acquérir de nouveaux marchés et de maintenir la croissance économique.
Zeng Jianyuan, chercheur à l’Institut national de développement de Taiwan, a expliqué à Epoch Times que les pertes attribuables à l’annulation des joint-ventures et aux « intérêts incorporés » dans des projets retardés « ne peuvent être couvertes que par le PCC… cela pèse lourdement sur l’économie chinoise ».
Xie Tian, professeur à Aiken School of Business de l’Université de Caroline du Sud, souligne que les projets d’investissement de Pékin font partie de la stratégie du PCC visant à réorienter les capacités industrielles chinoises excédentaires et à promouvoir au niveau international la monnaie chinoise. Ceci dans le but de « repousser les crises économiques et sociales » qui menacent le pouvoir politique du PCC en Chine.
« Le but fondamental de ces projets… est de faire une brèche dans la politique de confinement des États-Unis », ajoute-t-il.
Xie Tian précise que les objectifs économiques chinois sont bien décevants, alors que les pays qui reçoivent ses investissements sont en train de réévaluer et, dans certains cas, de se retirer des projets d’OBOR.
Au début de juillet dernier, l’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak a été mis en examen pour corruption. L’enquête qui visait le Malaysia Development Berhad, une société de développement stratégique détenue par les autorités financières malaisiennes, a constaté qu’elle avait sollicité des milliards de dollars en prêts chinois.
En mai dernier, après l’entrée en fonction de l’actuel Premier ministre malaisien Mahathir Bin Mohamad, ce dernier a annulé le projet de ligne à grande vitesse Singapour-Kuala Lumpur. Le 21 août, lors d’une conférence de presse à la fin de sa visite officielle en Chine, il a annoncé l’annulation de deux projets d’OBOR financés par l’État chinois – ECRL (East Coast Rail Link) et TSGP (Trans-Sabah Gas Pipeline) – d’une valeur totale d’environ 23 milliards de dollars. Il a affirmé que minimiser les dettes était désormais la priorité absolue de son pays.
En 2017, le Pakistan, le Népal et le Myanmar ont annulé successivement trois grands projets hydroélectriques qui devaient être réalisés par des entreprises chinoises dans le cadre de l’OBOR. La valeur totale de ces projets était d’environ 20 milliards de dollars.
En plus de la baisse du taux de la croissance économique ainsi que l’accroissement de la dette, le régime chinois est maintenant impliqué dans une guerre commerciale avec les États-Unis. Selon le Département du commerce des États-Unis, le déficit du commerce de ce pays avec la Chine a atteint 375,4 milliards de dollars l’an dernier. En juillet-août, les États-Unis ont commencé à imposer des droits de douane sur des dizaines de milliards de dollars d’importations chinoises.
Donald Trump a menacé de cibler la totalité des 500 milliards de dollars de marchandises que les États-Unis importent de la Chine, notant que Pékin ne peut pas continuer à riposter en nature puisque la Chine importe presque quatre fois moins qu’elle n’exporte vers les États-Unis.
Owen Crane – Vision Times
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.