Depuis le 3 janvier 2018, les spectateurs français peuvent découvrir au cinéma Tharlo, le berger tibétain, réalisé en 2015 par Pema Tseden, inconnu du grand public occidental mais dont la renommée est maintenant bien établie au Tibet. Ce film tibétain est une première en France, bien qu’au Tibet et en Chine, il ait déjà été vu par un million de spectateurs.
La présence de ce film sur les écrans est le fruit de l’audace d’une maison de distribution, ED, qui donne à voir depuis vingt-deux ans des films singuliers, hors norme et à contre-courant du cinéma commercial. Tharlo, c’est un film de deux heures en noir et blanc, tourné en grande partie en tibétain, une langue rarement entendue, ici dans sa variante de l’Amdo (l’une des trois grandes régions traditionnelles tibétaines), sans star et sans budget publicitaire.
Depuis sa première mondiale en septembre 2015 au Festival du film international de Venise, le film a été nominé et primé dans de nombreux festivals. À la fois dépouillée et exigeante, cette œuvre, d’une noirceur radicale, propose plusieurs interprétations d’un récit d’apparence simple.
Injonction de l’État chinois
L’histoire de Tharlo est celle d’un berger menant une vie simple, qui se voit sommé de faire faire une carte d’identité comme tous les citoyens de la République populaire de Chine. Mais quand il est se rend au commissariat, Tharlo met du temps à donner son vrai nom. Orphelin, il s’est habitué depuis l’enfance à son surnom, « Petite-Natte ». De plus, il ignore son âge : il pense avoir dans les quarante ans – sa connaissance d’un discours célèbre de Mao Zedong signale en effet une éducation sommaire pendant la Révolution culturelle.
Tharlo qui a traversé la vie avec sobriété et sans papiers interroge le commissaire sur cette nouvelle injonction et leur utilité. L’officier assène : « Comment feras-tu pour qu’on sache qui tu es, si tu vas à la ville ? » La réponse de Tharlo est confondante de simplicité : « Je sais qui je suis, cela me suffit ». Mais cela ne satisfait à l’évidence pas la logique d’État qui impose à tous les citoyens de se procurer des papiers en règle, bien que dans les zones tibétaines, beaucoup n’en ont toujours pas.
Dompter ses cheveux, changer d’identité
Le commissaire l’envoie chez la photographe Dekyi, qui lui demande de passer chez le coiffeur. Sa chevelure sale et désordonnée ne convient en effet pas pour la photo d’une pièce d’identité officielle. Dans le salon de coiffure il rencontre la propriétaire, Yangtso, une Tibétaine au mode de vie opposé au sien, aux cheveux courts et bien propres. Elle l’interroge sur sa vie. Les regards se croisent dans le miroir, Tharlo le solitaire est troublé.
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