Quand la douane belge traque les lapins de Pâques à l’ecstasy

Par Epoch Times avec AFP
7 avril 2023 13:10 Mis à jour: 7 avril 2023 14:26

Les lapins belges seront un régal pour les enfants du monde entier ce week-end de Pâques, mais tous ne sont pas moulés avec le célèbre chocolat praliné du pays. Un lot saisi cette semaine à l’aéroport international de Bruxelles a été fabriqué à partir d’un bloc de MDMA destiné à être converti en pilules d’ecstasy, une drogue utilisée durant les raves (fêtes techno), a expliqué à l’AFP Pol Meuleneire, 61 ans, un vétéran des douanes belges.

Considérée comme une porte d’entrée en Europe de la cocaïne fabriquée en Amérique Latine, la Belgique est aussi devenue une plaque tournante pour les drogues synthétiques fabriquées en Europe et expédiées dans le monde entier par voie postale.

Pol Meuleneire, qui doit prendre sa retraite dans quelques mois, a raconté combien les temps ont changé par rapport à son début de carrière, quand trouver seulement 10 grammes de cannabis dans une enveloppe suscitait l’excitation des douaniers. Aujourd’hui, son espace de travail dans un immeuble de bureaux de la zone de fret de l’aéroport de Bruxelles déborde de colis suspects et de sacs et pots remplis de pilules et de poudres illégales.

« Dark web » et colis postaux

« En 2022, nous avons saisi près de six tonnes de drogues à l’aéroport », indique Florence Angelici, porte-parole du service public fédéral des finances du royaume. « Cela circule partout dans le monde. Aujourd’hui, les gens peuvent commander en ligne sur le ‘dark web’ en quelques clics et faire livrer à leur domicile », souligne-t-elle.

Les faux lapins en chocolat interceptés au terminal de fret de l’aéroport de Bruxelles avaient été emballés et postés en Belgique dans un colis à destination de Hong Kong. M. Meuleneire a pressé son scanner portable – un spectroscope Raman, qui peut identifier les substances par leur empreinte chimique – contre la base d’un lapin couleur chocolat. L’écran a clignoté en vert et l’analyse était claire : « Attention, MDMA (ecstasy) ».

(KENZO TRIBOUILLARD/AFP via Getty Images)

Durant la visite des journalistes de l’AFP, M. Meuleneire a découvert plusieurs autres produits illicites dans des colis reçus la semaine dernière, qu’il a ouverts avec son cutter. Une boîte de repas de la marque « Peppa Pig » destinée à la Nouvelle-Zélande semblait normale à première vue, mais son emballage était trop lourd pour n’être que du carton et du plastique. Il était fourré de kétamine, un anesthésique utilisé comme drogue récréative. Cette substance est l’une des exportations illégales les plus souvent découvertes au centre postal de l’aéroport.

Tout est bon pour dissimuler la drogue

Mais les douaniers trouvent de tout. Une boîte de petit chimiste – un jeu pour enfants – contenait un sac de méthamphétamine en cristaux, un stimulant synthétique illégal et addictif. La cocaïne est dissimulée dans des paquets de plastique entre deux couches d’emballage en carton, ce qui alourdit le colis et le rend suspect pour un douanier expérimenté.

Anvers en Belgique est le principal port d’entrée en Europe pour la cocaïne d’Amérique latine. Une partie est réexportée par la poste vers des pays comme l’Australie, où elle se vend plus cher. Les gangs du Venezuela qui exportent des stupéfiants vers l’Europe importent à leur tour de Belgique des drogues synthétiques, comme la méthamphétamine en cristaux. Elles sont fabriquées dans des laboratoires aux Pays-Bas et en Belgique, expliquent les douaniers belges. La kétamine, la MDMA et la méthamphétamine sont dissimulées dans des objets du quotidien ou dans des pots étiquetés comme suppléments vitaminés puis expédiés depuis des bureaux de poste ordinaires situés en Belgique, en France ou en Allemagne. « Les passeurs utilisent des mules pour transporter les colis et les envoyer par la poste dans le monde », explique Florence Angelici.

À l’aéroport de Bruxelles, une plateforme informatisée sélectionne les colis en fonction des caractéristiques suspectes connues et les douaniers se mettent au travail pour les scanner et, dans certains cas, les ouvrir. Parmi les découvertes les plus surprenantes, Pol Meuleneire montre des portraits du Christ dont les encadrements étaient bourrés de drogues, des ours en peluche pleins de pilules et des pipes en cuivre remplies de tranquillisants vétérinaires.

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