« On leur en fait baver » : profs, cadres, étudiants ou chômeurs, 45 hommes et femmes enchaînent les prises de self défense sous l’œil de formateurs attentifs dans un gymnase de la Caserne Serret à Chatel-Saint-Germain (Moselle), où stationne à l’année la CRS 36.
Tous arborent un tee-shirt, polo ou uniforme floqué « Police ». Ils sont les futurs membres de la réserve opérationnelle de la Police nationale, et pour cette première session de formation organisée dans le Grand Est cette année, la préfète déléguée pour la défense et la sécurité de la Zone est, Marie Aubert, est venue encourager les futures recrues.
Renforcer la sécurité du territoire
« L’idée est d’avoir des renforts sur des missions de premier ordre, dans trois directions d’emploi : la CRS autoroutière, la Sécurité publique, qui comprend notamment la police secours, les patrouilles de voie publique ainsi que les commissariats, et la Police aux Frontières », explique Mme Aubert.
Le ministère de l’Intérieur a lancé en mars 2022 cette initiative de Réserve opérationnelle de la Police nationale, avec pour objectif le recrutement de 30.000 réservistes à l’horizon 2030. Des citoyens, de 18 à 67 ans, aux profils très divers, qui ont choisi de s’engager sur leur temps libre pour renforcer la sécurité du territoire. À l’issue de leur formation, les réservistes pourront exercer des missions en uniforme, armés, mais toujours encadrés par des policiers expérimentés, pour renforcer les unités de terrain.
La Zone Est possède trois centres de formation et de recrutement, à la Caserne Serret, sur le site de la CRS 35 à Troyes et celui de la CRS 44 à Joigny, dans l’Yonne, qui va ouvrir dans quelques semaines. Sur les 18 départements des régions Grand-Est et Bourgogne Franche-Comté, 118 réservistes ont été formés en 2022. L’objectif de cette année est de recruter 500 réservistes sur trois sessions, où 23% de femmes se sont inscrites.
À Chatel-Saint-Germain, 45 volontaires se sont engagés. Professeurs, cadres, chômeurs, leur moyenne d’âge est de 45 ans. À 22 ans, Chloé, étudiante en droit à Nancy, est toutefois l’une des plus jeune. Elle a choisi de s’engager dans la réserve pour « avoir un pied dans l’institution et valider que c’est un monde qui m’attire. Mon but c’est d’entrer dans la police nationale à l’issu de mon master ». Jonathan Leroy, 39 ans, chargé de prévention à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Meurthe-et-Moselle, s’est lui engagé pour « continuer cette action que je mène tous les jours dans la santé, aller plus loin dans la protection des personnes, des biens et des instituons. J’ai envie de poursuivre ce sentiment d’utilité et de fierté ». S’il est « très heureux » dans son travail, il n’exclut pas de « peut-être devenir gardien de la paix un jour : je n’exclus rien. Si le terrain me plaît, je pourrai m’investir encore plus et carrément changer de métier ».
74 euros brut par vacation de sept heures
Pendant 15 jours les réservistes en formation ont appris la déontologie de la maison police, les techniques d’interpellation et d’intervention en appui de leurs futurs collègues, et le tir. Le maniement des armes est la seule épreuve éliminatoire : « C’est une question de sécurité, les enjeux sont tels qu’on ne peut pas prendre de risque », prévient Marie Aubert. « Sur le terrain, ils n’ont pas le droit d’interpeller, ni de dresser un procès-verbal, et ils n’interviendront jamais seuls ».
S’ils sont choisis, ils pourront être appelés maximum 90 jours par an, selon leurs disponibilités, rémunérés 74 euros brut par vacation de sept heures. Un complément de revenus bienvenu pour certains.
« Ils sont incroyables », résume Bernard Seurin, sous-brigadier de police qui encadre la formation. « Ce sont des gens très volontaires, qui en veulent. Ils prennent sur leurs congés pour en baver car on leur en fait un peu baver. Ils sont très motivés, certains ne s’attendaient pas forcément à ça : on les fait marcher en ordre serré pour leur montrer la rigueur. Ils sont prêts à apprendre de nous ainsi que des moniteurs. Je suis fier d’eux. »
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