À l’abri des regards, cette villa insalubre à Saint-Ouen était devenue un haut-lieu de la prostitution transgenre venue d’Amérique latine : huit personnes sont jugées à partir de lundi à Bobigny pour avoir orchestré un réseau de proxénétisme aux rouages bien huilés.
Pour pouvoir prétendre à une chambre en dortoir dans cette maison close, les organisateurs du réseau exigeaient 100 euros par semaine et 3000 euros pour avoir l’autorisation de travailler au Bois de Boulogne.
« Point de chute » de nombreuses femmes transgenres sud-américaines
C’est à partir de ce renseignement transmis en juillet 2020 par une jeune femme transgenre que les enquêteurs vont se pencher sur la « Villa Biron », une grande maison décatie coincée à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) entre le périphérique nord et la porte de Clignancourt (18e arrondissement de Paris). La maison close est située au 29, rue Villa-Biron, à Saint-Ouen, précise Le Monde.
Sur un forum spécialisé transgenre, les enquêteurs vont tomber sur une annonce qui décrit le logement comme « un petit bordel de transounettes ».
Leurs investigations révèlent que la villa sert de « point de chute » à de nombreuses femmes transgenres sud-américaines fraîchement arrivées en France. Chacune d’entre elles a versé environ 5000 euros à un mentor qui les installe à la Villa Biron, leur assure le gite et le couvert et leur promet de financer leurs opérations chirurgicales en échange de passes.
Dans cette maison close, les prostituées reçoivent des clients à toute heure du jour et de la nuit. L’intérieur a été aménagé en chambres de passes et en pièces de repos de 10 m2 où s’entassent jusqu’à 9 personnes sur des lits superposés.
Trente-cinq femmes transgenres interpellées
Les surveillances mis en place à partir de juillet 2022 par la police vont révéler un va et vient permanent d’hommes.
Les premières interpellations sont menées les mois suivants. Trente-cinq femmes transgenres auditionnées admettront se prostituer au Bois de Boulogne, porte de Saint-Ouen ou dans la villa. Elles expliqueront qu’elles devaient être « parrainées » ou « recrutées » pour avoir droit à une place dans le logement, dans un état décrit comme « désastreux ».
Un arrêté de péril imminent pris en octobre 2018 avait permis quelques travaux à la marge. Selon un plombier souvent sollicité pour des menus travaux, le propriétaire se rendait chaque mois sur place « avec sa valise » pour y percevoir le loyer de ses locataires, qui le craignaient et le qualifiait de « dur ».
Plus de 2 millions d’euros de loyers en 13 ans
Âgé aujourd’hui de 84 ans, J.M. comparaît devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir mis son bien à la disposition de personnes se livrant à la prostitution. Il est également jugé pour avoir soumis ses locataires à des conditions d’hébergement indignes.
Propriétaire d’au moins deux immeubles dans le Val-d’Oise et quatre commerces dans les Hauts-de-Seine, le prévenu est assujetti à l’impôt sur la fortune immobilière. La location des appartements dans la Villa Biron a généré de 2007 à 2022 des revenus évalués à plus de 2 millions d’euros.
Au cours de son interrogatoire, le propriétaire, qui a fait l’acquisition de la villa de Saint-Ouen en 1990, a reconnu s’être rendu compte des activités qui s’y déroulaient depuis 2007 et affirmé avoir déposé plainte contre des locataires.
À ses côtés, cinq prévenus de nationalité péruvienne sont poursuivis pour proxénétisme aggravé, dont une femme transgenre identifiée sous le prénom de « Daniela ». Elle est la responsable de la venue en France, via l’Espagne, de femmes transgenres péruviennes pour les prostituer. Elle percevait des commissions sur leur travail en région parisienne ou lors de tournées en province.
Avec d’autres prévenus, « Daniela » organisait des « juntas » ou tontine, des cagnottes communautaires qui se sont révélées truquées. Les prostituées participaient à ces juntas pour se payer des hormones ou des opérations coûteuses.
Les mis en cause démentent tous les accusations de proxénétisme portées contre eux. Certains ont assuré aux enquêteurs avoir voulu « aider (leur) prochain ».
L’association l’Amicale du Nid, qui accompagne les personnes en situation ou en danger de prostitution, s’est constituée partie civile.
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