Le député Buon Tan, proche du Parti communiste chinois, réinvesti par LREM pour les législatives

Par Emmanuelle Bourdy
13 mai 2022 11:40 Mis à jour: 13 mai 2022 11:40

Le député Buon Tan est, depuis dimanche 8 mai 2022, officiellement candidat aux législatives en Ile-de-France. Pourtant, ce député LREM de la 9e circonscription de Paris occuperait des fonctions au sein du Parti communiste chinois, sans les avoir déclarées en France.

L’investiture de Buon Tan est pour le moins étonnante, voire inquiétante. Ce député LREM est tout autant proche de l’Élysée que du Parti communiste chinois (PCC) et de son dirigeant, Xi Jinping. Il avait notamment été, le 20 janvier dernier, le seul parlementaire LREM à avoir voté contre la résolution visant à reconnaître le génocide des Ouïghours en Chine.

Le seul à voter contre la reconnaissance du génocide des Ouïghours  

Ainsi que le rapportait Le Monde le 27 février dernier, Buon Tan s’était fait remarquer le 20 janvier 2022 en étant le seul député sur 169, à se prononcer contre la résolution votée par l’Assemblée nationale, reconnaissant la répression des musulmans ouïghours du Xinjiang (Chine), comme un génocide. « Je n’ai pas pensé un instant que je pouvais être le seul à voter contre. Le texte est inopérant, voire contre-productif, il n’aide pas la cause », avait alors signifié le parlementaire au journal.

Très engagé dans les relations franco-asiatiques, Buon Tan est président du groupe d’amitié France-Chine. Dans un article de Sohu.com, site d’information d’un moteur de recherche chinois, ainsi que le relaye une grande enquête du Point datant du 2 mars dernier, il est mentionné que celui dont le nom mandarin est « Chen Wenxiong » se trouvait à Pékin le 29 mai 2019. À cette occasion, se trouvant parmi des représentants choisis de la diaspora, le député LREM était l’un des heureux élus autorisés à se tenir au premier rang. Lors de cette cérémonie, il avait même saisi le bras de Xi Jinping des deux mains, montrant ainsi son dévouement au parti.

Le député LREM membre d’associations créées par le PCC

Mais en France, cette rencontre au sommet n’avait pas été médiatisée puisque Buon Tan n’était pas présent place Tiananmen en tant qu’élu de la République française, mais comme « membre du conseil exécutif de l’Association pour l’amitié des Chinois de l’étranger » (AACE), institution créée par le PCC, nous indique encore Le Point. L’hebdomadaire précise que Buon Tan occupe au sein de cette association des fonctions honorifiques depuis 2013, il en est d’ailleurs toujours l’un des administrateurs. L’Élysée serait officiellement ignorant de ces informations, celles-ci étant relayées uniquement dans des sites en mandarin.

De surcroît, dans son désir de renforcer les liens entre Paris et Pékin, le député a accompagné la délégation présidentielle française en Chine à deux reprises, en janvier 2018 ainsi qu’en novembre 2019. De plus, en 2017, alors qu’il venait d’être élu aux élections législatives soutenu par Emmanuel Macron – ce dernier ayant semble-t-il été destinataire à cette époque d’une note du renseignement « évoquant des risques d’ingérence », selon une récente enquête du Monde – Pékin lui avait alors renouvelé son « mandat » au comité exécutif de l’Association pour le dialogue des Chinois de l’étranger (ADCE). À noter que les deux associations, ADCE et AACE, sont fusionnées.

« Ce ne sont pas des organisations innocentes représentant la communauté chinoise »

Le Point, qui au cours de ses investigations a consulté la déontologie de l’Assemblée pour savoir si une telle double casquette était compatible légalement, a constaté que celle-ci se retranchait derrière son devoir de réserve. La Haute Autorité à la transparence de la vie publique (HATVP), a quant à elle indiqué que les fonctions de ce député ne figureraient pas dans ses déclarations. Elle va toutefois rouvrir le dossier afin de procéder à des vérifications nécessaires, « notamment en interrogeant l’intéressé », précise-t-elle au Point.

Pour l’universitaire Clive Hamilton, le rôle de ces organisations « établies par ou liées au département du Front uni du Parti communiste chinois », est de « mener des actions d’influence et d’interférence dans des pays étrangers, et à certains moments de travailler avec les agences de renseignements chinoises dans leur travail d’espionnage. Ce ne sont pas des organisations innocentes représentant la communauté chinoise », rapporte encore Le Point. L’intellectuel et philosophe australien a ajouté : « Les personnes qui tiennent des positions dans ces organisations le font avec la permission explicite du PCC à Pékin. »

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