Un projet de golf près de Perpignan, déclaré d’utilité publique en 2019 par la préfecture, est remis en cause par une association écologiste, alors que le département, accablé par la sécheresse, est soumis à un plan draconien d’économie d’eau.
Le chantier n’a pas encore démarré mais les procédures d’expropriation viennent d’être engagées, ce qui a décidé l’association Pays catalan écologie à déposer le 28 avril un recours devant la préfecture des Pyrénées-Orientales, demandant au préfet de faire machine arrière, et de retirer les autorisations administratives.
Selon l’association écologiste, le projet de construction d’un golf, d’un hôtel, d’une piscine et de 600 logements dans cette commune située à 10 minutes de Perpignan et du littoral méditerranéen, met en doute l’« utilité publique » de l’entreprise. « Il y a un principe de réalité, on ne peut plus nier le problème de sécheresse », estime auprès de l’AFP le président de Pays catalan écologie, Jean Codognès.
« En 2019, poursuit-il, on peut comprendre que cette autorisation ait été délivrée. Aujourd’hui, c’est scandaleux ». Jugeant excessive la consommation d’eau dans les golfs, il appelle à « ce que l’effort soit partagé ». « Si les riches peuvent jouer au golf et si on interdit aux pauvres de remplir une piscine gonflable devant chez eux, ça ne peut pas marcher », dit-il.
Réutilisation de l’eau d’une station d’épuration
Parmi les mesures de restriction d’eau en vigueur depuis le 10 mai dans les Pyrénées-Orientales, figure l’interdiction d’acheter des piscines hors sol, de les remplir ou de les remettre à niveau. Quant aux golfs, l’arrosage est autorisé partiellement, seulement s’il s’agit d’eau provenant d’un circuit de réutilisation.
« L’eau dans l’agriculture ça me paraît important, pour jouer au golf, beaucoup moins, martèle Jean Codognès. On a un problème d’acceptabilité des contraintes, ce qui est la clé de la réussite de l’adaptation climatique ».
Sollicitée par l’AFP, la préfecture des Pyrénées-Orientales dit avoir « bien pris connaissance il y a quelques jours de ce recours qui porte sur une autorisation accordée en 2019 ». Une autorisation, précise la préfecture, « qui prévoit notamment que le golf soit alimenté en eau par de l’eau issue de la réutilisation de station d’épuration ». Le préfet des Pyrénées-Orientales dispose d’un délai de deux mois pour répondre au recours.
Un projet « vertueux pour l’environnement »
À Villeneuve-de-la-Raho, la maire LR Jacqueline Irles, à l’origine du projet, met en avant son utilité économique. Elle affirme que la station d’épuration fournirait 90% des besoins en eau du complexe. « Ces terrains sont constructibles, on aurait pu avoir du béton partout, fait remarquer l’ancienne députée. Aux portes d’une ville de 120.000 habitants (Perpignan, NDLR), ce projet de golf, c’est un tampon vert pour conserver une qualité de vie et un bel environnement ».
Selon elle, l’utilisation pour l’irrigation des eaux usées retraitées et qui « ne prend pas une goutte d’eau dans les nappes » en fait un projet « vertueux pour l’environnement » et serait également un vecteur de 200 emplois directs et indirects. « Dans le département le plus pauvre de France, on ne peut pas s’en priver », insiste-t-elle.
Les Pyrénées-Orientales comptent déjà trois golfs 18 trous, dont celui de la station balnéaire de Saint-Cyprien, situé à 12 km de Villeneuve-de-la-Raho. La semaine dernière, le préfet de l’Hérault a recalé un projet de golf avec des logements de luxe, près de Montpellier, mettant en avant le « contexte de sécheresse précoce et de nécessaire préservation de la ressource en eau ».
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