Après avoir réclamé lundi 20 ans de réclusion à l’encontre de Dominique Pelicot, et de 4 à 13 ans contre 20 de ses coaccusés, l’accusation a poursuivi mardi ses réquisitions au procès des viols de Mazan, réclamant à chaque fois entre 12 et 15 ans de prison.
Depuis le début de la matinée, les deux représentants du ministère public, les avocats généraux Jean-François Mayet et Laure Chabaud, se sont relayés au pas de course pour requérir leurs peines à l’encontre des 30 derniers coaccusés de ce procès dont l’enjeu n’est rien moins que, selon M. Mayet, de « changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes ».
À ce rythme, le réquisitoire devrait être bouclé dès la fin de la journée mardi, ouvrant la voie à la plaidoirie mercredi, probablement dans l’après-midi, de Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot, le « chef d’orchestre » de cette affaire hors norme, symbole des violences faites aux femmes et de la soumission chimique.
« L’essentiel est qu’ils soient condamnés »
Prenant en compte la gravité des faits reprochés à chaque accusé, sa personnalité, ses antécédents judiciaires ou encore sa reconnaissance ou non de culpabilité, les deux magistrats sont montés crescendo dans leurs réquisitions mardi devant la cour criminelle de Vaucluse, lui demandant à chaque fois au moins 12 ans de réclusion criminelle lorsqu’elle rendra son verdict, le 20 décembre au plus tard.
Ce deuxième jour de réquisitoire s’est déroulé, comme lundi, en présence de Gisèle Pelicot, assise seule sur le banc des parties civiles, et de son ex-mari, 71 ans, tête baissée dans le box des accusés. Contre celui-ci, le ministère public avait demandé la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle lundi. Dix-sept ans de prison avaient ensuite été réclamés à l’encontre de Jean-Pierre M., 63 ans, qui avait reproduit le même procédé sur sa propre épouse, puis des peines de 4 à 13 ans de prison contre 19 autres coaccusés, poursuivis pour « atteinte sexuelle » ou viols aggravés.
« Si M. Pelicot a eu 20 ans, on ne peut pas mettre 20 ans aux autres », a estimé mardi auprès de l’AFP la juriste Catherine Le Magueresse, chercheuse associée à l’Institut des sciences juridique et philosophique à l’université Panthéon-Sorbonne, regrettant cependant qu’il n’ait pas été poursuivi pour « tortures et barbarie », ce qui aurait pu augmenter le quantum de sa peine et donc « celles de tous les autres coaccusés ».
Commentant les peines requises par le parquet, elle a en tout cas estimé que « cela ne (lui) paraît pas beaucoup par rapport à la moyenne générale » des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022, selon le ministère de la Justice. Mais « l’essentiel est qu’ils soient condamnés », a-t-elle concédé.
« Faire plaisir au couple »
Jean-François Mayet avait commencé dans la matinée par le cas de Boris M., 37 ans, venu au domicile des Pelicot à Mazan (Vaucluse) la nuit du 26 janvier 2020. Comme les autres coaccusés, il avait répondu à l’invitation du mari, qui droguait son épouse Gisèle et la livrait à des dizaines d’inconnus. Mais la question est donc de savoir s’il savait qu’elle était endormie à son insu.
« Il nous dit à l’audience avoir été lobotomisé », a rappelé le magistrat. « Il dit avoir été victime, comme madame Pelicot, de Dominique Pelicot. En réalité, il s’est contenté de la situation telle que présentée par Dominique Pelicot » et n’a « à aucun moment » ni sollicité ni obtenu le consentement de Mme Pelicot.
La même peine de 12 ans de réclusion a ensuite été requise contre sept autres coaccusés, dont Redouane A., 40 ans, venu à deux reprises à Mazan, pour « faire plaisir au couple », a souligné ironiquement l’avocat général.
Laure Chabaud a ensuite réclamé là encore 12 ans de réclusion à l’encontre de trois autres coaccusés, dont Lionel R., 44 ans, qui disait participer à « une partie d’un fantasme de couple », ou Grégory S., 31 ans, qui tout en ayant « conscience de l’état altéré de Gisèle Pelicot » avait pourtant continué jusqu’à son éjaculation, comme elle l’a rappelé.
Contre Karim S., 38 ans, « un des rares accusés dont les échanges Skype (avec Dominique Pelicot) ont été découverts », échanges prouvant en l’occurrence qu’il savait que Mme Pelicot était droguée à son insu, la magistrate a demandé 14 ans de réclusion.
Les peines réclamées au même niveau
Lundi, elle avait fermement dénoncé ces supposés consentements « implicites » ou « par procuration » avancés par certains accusés comme étant « d’un autre âge ».
Mardi après-midi, les peines réclamées sont restées au même niveau : 14 ans à l’encontre de Jean-Luc L., 46 ans, qui « savait que Gisèle Pelicot serait droguée à son insu » mais n’en a « tiré aucune conséquence », et 14 ans contre Christian L., 56 ans, filmé en train d’imposer des pénétrations à Gisèle Pelicot avec son tee-shirt de sapeur-pompier du Vaucluse.
Puis le quantum de la peine demandée est monté à 15 ans contre Joan K., qui s’était rendu à deux reprises au domicile de Pelicot. Devaient ensuite être abordés les cas de quatre hommes s’étant rendus à six reprises à Mazan pour violer Mme Pelicot.
Pendant 10 ans, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique Pelicot avait assommé sa femme d’anxiolytiques pour la violer et la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur internet, via le site coco.fr, désormais interdit. Cinquante d’entre eux, aujourd’hui âgés de 26 à 74 ans, ont été identifiés et sont donc jugés depuis le 2 septembre.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.