La colère des agriculteurs ne faiblit pas, témoignant d’un « ras-le-bol » profond. Depuis jeudi 18 janvier, ils bloquent l’autoroute A64, près de Toulouse (Haute-Garonne). Dimanche, ils se sont aussi rassemblés devant des administrations ou sur des ronds-points de la région, rappelant l’action des « gilets jaunes ». À Perpignan, le blocage du péage Sud de l’autoroute A9 s’est formé ce lundi.
Ce lundi 22 janvier, au niveau de l’autoroute A9, près de Perpignan, environ 200 agriculteurs se sont rassemblés dans une manifestation de grande ampleur, provoquant d’énormes perturbations sur la circulation. Et ils ont l’intention de rester durant plusieurs jours. Pendant quatre jours consécutifs, ils ont également manifesté leur mécontentement en bloquant l’autoroute A64, au niveau de la commune de Carbonne. Ces manifestations sont provoquées par des charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes, ainsi que la hausse progressive de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR).
À Perpignan, le péage de l’autoroute A9 bloqué
Formant plusieurs cortèges, une trentaine de tracteurs se sont rassemblés avant le péage sud de l’autoroute A9 ce lundi matin vers 10 heures, rapporte Actu Perpignan. Leur présence a provoqué de fortes perturbations sur la circulation routière et des bouchons de plus en plus importants se sont formés. Des bennes ont été déversées devant les barrières du péage en fin de matinée.
Les agriculteurs, qui veulent se faire entendre, ont l’intention de manifester ainsi durant plusieurs jours en menant diverses actions symboliques dans les Pyrénées-Orientales. « On est là pour se battre, pour se faire entendre. Cette année sera décisive dans notre département. Si personne ne bouge, on est mort ! » a indiqué à Actu Perpignan Jean, un agriculteur-viticulteur basé à Bages.
? #Perpignan : à l’origine de ce rassemblement, Jean, un viticulteur de Bages, prévient : « S’il faut rester des jours, on restera ! » @actuperpignan pic.twitter.com/CMAlgaqvaN
— Thibaut Calatayud (@thibautcala) January 22, 2024
« Tout le monde agricole national est en train de se réveiller »
« Tout le monde agricole national est en train de se réveiller », a indiqué au micro de LCI ce dimanche 21 janvier Jérôme Bayle, un éleveur de bovins de la région, à l’origine de cette mobilisation. Cet agriculteur a indiqué trois revendications. La première étant la lutte contre la maladie hémorragique épizootique MHE – qui sévit actuellement en région Occitanie et affecte principalement les bovins, se traduisant par de la fièvre, de l’anorexie, des boiteries et une détresse respiratoire – la seconde étant le tarif du GNR, qui est une « cause nationale voire européenne », a souligné Jérôme Bayle avant de mentionner la troisième revendication, liée au problème de l’irrigation. Sur cette question, il a dénoncé « toutes les interdictions de faire des lacs et des retenues d’eau » et a demandé que les agriculteurs puissent stocker l’eau, car il y a « de plus en plus de population ».
« La séduction par les paroles et les médias, je n’y crois pas », a rétorqué l’éleveur de bovins à la journaliste de LCI qui lui demandait son avis sur l’attitude des hommes politiques vis-à-vis de la profession durant les jours précédents. Elle a rappelé au passage que le Premier ministre Gabriel Attal s’était récemment exprimé sur ce sujet, en déclarant le prendre « très au sérieux », et a ajouté que le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau s’était rendu dans une exploitation agricole, précisément un élevage laitier dans le Cher.
« À force de vouloir nous rouler dans la farine, vous allez vraiment faire monter la colère »
« Nous sommes des gens de valeurs, nous sommes des gens de la terre, et nous ne croyons que les paroles, mais pas les paroles des hommes politiques », a-t-il expliqué, soulignant que malheureusement, la confiance entre le niveau politique et le monde agricole s’était vraiment coupée. « Et maintenant on ne fait plus confiance à leurs paroles, maintenant on veut des actes et on veut des papiers signés », a-t-il poursuivi.
Prenant l’exemple du dossier MHE – pour lequel une annonce concernant une « avancée » a été faite – l’agriculteur constate qu’il n’y a « rien de concret ». « À force de vouloir nous rouler dans la farine, vous allez vraiment faire monter la colère. On voit que toutes les régions de France sont en train de se lancer dans le mouvement. Et je l’ai toujours dit, quand la terre va se réveiller, les murs vont trembler ».
Les agriculteurs demandent par ailleurs à Gabriel Attal de se rendre sur place. Ce dernier, qui est confronté à sa première crise depuis sa nomination le 11 janvier, recevra le syndicat agricole FNSEA et le syndicat allié Jeunes agriculteurs ce lundi 22 janvier à 18 heures à Matignon. La FNSEA attend des « actes concrets » après le report de « quelques semaines » d’un projet de loi qui doit être étoffé. Elle a d’ores et déjà annoncé qu’à défaut d’avancée rapide sur les différents points de discorde, elle menaçait d’amplifier les actions et de chahuter la visite d’Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture, qui se tiendra à partir du 24 février à Paris.
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