Ce sont des protestants apparus en Suisse dès le XVIe siècle, mais encore largement méconnus: apôtres de la non-violence, les mennonites tiennent dans l’est de la France une rare conférence européenne pour promouvoir leur vie sobre. De jeudi, fête de l’Ascension – la montée de Jésus au ciel pour les chrétiens -, à dimanche, environ 2.000 délégués et fidèles participent à Montbéliard à la Conférence mennonite européenne (CME) qui se tient tous les six ans. La famille spirituelle des anabaptistes mennonites compte à peine plus de 60.000 croyants baptisés – tous à l’âge adulte – en Europe, sur environ 2,1 millions de membres dans le monde, très présents en Afrique, Amérique du Nord ou latine et Asie-Pacifique. Le Vieux Continent est pourtant le berceau de ce mouvement issu de la « Réforme radicale », née dans la Suisse des années 1520.
Le mennonitisme, qui se voit comme un précurseur de la modernité par son soutien à la séparation entre Eglise et Etat, s’est développé grâce à un ancien prêtre catholique hollandais, Menno Simons – d’où son nom – et s’est enraciné aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse et dans l’Est de la France, malgré des persécutions à l’origine de plusieurs vagues migratoires. Quel rapport avec les Amish des Etats-Unis, connus pour leur vie en autarcie, leurs costumes stricts et leurs carrioles à cheval, auxquels on les assimile souvent? Les mennonites modernes sont en quelque sorte les cousins de ces anabaptistes schismatiques qui ont fui l’Alsace pour rester fidèles aux préceptes rigoristes de Jacob Amman. Aujourd’hui, dans les Eglises mennonites d’Europe, « il n’y a plus de règles vestimentaires, sauf la recherche d’une certaine beauté pour les sens et de la modestie », explique à l’AFP le pasteur franco-suisse Claude Baecher, comme en écho à la « simplicité volontaire » à laquelle de nombreux fidèles entendent s’astreindre.
Inscrits dans la tradition d’un « anabaptisme pacifique », les mennonites restent attachés à la non-violence, même si le refus du port d’armes n’est pas « doctrinaire » et a pu souffrir de quelques « accommodements », notamment durant les deux guerres mondiales, selon cet historien.
« Le mennonitisme, c’est d’abord un rapport à l’Évangile marqué: il s’agit de suivre Jésus, dont l’exemple nous interpelle. Naturellement, il y a cette dimension de paix et de non-violence qu’on essaye de vivre au quotidien, jusque dans la dimension verbale de nos relations », abonde Joël Nussbaumer, ancien président de l’Association des Eglises évangéliques mennonites de France (AEEMF), qui rassemble la trentaine de lieux de culte français et leurs 2.000 fidèles adultes. A la conférence européenne de Montbéliard, les mennonites devraient ainsi une nouvelle fois prendre parti contre le salon international de ventes d’armes Eurosatory, organisé du 11 au 15 juin à Villepinte, près de Paris.« Il s’agit d’inciter nos gouvernements à réduire les dépenses militaires et les industriels à être plus sélectifs dans les ventes d’armes », fait valoir Claude Baecher.
Mais c’est le thème de la « transmission » qui sera au cœur de cette 10e CME. La communauté mennonite, dont la population est stable, sinon déclinante, en Europe alors qu’elle est en croissance sur d’autres continents, veut soigner ses jeunes, dans des sociétés post-chrétiennes marquées par la perte de foi. Un recul que tempère Claude Baecher: « Parmi les enfants des familles mennonites, une grosse proportion choisit de suivre notre mode de vie de sobriété joyeuse ». L’accueil des réfugiés en Europe et leur sort dans les pays en guerre figurent aussi parmi les préoccupations des mennonites. Lesquels confectionneront pour eux à Montbéliard des couvertures, à la façon de ces quilts ou patchworks ayant fait la réputation des communautés amish et mennonites.
DC avec L’AFP
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