Procès Wirecard: le fugitif Jan Marsalek sort du silence

Par Epoch Times avec AFP
19 juillet 2023 15:55 Mis à jour: 19 juillet 2023 15:57

Surprise dans le procès du scandale Wirecard en Allemagne : l’Autrichien Jan Marsalek, en cavale depuis 2020 alors qu’il est au cœur de la faillite de l’ancien fleuron de la finance numérique, est sorti du silence mardi, via un courrier de son avocat.

Le tribunal de Munich, qui juge depuis le 8 décembre des responsables présumés de cette fraude, a reçu une lettre de l’avocat de M. Marsalek, l’un des hommes les plus recherchés d’Europe, a indiqué à l’AFP un porte-parole du tribunal, sans plus de précisions sur le contenu de la lettre.

Contacté par l’AFP, l’avocat de Jan Marsalek, Frank Eckstein, a déclaré : « Nous nous sommes exprimés sur différentes facettes (de l’affaire, ndlr) et sur différentes personnes. »

Personnage sulfureux, M. Marsalek, 43 ans, est recherché par Interpol et introuvable depuis qu’il a fui l’Allemagne précipitamment, en juin 2020. Il se trouverait à Moscou sous une fausse identité, protégé les services de renseignement russes, selon une investigation journalistique internationale parue en 2022.

C’est le premier signe de vie du fugitif depuis le début de sa cavale, et depuis le début du procès qui se tient en son absence.

« Le plus grand scandale financier »  

La faillite de Wirecard a constitué « le plus grand scandale financier » ayant jamais touché l’Allemagne, selon le ministre des Finances de l’époque, Olaf Scholz, aujourd’hui chancelier.

Selon l’hebdomadaire Wirtschaftswoche, qui a révélé l’existence du courrier, Jan Marsalek n’a pas pris concrètement position sur les faits qui lui sont reprochés. En revanche, toujours selon l’hebdomadaire, celui qui occupait les fonctions de directeur des opérations de Wirecard s’est exprimé sur l’activité de sociétés tierces du prestataire de paiement, l’une des clefs du procès.

Fleuron de la finance numérique s’étant hissé parmi les valeurs de l’indice Dax, qui regroupe l’élite boursière allemande, Wirecard s’est effondré en juin 2020 lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d’euros d’actifs, soit un quart de la taille du bilan, n’existaient pas en réalité.

Un autre Autrichien, Markus Braun, était aux commandes de cette pépite de la nouvelle économie et est le principal accusé du procès de Munich. Jan Marsalek était son bras droit.

L’enquête a révélé que les comptes de Wirecard pour les années 2015 à 2018 avaient enjolivé la situation, afin de rendre l’entreprise attractive pour les investisseurs. Une partie des commissions basées sur des paiements ne provenaient pas de Wirecard mais de prétendus tiers en Asie et dans la région du Golfe, qui avaient une licence pour opérer. Selon le parquet, ces transactions étaient fictives, ce que conteste la défense.

Markus Braun nie toute malversation et affirme avoir été dupé par deux anciens collaborateurs, également sur le banc des accusés. De Jan Marsalek, l’ancien patron de Wirecard a dit au procès qu’il avait déployé « une énergie incroyable » pour soutenir la forte croissance de l’entreprise.

Premiers soupçons de fraude en 2019

Les choses se sont gâtées lorsque la presse financière a fait état en 2019 de premiers soupçons de fraude sur les comptes. Les problèmes venaient des affaires, en Asie, qui étaient sous « la responsabilité » de M. Marsalek, a assuré Markus Braun au procès.

Selon Wirtschaftswoche, J. Marsalek a également chargé le co-accusé Oliver Bellenhaus, ancien directeur d’une filiale basée à Dubaï, dont les aveux sont une pièce centrale de l’enquête.

Après avoir créé une société informatique, Jan Marsalek a commencé à travailler pour Wirecard en 2000, âgé d’une vingtaine d’années, gravissant les échelons jusqu’à en devenir l’un des principaux dirigeants dix ans plus tard.

Selon des sources judiciaires et un rapport de la commission parlementaire allemande mise en place après l’explosion du scandale, il se serait servi de ses fonctions chez Wirecard pour multiplier des activités annexes, souvent très éloignées de la finance, le mettant en contact avec différents services de renseignements, dont ceux de la Russie.

Détenteur de huit passeports, il a quitté l’Allemagne en plein de krach boursier de l’entreprise, mi-juin 2020, affrétant un jet privé parti d’un petit aéroport d’Autriche pour gagner la Biélorussie, avec l’aide d’un ancien député du parti autrichien d’extrême droite FPÖ et d’un ex-membre des services autrichiens de renseignements.

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