Procès de la BAC Nord de Marseille : jusqu’à 6 mois de prison ferme requis contre les 18 policiers

Par Epoch Times avec AFP
19 avril 2021 20:11 Mis à jour: 21 avril 2021 14:08

Des peines allant jusqu’à six mois de prison ferme ont été requises contre 18 ex-policiers de la brigade anticriminalité des quartiers Nord de Marseille, jugés pour des vols de drogue, de cigarettes et d’argent.

Les peines les plus lourde, soit six mois de prison ferme ont été requises le 20 avril à l’encontre de dix des 18 prévenus, dont deux occupaient alors les fonctions de chefs de groupe de la brigade anti-criminalité (BAC) Nord au moment des faits, en 2012.

« La seule chose qui restera à long terme c’est que le doute restera dans la tête de tout le monde, c’est la pire des choses », a précisé le procureur adjoint de Marseille, André Ribes. Le parquet, qui a requis la peine minimale d’un an avec sursis contre cinq prévenus, a déploré l’image « redoutable » et « pas glorifiante » de la police renvoyée dans ce dossier.

« Se payer sur la bête »

Il y neuf ans, lorsque l’affaire avait éclaté, le procureur de Marseille de l’époque, Jacques Dallest, avait évoqué une « gangrène », accusant les policiers de la Bac Nord de « se payer sur la bête » et de « prélever leur dîme » auprès de certains des dealers et revendeurs de cigarettes de contrebande qu’ils contrôlaient dans certains quartiers populaires de la ville.

Au cours de ce procès entamé depuis une semaine, les fonctionnaires ont été longuement interrogés sur ces discussions enregistrées pendant six mois, en 2012, par la police des polices, avec la « sonorisation » de leurs véhicules et la mise sur écoute de leurs bureaux, où ils se vantaient d’avoir profité d’interpellations pour récupérer de l’argent ou encore des stupéfiants.

« Ce qu’on découvre dans ces sonorisations, c’est sidérant. N’importe quelle personne qui l’entend reste muet. Ils disent qu’ils plaisantent, mais ils encourent 10 ans, ça ne me fait pas rigoler », a insisté M. Ribes, rappelant que trois des prévenus avaient reconnu certains faits.

La « politique du chiffre »

Questionnés sur leurs nombreuses interpellations liées au trafic de drogue, alors que les consignes de la hiérarchie étaient de se concentrer sur les vols à l’arraché et les atteintes aux personnes, les fonctionnaires ont mis en cause la « politique du chiffre ». Cette Bac se targuait alors d’être la meilleure de France, avec plus de 4000 interpellations par an.

Mais cette « pression de la politique du chiffre, (…) elle s’est appliquée à tous les services. Ici vous n’avez pas toute la police nationale et heureusement », a taclé M. Ribes, tout en reconnaissant que les fonctionnaires jugés bénéficiaient tous de « lettres de félicitations » de leur hiérarchie.

Mais le magistrat a aussi fustigé le ton employé par les policiers, comme cette fois où l’un d’entre eux est entendu sur les écoutes interpeller d’un « Toi, viens ici ! » un jeune homme qu’il soupçonne sans preuve de porter une chaîne en or volée : « Si c’était moi (…), je me retourne dans la rue et je regarde s’il n’y a pas un chien derrière moi ».

Avant ce procès pénal, trois des 18 prévenus avaient déjà été révoqués, suite à l’enquête de l’inspection générale de la Police nationale (IGPN). Les 15 autres avaient écopé d’exclusions temporaires ou de blâmes et sont toujours policiers. Depuis, l’un d’eux a même retrouvé un poste à la Bac Nord.

Après les plaidoiries, mardi et mercredi, le délibéré est attendu jeudi.

 

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