Professeur des écoles en Seine-Saint-Denis, il quitte l’enseignement: il ne veut plus passer 80% de son temps «à faire le flic»

Par Emmanuelle Bourdy
17 juin 2022 20:50 Mis à jour: 17 juin 2022 20:50

Rémi Costello, professeur des écoles en Seine-Saint-Denis, s’est confié sur son métier dans les colonnes de Marianne. Entre les problèmes de discipline insurmontables, la soumission de ses collègues, les parents sans aucune reconnaissance et les programmes obsolètes, cet enseignant ne veut plus enseigner.  

C’est un cri de désespoir, Rémi Costello est à bout. Ce professeur des écoles qui enseigne en Seine-Saint-Denis est totalement désabusé par son métier. Il l’explique dans une tribune. Considérant qu’il ne peut plus enseigner correctement, il préfère démissionner.

« J’ai l’impression de ne pas m’occuper des élèves qui le méritent vraiment »

La liste des doléances de Rémi Costello est longue, très longue. « Je ne veux plus enseigner, je ne veux plus être devant des élèves qui dysfonctionnent, qui n’arrivent plus à se concentrer plus de dix secondes, souvent à cause de l’abus d’écrans », commence-t-il, précisant qu’il passe 80% de son temps de classe à faire « le flic ».

Pointant ses collègues, il se désole par ailleurs de « leur soumission au système Éducation nationale infantilisant ». Il s’agace de devoir supporter des pauses-déjeuner « à parler séances, classes, élèves à problème dans des locaux sombres, tristes et moches ». En outre, il ne veut plus « être malade de la réunionite », où les sujets abordés sont « absurdes et inutiles » et où l’on évoque en permanence « les élèves qui dysfonctionnent, ceux qui ont des problèmes de comportement et pour qui nous perdons notre temps à chercher des solutions qui n’existent pas ».

Ayant « l’impression de ne pas [s]’occuper des élèves qui le méritent vraiment, ces enfants du 93 qui sont excellents et que l’on ne pousse pas, dont on ne parle jamais en réunion », il regrette amèrement qu’il n’y ait pas de rencontres organisées avec leurs parents pour inciter ceux-ci à les inscrire « dans des collèges prestigieux de la capitale, à leur parler des études qu’ils seraient en capacité de faire mais dont le nom même n’a jamais été prononcé auprès d’eux et ne le sera jamais ». « Mais quel est notre rôle ? » se demande-t-il.

« Ce métier n’aura pas mon âme »

Dans son analyse, il s’en prend également à certains parents d’élèves, dont il qualifie l’ « abandonnisme » d’ « insupportable ». « Je ne suis pas éducateur spécialisé, je ne suis pas psychologue, je ne peux pas les remplacer dans leurs devoirs éducatifs. Je ne suis pas une machine faite pour encaisser le bruit assourdissant de la salle de classe toute la journée », s’agace-t-il auprès de Marianne.

« Je ne veux plus enseigner car je ne veux plus préparer une classe de quatre niveaux différents le soir quand je rentre chez moi, […] la vie en dehors du travail est bien trop précieuse pour être gâchée par des efforts qui n’en valent même pas le coup, pour des parents souvent insultants et sans aucune reconnaissance, pour une société qui nous méprise et nous traite en permanence de privilégiés », s’insurge-t-il encore.

Il pointe également du doigt des programmes qu’il juge « obsolètes et uniquement destinés à faire de nos élèves de bons moutons bien dociles » et ne veut plus cautionner cette « grande mascarade ». « À quel moment les prépare-t-on vraiment à la dureté de ce monde ? » lance-t-il encore, concluant : « Ce métier n’aura pas mon âme. »

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