Procès Pierre Palmade : comment se portent aujourd’hui les victimes ?

Par Epoch Times avec AFP
20 novembre 2024 13:02 Mis à jour: 20 novembre 2024 13:03

Pierre Palmade a été confronté au récit des vies brisées des victimes de la famille de la voiture qu’il a percutée, à l’ouverture mercredi de son procès à Melun pour son grave accident de la route sous drogues en Seine-et-Marne l’année dernière.

Entré dans le tribunal par une porte dérobée pour échapper à la nuée de caméras, l’humoriste et homme de télévision de 56 ans était assis sur le banc des prévenus teint livide, visage creusé, regard dans le vide, vêtu d’une veste noire sur une chemise blanche.

Face à lui, les victimes de l’accident ont raconté leur vie anéantie depuis l’accident. Dans la voiture, se trouvaient à l’avant le conducteur de 38 ans et sa belle-sœur de 27 ans, à l’arrière le garçon du conducteur, âgé de six ans. Leurs pronostics vitaux ont été engagés.

« C’est très difficile pour moi d’être présente aujourd’hui dans cette salle, il y a un gros travail fait avec ma psychiatre », a déclaré la jeune femme, ancienne accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH).

Enceinte de six mois lors de l’accident, elle a subi une césarienne en urgence. Sa fille à naître, prénommée Solin, a été déclarée morte après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.

Selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s’est prononcée sur des cas semblables d’accidents de la route, un enfant qui n’est pas né vivant n’existe pas en tant que personne légale. « J’attends que cette jurisprudence change et que Solin soit la clé de l’ouverture de ce changement », a déclaré celle qui est désormais mère d’une fille de deux mois, après une « grossesse très douloureuse ».

Un « vide juridique » pour l’enfant à naître

Dans ses propos liminaires, l’avocat des victimes, Me Mourad Battikh, a souhaité que Pierre Palmade comparaisse pour homicide involontaire comme le procureur l’avait demandé dans ses réquisitions. En mai, la juge d’instruction a renvoyé l’humoriste uniquement pour blessures involontaires aggravées.

« Le droit français, c’est triste à dire, protège mieux les animaux que l’enfant à naître », a défendu Me Battikh.

« Est-ce que la protection de la vie ça veut dire qu’on s’oppose à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) ? Ça n’a rien à voir, il y a une frontière étanche et imperméable entre les deux », a soutenu l’avocat, rappelant la légalité de l’IVG de 0 à 14 semaines en France mais évoquant un « vide juridique » pour le reste du développement du fœtus.

Interrogé par le président, Pierre Palmade a refusé d’être jugé pour homicide involontaire. Tout au long des témoignages, il est resté concentré, lèvres pincées au long énoncé des séquelles.

« Je ne pourrai plus redevenir comme avant »

Aidé d’une béquille, le bras gauche en écharpe, Yuksel Yakut, conducteur de la Renault Mégane violemment percutée par celle conduite par Pierre Palmade, s’est assis avec difficulté devant le tribunal. « Je ne pourrai plus redevenir comme avant », a-t-il déclaré à l’aide d’une interprète en turc.

Son foie et ses intestins ont été atteints et ses hanches restent très fragilisées. Ses douleurs le poussent à se médicamenter dès le matin.

« J’étais chef d’équipe, j’avais des amis, pendant le weekend j’essayais de profiter avec mes enfants, ma famille (…), aujourd’hui je ne peux plus faire ce genre de choses », a-t-il témoigné.

Son fils « n’est vraiment pas comme avant, il ne veut pas sortir avec ses amis, il a redoublé à l’école », a relaté le père de famille, expliquant que son enfant multipliait les cauchemars et était victime de moqueries du fait de sa mâchoire déformée à la suite de l’accident.

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