La pneumologue Irène Frachon, qui avait révélé au grand public l’ampleur du scandale sanitaire du Mediator en 2010, témoignera mardi devant la cour d’appel de Paris, qui rejuge depuis le 9 janvier les laboratoires Servier et son ex-numéro 2.
« J’ai deux-trois bricoles à dire », a ironisé auprès de l’AFP celle qui se bat depuis quinze ans pour faire reconnaître les graves effets secondaires cardiaques et respiratoires provoqués par ce « poison mortel ».
Après cinq semaines de débats souvent techniques, centrés sur la molécule elle-même et son mode d’action, la cour a débuté cette semaine l’examen des effets délétères du Mediator, mis sur le marché comme antidiabétique en 1976 mais indûment prescrit comme coupe-faim jusqu’à son interdiction en 2009.
Un « crime industriel »
Irène Frachon, spécialiste des hypertensions artérielles pulmonaires au CHU de Brest, s’est intéressée à ces effets depuis 2007 et a publié une étude scientifique en 2009 qui a contribué à l’interdiction du produit.
En juin 2010, elle a publié « Mediator 150mg, combien de morts ? » (éditions-dialogues.fr), fruit d’une enquête de trois ans.
Son combat et sa ténacité ont inspiré un film, « La Fille de Brest » d’Emmanuelle Bercot, sorti en novembre 2016, et une pièce de théâtre, « Mon cœur », mise en scène en 2017 par Pauline Bureau.
Le 4 janvier, c’est sous forme de bande-dessinée qu’elle raconte une nouvelle fois l’histoire, avec l’ancien journaliste Éric Giacometti (« Mediator, un crime chimiquement pur », Ed. Delcourt), dans le but de sensibiliser le public le plus large possible à ce qu’elle qualifie de « crime industriel ».
Une « lanceuse d’alerte » confrontée à la violence pendant son enquête
Au procès en première instance, qui s’était achevé en mars 2021 par la condamnation de Servier pour tromperie aggravée et homicides et blessures involontaires, Irène Frachon avait livré un long exposé didactique sur la « toxicité » du médicament et sur son rôle de « lanceuse d’alerte ».
Défiance du public envers les autorités sanitaires
Cette fois, celle qui regrette la « frilosité » du jugement de première instance, dit vouloir insister sur « le devoir de la justice de rassurer les consommateurs, l’opinion publique, vis-à-vis de la sécurité sanitaire », alors que le scandale a contribué à miner la confiance du public dans les autorités sanitaires.
« C’est aussi important, douze ans après l’éclatement des faits, de revenir sur l’évolution de ce laboratoire : Servier n’a pas changé et continue à mentir sur cette affaire », estime-t-elle.
Elle compte enfin évoquer la mémoire des victimes décédées à cause du Mediator.
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