« Promenons‑nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas,
Si le loup y était, il nous mangerait,
Mais comme il n’y est pas,
Il ne nous mangera pas. »
Voici la petite chanson entonnée par la diplomatie française, qui vient de mettre fin aux demandes de tests PCR pour les voyageurs venant de Chine. Ceux‑ci auront duré moins d’un mois, contre plus de trois ans dans l’autre direction lorsque la Chine filtrait impitoyablement les voyageurs étrangers. Cette décision est moins prise pour des considérations sanitaires que diplomatiques : la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a reçu son homologue chinois Wang Yi à Paris le 15 février, lequel a une immense envie de renouer le lien franco‑chinois. Wang « a appelé la France à renforcer sa coopération sur les questions technologiques et commerciales », indique Bloomberg.
Un jour avant, par une singulière ironie du calendrier, le Quai d’Orsay organisait avec les États‑Unis le « cinquième dialogue France – États‑Unis en matière de cybersécurité ». Le Quai rappelle sans sourire qu’au cours de ce dialogue, la France et les États‑Unis ont « évoqué les perspectives de renforcement de la coordination bilatérale en réponse aux cybermenaces », dont on rappellera qu’elles venaient en partie de Russie lorsque celle‑ci en avait encore le temps, mais sont aujourd’hui principalement portées par la Chine : réseaux de hackers de l’armée chinoise, exploitation de failles volontairement introduites dans les outils Huawei installés dans le monde entier, armée d’influenceurs soudoyés par le régime chinois pour servir sa cause, etc.
En ce début d’année, la Chine cherche principalement à trouver du soutien pour contrer ou atténuer l’embargo américain sur les puces électroniques, Washington étant convaincu que Pékin détourne les technologies étrangères pour les utiliser avec des intentions militaires. Le régime communiste a un besoin vital de mettre la main sur les technologies de puces électroniques les plus avancées pour prendre l’ascendant dans la course aux armements en Asie-Pacifique. Chris Miller, professeur à l’université Tufts, explique à la BBC que cette compétition « a lieu aussi bien dans les zones habituelles, à savoir l’équipement des navires de guerre ou la production de missiles, mais implique de plus en plus la question des algorithmes d’intelligence artificielle qui peuvent être employés dans les systèmes militaires ».
“Historiquement, on a toujours constaté que quand des nations puissantes ont des capacités de calcul puissantes, elles les utilisent pour les systèmes d’armement et pour l’espionnage », fait remarquer l’expert.
Le 15 février, pendant que la ministre des Affaires étrangères serrait la main de son homologue chinois, le géant néerlandais ASML, l’une des meilleures entreprises mondiales d’outils dans les techniques de lithographie — qui permettent la production de puces informatiques ultra‑avancées, a déclaré au gouvernement néerlandais s’être fait voler des secrets industriels par un employé chinois. Déjà en 2021, l’entreprise avait révélé que certaines de ces technologies brevetées avaient été illégalement reprises par des compétiteurs chinois.
Avec son « Chip act », les États‑Unis interdisent maintenant l’envoi vers la Chine de tout produit d’électronique avancée intégrant une technologie américaine. Pékin a protesté devant les instances de l’organisation mondiale du commerce, parlant d’un « protectionnisme » américain. Ce type d’action est pourtant probablement le seul à pouvoir permettre d’éviter une guerre mondiale prochaine.
La Chine observe attentivement la situation en Ukraine pour voir de quel côté apparaissent les faiblesses, pour mesurer sa capacité à les exploiter. Paris oublie‑t‑il que Pékin a théorisé le conflit armé de grande ampleur comme une étape naturelle prochaine de son combat contre l’Occident ? C’est malgré ces éléments connus de tous que les conseillers diplomatiques d’Emmanuel Macron l’ont engagé à « reprendre le dialogue », « accepter la Chine telle qu’elle est » et fermer les yeux sur les risques considérables que cette attitude, molle plutôt que diplomatique, fait courir à la France.
Samedi 18 février, le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg leur a directement répondu pendant la Conférence de Munich sur la sécurité : « Pékin observe de près ce qui se passe en Ukraine. Si Poutine gagne là‑bas, bien sûr, cela aura un impact sur leurs décisions quant à la façon de se comporter en Asie (…) La guerre en Ukraine a clairement montré le danger d’une confiance excessive dans les régimes autoritaires. Nous ne devons pas commettre la même erreur avec la Chine et d’autres régimes autoritaires. »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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