L’élève de 16 ans placé en garde à vue mercredi après avoir poignardé à mort une professeure d’espagnol à Saint-Jean-de-Luz est « accessible à une responsabilité pénale » et le parquet va demander son « placement en détention provisoire », a annoncé jeudi le procureur de la République de Bayonne.
Le procureur Jérôme Bourrier a ajouté qu’il allait ouvrir vendredi « une information judiciaire sous la qualification de meurtre avec préméditation », lors d’une conférence de presse à Bayonne.
Profil psychique de l’accusé
« Durant sa garde à vue, le mis en cause a mis en avant une petite voix qui lui parle, un être qu’il décrit comme égoïste, manipulateur (…), qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat », a déclaré M. Bourrier, soulignant que l’adolescent était suivi par un médecin psychiatre.
« On sait aussi qu’il avait été affecté par une dispute qu’il avait eue la veille avec un camarade et sur ce plan, il a eu des propos un peu fluctuants avec le médecin requis pour l’examiner dans un cadre psychiatrique. Il aurait mis en avant qu’il aurait voulu commettre les faits en la présence de ce garçon avec lequel il s’est disputé comme pour le punir d’une certaine manière », a-t-il ajouté.
Un très bon élève, sans casier judiciaire
« Il admet aussi une forme d’animosité à l’égard de sa professeure d’espagnol dans une matière où ses résultats n’étaient pas bons, contrairement aux autres enseignements », a précisé le magistrat.
L’adolescent était un « très bon élève » de l’avis de ses camarades et avait obtenu son brevet avec mention très bien l’an dernier, selon le rectorat de Bordeaux.
« Cet adolescent était jusqu’à ce jour inconnu de l’autorité judiciaire, non seulement sur le plan pénal, mais en matière d’assistance éducative, inconnu des services de l’Aide sociale à l’enfance », a poursuivi M. Bourrier.
L’accusé souffrait de harcèlement
« Il a fait état également de faits de harcèlement dont il aurait été victime dans son précédent établissement et qui l’auraient beaucoup affecté (…) Il avait réalisé au mois d’octobre 2022 une tentative de suicide médicamenteuse et faisait depuis « l’objet d’une prescription d’antidépresseurs », a-t-il précisé.
Pendant sa garde à vue, l’adolescent a par ailleurs été soumis à un examen psychiatrique qui « révèle des traits de personnalité anxieuse, une forme d’anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement », a détaillé le magistrat.
Un examen psychiatrique déterminant
Et d’indiquer que l’expert n’a néanmoins retrouvé « en l’état aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni aucune décompensation psychiatrique aigüe » mais « des éléments de dépression de l’adolescent évoluant depuis une année », a souligné M. Bourrier.
Ce premier examen « signifie que l’adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d’une possible altération de son discernement », selon le procureur.
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