Quand le Parti communiste chinois commandite l’agression de réfugiés chinois à La Réunion

Par Sarita Modmesaïb
3 mars 2025 16:24 Mis à jour: 4 mars 2025 18:16

Le 16 février dernier, une réfugiée chinoise, pratiquante de la discipline de méditation Falun Gong, a été violentée par des agents chargés de la sécurité lors de festivités chinoises, dans le sud de La Réunion.

Les 15 et 16 février dernier, s’achevaient les festivités chinoises de la Fête des Lanternes, laquelle vient clôturer les fêtes du Nouvel An chinois. À La Réunion, où la communauté chinoise est bien implantée, la Fête des Lanternes a été célébrée avec faste sur les Jardins de la Plage à Saint-Pierre.

Danses du dragon, chants et danses traditionnelles chinoise, ateliers de médecine chinoise, jeu du Mahjong, calligraphie chinoise… l’intérêt du programme a attiré des Réunionnais de toute l’île.

Pourtant, un incident grave est venu entacher cette belle journée : Mme Shan (ndlr : nom modifié pour préserver sa sécurité), une pratiquante de la discipline de méditation Falun Gong, a été agressée et poursuivie par des agents de sécurité des organisateurs de la fête.

Persécutés pour leur croyance

Mme Shan est une Chinoise récemment arrivée sur le sol français de La Réunion où elle a été reconnue réfugiée. Du fait que le régime chinois communiste persécute et torture à mort illégalement les pratiquants de Falun Gong depuis 1999, Mme Shan et son mari ont subi en Chine continentale une violente répression. Outre les emprisonnements et les tortures, nombre de pratiquants de cette discipline ont été tués après avoir subi des prélèvements forcés d’organes.

Mme Shan et son mari ont ainsi été les victimes de ces tortures : pratiquante depuis 1997, Mme Shan a été emprisonnée en 2000 et a subi un « lavage de cerveau » dans un « camp de rééducation par le travail », ce qui l’a amenée indirectement à perdre son entreprise. En 2004, son mari, pratiquant également, et elle, ont été de nouveau emprisonnés et torturés. À cette époque, il a été administré à son mari des substances qui lui ont empoisonné le sang, le faisant sombrer dans le coma après chaque injection. Mais, contre toute attente du personnel médical de la prison, M. Shan n’en est pas mort. Son système nerveux central a toutefois été atteint, nécessitant d’ailleurs une hospitalisation à son arrivée à La Réunion. La famille a dû déménager de nombreuses fois en Chine avant de s’exiler, en quête d’une terre d’asile.

Courant des années 2000 (ndlr : pour des raisons de sécurité, la date a été modifiée) la famille Shan, est arrivée à La Réunion, où ils ont obtenu le statut de réfugiés.

Agressés sur le sol français

Ce 16 février, en apprenant que cette fête populaire chinoise aurait lieu, Mme Shan a tenu à se déplacer afin d’informer et alerter de l’existence de cette persécution et des prélèvements forcés d’organes sur des personnes vivantes en Chine.

Aussi, a-t-elle décidé, ce dimanche 16 février, de distribuer des dépliants clarifiant les faits sur la persécution. Accompagnée de deux autres pratiquants chinois, ils se sont rendus à l’évènement organisé à St-Pierre, dans le sud de l’île, et ont commencé à distribuer des dépliants de clarification devant l’entrée des Jardins de la Plage, afin d’informer les visiteurs de la persécution en Chine.

Ils sont restés sur le trottoir d’en face, distribuant les dépliants aux passants et aux personnes qui se rendaient à la fête. Des agents de sécurité sont alors sortis du site des festivités.

Voici un extrait de la déposition de Mme Shan, faite le 17 février au commissariat de police : « Après m’avoir encerclée, environ 3 à 4 agents de sécurité masculins, en uniforme noir, sont arrivés. Ils m’ont brutalement contrôlée et ont volé mes tracts par derrière. À ce moment-là, ils n’ont pas parlé, n’ont pas montré de badge de travail, ni de documents légaux. Après avoir volé mes tracts, ils sont partis et sont retournés à leur lieu d’activité. Leur comportement était semblable à celui de bandits. Je suis restée totalement apeurée, cela m’a rappelé les persécutions que j’ai subies en Chine, similaires à celles des policiers du PCC persécutant les dissidents. Pour recueillir des preuves, je les ai poursuivis, j’ai filmé une vidéo et pris des photos avec mon téléphone. En m’approchant de leur lieu d’activité, l’agent de sécurité masculin a vu que je filmais avec mon téléphone et n’a pas osé agir, tandis que l’agent de sécurité féminin et un autre agent masculin ont commencé à essayer de me voler mon téléphone. Ils ont tenté de m’intercepter, mais heureusement, j’ai réagi rapidement et je n’ai pas laissé mon téléphone échapper. Lorsque l’agent de sécurité féminin est rapidement venu pour saisir mon téléphone, elle a cassé mon collier, et j’ai entendu l’agent de sécurité masculin crier à l’agent féminin. J’étais particulièrement choquée et effrayée. J’ai rapidement plongé dans la foule et couru vers la plage. J’ai également remarqué qu’il y avait plusieurs agents de sécurité masculins et féminins ainsi que 3 à 4 femmes chinoises en tenues rouges qui me suivaient. Leur comportement était sauvage et violent, c’était du vol et des coups avec des dommages malveillants à des biens personnels. Jusqu’à aujourd’hui, mes épaules et mon dos me font mal ».

L’agent de sécurité qui a tenté de voler le téléphone de Mme Shan, se dissimule avec sa main, le 16 février 2025 à Saint-Pierre de La Réunion. (Epoch Times)

M. Zhen (ndlr : nom modifié pour sa sécurité), qui l’accompagnait, a aussi témoigné des vols de dépliants ainsi que des poursuites qui ont suivi.

Une personnalité chinoise invitée aux festivités

Ces agressions violentes sont, bien sûr, complètement illégales sur le sol français : la distribution de documents sur la voie publique n’est pas interdite, alors que le vol de documents et la tentative de saisie et de destruction d’objets personnels (téléphone) sont totalement prohibés.

Ces actes ont probablement été commandités par ceux qui employaient les agents de sécurité, à savoir les organisateurs des festivités : des associations culturelles chinoises, pourtant bien implantées à La Réunion depuis des décennies.

On peut donc s’interroger sur les raisons de ces intimidations. De même que des pays tels que la Thaïlande commettent des actes de persécution suite aux pressions faites par le PCC, il semblerait que la présence d’une personnalité chinoise ait un lien avec cet événement. En effet, ce 16 février, un invité prestigieux siégeait aux côtés des organisateurs : Chen Xiaolei, consul général de la République Populaire de Chine à La Réunion et donc, représentant du PCC sur l’île, était ainsi présent à la Fête des Lanternes.

Le PCC n’en est pas à son coup d’essai concernant les tentatives d’intimidation sur des sols étrangers.

Un document de l’IRSEM de 2021, intitulé « Les opérations d’influence chinoises », relate certains de ces faits : « En 2006, le visa de Wang Pengfei, deuxième secrétaire du Bureau de l’éducation à l’ambassade de Chine à Ottawa, n’est pas renouvelé et il doit quitter le territoire, après qu’il a été établi qu’il « avait en particulier pour tâche de ficher les pratiquants du Falun Gong au Canada et de leur mener la vie dure». Il s’appuyait notamment sur « la vingtaine d’associations d’étudiants chinois implantées dans les principales universités du pays » – d’une façon d’ailleurs pas toujours discrète comme en témoigne cet article du Chinese Scholars Abroad Magazine dans lequel, en 2004, il remerciait le président de l’association des étudiants de l’UQAM pour ses « activités de propagande […] et ses activités braves et ingénieuses contre le Falun Gong» ».

En janvier 2025, dans un parc à Helsinki (Finlande), un pratiquant de Falun Gong a été attaqué par deux Chinois alors qu’il distribuait des dépliants clarifiant les faits sur la persécution en Chine.

Finlande, Canada, mais aussi États-Unis, Brésil ou Argentine, les cas d’agressions et d’intimidations de réfugiés pratiquant le Falun Gong se multiplient, laissant entendre une politique agressive du PCC hors de Chine.

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