Emmanuel Macron réunit jeudi après-midi à l’Élysée les responsables des principales filières affectées par les droits de douane annoncés la veille par Donald Trump, que le Medef voit comme « des mesures d’une extrême gravité pour l’économie européenne. »
Le Président américain Donald Trump a signé un décret généralisant des droits de douane de 10% minimum sur toutes les importations arrivant aux États-Unis et de 20% pour les produits arrivant de l’UE.
« Extrême gravité »
Dans une déclaration transmise à l’AFP, le président du Medef Patrick Martin a dénoncé des mesures « d’une extrême gravité pour l’économie européenne et probablement pour l’économie américaine elle-même. »
« La priorité reste une négociation ferme mais la France et l’Europe doivent en parallèle mettre en place des mesures de soutien aux secteurs impactés », a ajouté M. Martin. « C’est ce que je rappellerai au président de la République cet après midi. »

Emmanuel Macron reçoit à l’Élysée à 16h00 les représentants de filières exportatrices et du patronat. Le Premier ministre François Bayrou et plusieurs ministres seront aussi présents. Selon la liste des invités obtenue par l’AFP, sont notamment attendus les représentants des filières aéronautiques (dont Guillaume Faury, de Airbus), industrielles et agricoles et viticoles.
« Comment soutenir nos industries de production »
Le secteur automobile, qui sera touché par une surtaxe spécifique de 25% sur les voitures importées, sera représenté par Luc Chatel, président la Plateforme automobile (PFA).
Seront également conviés le directeur des Galeries Lafayette Nicolas Houzé, le secrétaire général du numéro un mondial du luxe LVMH Marc-Antoine Jamet et Emmanuel Guichard de la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA). Pour ce dernier, « il y aura forcément un impact pour l’industrie cosmétique de passer de 0% à 20% de droits de douane. Il sera avalé soit par l’inflation, soit par la baisse des volumes vendus avec les États-Unis, notre premier marché à l’export », a-t-il indiqué à l’AFP.
« La première chose, c’est que nous fassions un bilan et prévisionnel de ce que seront les attaques et leurs effets sur l’ensemble des filières. Ensuite, nous regarderons comment nous pouvons soutenir nos industries de production », a déclaré jeudi sur RTL la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. « On voit bien que tous les marchés d’exportation, notamment des vins et spiritueux, sont en train de se fermer. Il va falloir donc supporter notre production européenne », a-t-elle ajouté.
De son côté, le Premier ministre François Bayrou a jugé que cette décision est une « immense difficulté » pour l’Europe et une « catastrophe » pour les États-Unis. À gauche, le socialiste Olivier Faure a également appelé l’UE à riposter. « Depuis le 20 janvier, Trump déroule. Parlons lui dans la seule langue qu’il connaisse, celle du rapport de force », a-t-il réagi sur X.
La Bourse de Paris accusait le coup et perdait plus de 2,6% jeudi vers 13h00.
Le 4e marché à l’exportation de la France
Les États-Unis étaient en 2023 le 4e marché à l’exportation de la France, derrière l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, selon les douanes françaises. Parmi les secteurs les plus exposés figurent l’aéronautique (avec 9 milliards d’euros en 2024, il représente un cinquième des exportations de la France vers les États-Unis), le luxe (parfums, maroquinerie etc.), les vins et le cognac.

« Nous évaluons les impacts potentiels », a déclaré jeudi à l’AFP un porte-parole d’Airbus. « Nous vendons aux États-Unis, nous fabriquons, nous assemblons, nous développons aux États-Unis, comme peu d’autres entreprises », avait expliqué en février le PDG de l’avionneur européen, Guillaume Faury.
Côté vins et alcools distillés, la France, réputée pour ses vins de Bordeaux, de Bourgogne ou de Champagne, en exporte massivement aux États-Unis, qui est son premier marché à l’exportation.
En 2024, quelque 2,4 milliards d’euros de « vins de raisin » ont traversé l’Atlantique pour les États-Unis, auxquels il faut ajouter 1,5 milliard d’euros de « boissons alcoolisés distillées », notamment le cognac. La Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) craint « un recul des exportations (aux États-Unis) d’environ 800 millions d’euros », avec « un impact énorme sur l’emploi et l’économie du secteur ».
D’après les annonces faites mercredi, Donald Trump semble avoir abandonné l’idée d’une taxation à 200% des alcools européens qu’il avait envisagée à la mi-mars.
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