Procès Samuel Paty : la « douleur » et « la peine » restent vives après le verdict

Par Epoch Times avec AFP
21 décembre 2024 11:10 Mis à jour: 21 décembre 2024 11:49

La ministre de l’Éducation Anne Genetet et d’autres représentants de la communauté éducative ont exprimé vendredi  la « douleur » et « la peine » qui restent vives après le verdict rendu dans l’assassinat de Samuel Paty, un professeur qui restera dans la « mémoire collective ».

« La Justice a rendu son verdict, mais la douleur demeure », a réagi Mme Genetet sur le réseau social X après la  condamnation des huit accusés impliqués, à des degrés divers, dans l’assassinat du professeur Samuel Paty.

« Reste la peine d’une famille privée d’un père, d’un fils, d’un frère. Reste la blessure de toute la communauté éducative privée d’un professeur qui incarnait les valeurs fondamentales de l’école de la République », a ajouté la ministre. « Il y a un avant et un après Samuel Paty. Son nom appartient désormais à la mémoire collective », a-t-elle conclu.

« Une page qui se tourne »

Pour Marie-Laure Tirelle, déléguée laïcité au syndicat SE Unsa, « c’est une page qui se tourne, et en même temps, on n’oubliera pas, on n’oubliera jamais, et ça sera toujours dans nos mémoires ».

Selon elle, la commémoration attendue le 7 janvier des dix ans de l’attentat islamiste contre Charlie Hebdo va « résonner par rapport à ce verdict » et constituera « un temps où on pourra rappeler aux élèves que la liberté d’expression, la liberté de conscience, la liberté de la presse, ce sont des choses très importantes en France ».

Pour Christine Guimonnet, secrétaire générale de l’association des professeurs d’histoire-géographie, « c’est un soulagement que les peines prononcées soient supérieures à celles des réquisitions du parquet ».

« Tous les jours on pense à la famille de Samuel, à ses parents, ses sœurs, son petit garçon, la mère de son fils et en fait, ce qui nous mobilise c’est la nécessité de faire comprendre qu’on ne peut pas assassiner un professeur dans l’exercice de son métier impunément, ça n’est pas possible », a-t-elle souligné.

« Des accusés reconnus coupables »

« Il était vraiment fondamental que ceux qui étaient sur le banc des accusés soient reconnus coupables » et « tout aussi fondamental que tous ceux qui mettent en danger l’école publique et donc les personnes qui étaient accusées soient aussi nettement condamnées », a abondé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du principal syndicat du second degré, Snes-FSU.

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés vendredi à 16 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises spéciale de Paris.

Ce croquis de cour réalisé le 20 décembre 2024, montre (de g. à dr.) les accusés, Abdelhakim Sefrioui, Louqmane Ingar, Azim Epsirkhanov, Priscilla Mangel, Yusuf Cinar, Ismael Gamaev, Brahim Chnina et Nabil Boudaoud écoutant le verdict du procès de huit adultes accusés d’avoir contribué au climat de haine qui a conduit un radical islamiste de 18 ans à décapiter l’enseignant Samuel Paty, à Paris. (BENOIT PEYRUCQ/AFP via Getty Images)

La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine » qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle.

Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostiles au professeur dès le 7 octobre.

Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo de M. Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara.

Un « verdict équilibré »

Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté.

Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte.

Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme.

La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. À l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père.

Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ».

Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre.

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