À 62 ans, « j’ai eu l’impression qu’il y avait une date de péremption » : des cadres seniors en quête d’emploi partagent leur ressenti lors d’un atelier organisé pour eux par l’Apec.
En cette matinée de fin janvier, ils sont sept (cinq femmes et deux hommes) autour d’une grande table dans les locaux du 14e arrondissement de Paris de l’Association pour l’emploi des cadres.
L’objectif de l’atelier est de « valoriser son parcours, son expérience et son employabilité en tant que senior », leur explique l’animatrice, Alexandra Petitsigne, qui accompagne des cadres depuis dix ans.
Pascale Wilmet, 51 ans, entame le tour de table. Cette femme a subi un licenciement économique en septembre dans l’association où elle formait des personnes sourdes et malentendantes. Elle est là pour voir comment transférer son savoir-faire « dans un domaine plus large », mais aussi pour « créer du lien ».
« J’ai eu l’impression qu’il y avait une date de péremption »
À ses côtés, Patrick (prénom modifié), explique qu’il a eu « un accident de carrière il y a quelques mois » avec une start-up dans l’innovation.
« Je me retrouve sur le marché à 62 ans, j’ai eu l’impression qu’il y avait une date de péremption et que les CV que j’envoyais ne passaient pas les filtres de l’âge », glisse-t-il. « C’était un petit peu la panique », ajoute en souriant ce cadre, venu voir « ce qu’on peut faire dans ces cas-là ».
L’atelier est émaillé de travaux pratiques ou de jeux de rôle pour repérer ses atouts et donner « des clés » qui pourront être complétées par d’autres séances en groupe ou en individuel.
« On est un beau produit mature »
« On est un beau produit mature », dit Isabelle, l’une des deux seules actuellement en poste et qui cherche à 55 ans quoi faire du « dernier quart » de sa vie professionnelle.
Une autre participante, qui à « bientôt 57 ans » cherche un poste dans l’enseignement et la recherche, salue cet esprit positif, « un atout extrêmement important pour faire tomber les préjugés ».
Dans les ressources humaines, la benjamine de l’assistance, Olivia Mikol, 44 ans, dit avoir déjà « un peu peur » des taux d’emploi des seniors qui augmentent certes mais « restent super bas ».
La réforme des retraites, qui « préoccupe » certains des participants, doit faire monter ces taux, alors que les seniors de 55 ans et plus représentent 102.000 cadres demandeurs d’emploi (dont 36% de demandeurs d’emploi longue durée).
En aparté, Alexandra Petitsigne constate que l’angoisse des seniors est en progression avec le « jeunisme » qui sévit en France. « Cet atelier sert aussi à ça : dire ses craintes, ses peurs » et « sortir de l’isolement », souligne-t-elle. Car « quand on se retrouve au bord de la route à un moment où on l’on sent qu’on n’a plus la même valeur, c’est une énorme angoisse ».
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