Trois vétérinaires soupçonnés d’avoir été les rouages d’une vaste fraude à la viande chevaline, ont vivement contesté le 17 janvier devant le tribunal correctionnel de Marseille, avoir établi de faux documents autorisant l’exportation de chevaux non éligibles à l’abattage et interdits à la consommation humaine.
Au total huit vétérinaires sont présents parmi les 25 prévenus jugés depuis le 9 janvier et jusqu’à la fin du mois pour leur implication dans une escroquerie ayant permis d’envoyer dans la filière de l’alimentation humaine des dizaines de chevaux pourtant interdits d’abattage, et notamment des chevaux issus d’une ferme-laboratoire de Sanofi-Pasteur, où ils avaient servi à l’élaboration de serums antirabiques ou antivenimeux.
Associés au sein d’une même clinique vétérinaire, les docteurs Eric Cluzel, Michel Moisset et Fabien Huet avaient eux examiné des bêtes venant de Jacques Larnaudie, marchand de chevaux et gérant de la société Equibest à Montauban dans le Tarn-et-Garonne.
Jugés pour faux habituels et complicité de tromperie
Entre 2011 et 2013, au centre de rassemblement de chevaux de Saint-Flour dans le Cantal, ils avaient assuré la visite sanitaire obligatoire de ces équidés en partance pour la Pologne. Visite obligatoire pour obtenir un certificat d’échange intracommunautaire.
Jugés pour faux habituels et complicité de tromperie, l’accusation reproche aux trois vétérinaires d’avoir établi ces documents sanitaires « sans voir les chevaux ». Mais, à la barre, les trois médecins ont affirmé l’inverse.
« On a vu tous les chevaux », a assuré Eric Cluzel, qui a décrit sa mission au centre de Saint-Flour : vérifier l’absence de signes cliniques de maladies, de plaies, de traumatismes. « Pas de diarrhée, pas de toux, pas d’animal qui boite, on atteste que les chevaux sont transportables », a-t-il expliqué.
Quant au contrôle des puces des chevaux, celui-ci se faisait seulement par sondage, à raison de cinq à six chevaux vérifiés sur les 16 à 17 transportés dans chaque camion. « En trois ans, nous avons eu zéro remarque de la direction des services vétérinaires sur notre façon d’opérer », s’est défendu le Dr Cluzel.
De plus, assurent ces vétérinaires, ce n’était pas à eux mais aux services vétérinaires qu’il incombait de vérifier l’identification des chevaux. De fait, deux formulaires administratifs d’inspection des animaux se contredisent, comme l’a constaté le tribunal : l’un demandant au vétérinaire certificateur de vérifier que les chevaux étaient bien identifiés conformément à la réglementation en vigueur, l’autre ne lui prescrivant pas cette mission.
Tampon encreur d’un vétérinaire décédé
Sur des écoutes diffusées par la présidente du tribunal, Céline Ballerini, on entend ainsi le maquignon rechercher ou proposer des carnets d’identification de chevaux morts pouvant correspondre à la description d’un animal ne disposant pas des documents pour l’abattage.
« T’as pas deux-trois papiers ‘mâle alezan’ ou ‘mâle noir’ pour des chevaux qui n’ont pas de papier ? », l’entend-on demander sur ces interceptions téléphoniques de 2013.
« Qu’est-ce que c’est que ce bazar dans les papiers ? », a fini par s’étonner la présidente à l’écoute des appels entre maquignons et éleveurs. Chez l’un de ces derniers, les enquêteurs avaient même découvert le tampon encreur d’un vétérinaire décédé quelques années plus tôt.
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