Que se passe-t-il lorsque l’on mange trop peu de sel ?

Par Martha Rosenberg
22 mars 2024 07:08 Mis à jour: 22 mars 2024 07:10

Peu de gens contesteraient le fait que le régime alimentaire occidental contient trop de sel. Il ne s’agit pas seulement des aliments transformés et salés que l’on trouve si facilement dans les magasins de proximité et même dans les stations-service et que nous ne devrions probablement pas manger, mais aussi de tout le sel que nous ajoutons à nos repas.

En fait, on observe souvent que les gens ajoutent du sel à leur nourriture avant même de la goûter.

Alors que l’OMS recommande aux adultes de ne pas consommer plus de 5 g de sel par jour,(2g pour les enfants), les français consomment en moyenne 7,9 grammes de sel par jour chez les adultes, près de 8 % en consommant plus de 12 grammes. Le problème est que, selon l’OMS, le principal effet sur la santé d’une alimentation riche en sodium est l’hypertension artérielle, qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de cancer gastrique, d’obésité, d’ostéoporose, de maladie de Ménière et de maladie rénale.

Pourtant, selon un article publié dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) en 2011, des questions sur les risques et les corrélations subsistent. Les auteurs de l’article du JAMA indiquent que le niveau recommandé par l’OMS est largement basé sur des projections faites à partir d’essais cliniques relativement petits et à court terme évaluant les effets de la restriction du sodium sur la pression artérielle dans les populations de prévention primaire ».

« Cependant, les résultats des études de cohortes prospectives, évaluant l’association entre l’apport en sodium et les événements CV [cardiovasculaires], ont été contradictoires. Par exemple, bien que certaines aient rapporté une association positive entre l’apport en sodium et la mortalité CV, d’autres ne l’ont pas fait, et d’autres encore ont rapporté une association inverse ».

Si peu de sources médicales contestent les liens entre l’excès de sodium et l’hypertension artérielle, les régimes hyposodés peuvent avoir des effets contre-intuitifs sur le cholestérol.

Il a été démontré que le cholestérol — qui est également appelé mauvais cholestérol, par opposition aux HDL (lipoprotéines de haute densité), le soi-disant bon cholestérol — est plus élevé dans le cadre d’un régime pauvre en sel.

Un article publié dans la Cochrane Database of Systematic Reviews, qui fait partie d’une revue comprenant des évaluations, des protocoles, des éditoriaux et des suppléments, a étudié les effets d’un régime pauvre en sodium sur la tension artérielle et d’autres facteurs de risque de maladie, notamment le cholestérol et les triglycérides. L’étude a révélé que la réduction du sodium entraînait une augmentation de 2,5 % du cholestérol et de 7 % des triglycérides, un type de graisse présent dans le sang.

Des recherches menées en 2018 dans la revue Medicine Baltimore ont mis en évidence une corrélation inverse similaire entre une faible teneur en sodium et un taux de cholestérol élevé chez les femmes hypertendues présentant un excès de poids, mais n’ont pas trouvé de corrélation statistiquement significative chez les femmes hypertendues ne présentant pas d’excès de poids.

« Les mécanismes associés aux modifications de ces lipides semblent être liés au fait qu’un apport limité en sodium réduit la teneur en eau du corps et que, pour tenter de rétablir un volume plasmatique faible, l’épinéphrine, la rénine et l’angiotensine augmentent », écrivent les auteurs.

« Ces hormones inhibent l’insuline, provoquant une résistance à l’insuline et, par conséquent, une insuline élevée, compromettant le métabolisme des lipides et augmentant le cholestérol sanguin.

En savoir plus sur la résistance à l’insuline et le diabète

« Le diabète de type 2 augmente dans le monde entier et prend des proportions épidémiques … imposant un fardeau majeur au système de santé », peut-on lire dans une étude publiée dans la revue Diabetes. « Il est désormais généralement admis que la résistance à l’insuline et le dysfonctionnement des cellules bêta sont des facteurs majeurs impliqués dans le développement du diabète. »

Mais quel est le rôle éventuel des régimes hyposodés dans le fléau actuel du diabète ?

« La littérature sur l’apport en sel et la sensibilité à l’insuline présente un tableau contrasté, certaines études ayant montré une augmentation, tandis que d’autres ont montré une diminution de l’action de l’insuline lorsque l’apport en sodium est accru », peut-on lire dans une étude publiée dans la revue Clinical Science.

« Nous proposons que l’augmentation de 4 à 5 fois de l’aldostérone sérique et la plus grande augmentation de la concentration de noradrénaline plasmatique après l’intervention à faible teneur en sel par rapport à la période à forte teneur en sel peuvent avoir contribué aux différences de sensibilité à l’insuline après l’ajustement de l’apport alimentaire en sodium. »

Traduction : La réduction du sodium a aggravé la résistance à l’insuline.

« Les régimes pauvres en sodium peuvent avoir un effet négatif sur la résistance à l’insuline », peut-on lire dans une étude publiée dans l’American Journal of Medicine.

Questions sur les bienfaits cardiovasculaires

Si les bienfaits cardiovasculaires d’un régime pauvre en sel sont largement reconnus, ils sont aussi parfois contestés. Une étude publiée dans l’American Journal of Medicine indique qu' »il existe des preuves qu’un régime pauvre en sodium peut conduire à un pronostic cardiovasculaire plus défavorable chez les patients présentant un risque cardiométabolique et une maladie cardiovasculaire (MCV) établie ».

La recherche publiée dans le JAMA visait à évaluer si le sodium, tel que déterminé par l’excrétion urinaire de sodium sur 24 heures, pouvait prédire ou affecter les résultats en matière de santé et la pression artérielle. Les chercheurs ont constaté qu’un régime pauvre en sodium pouvait sérieusement aggraver les symptômes des patients.

« Dans cette cohorte basée sur la population, la pression artérielle systolique, mais pas la pression diastolique, évolue dans le temps en fonction de l’excrétion de sodium, mais cette association ne se traduit pas par un risque plus élevé d’hypertension ou de complications cardiovasculaires. Une excrétion de sodium plus faible était associée à une mortalité plus élevée due aux MCV », ont-ils écrit.

Hyponatrémie

Certains se souviennent peut-être d’avoir entendu parler d’athlètes d’endurance, en particulier de marathoniens, souffrant d’ « hyponatrémie » ou d’un faible taux de sodium dans le sang. Pouvant parfois être comprise comme due à une déshydratation, cette affection peut provoquer des maux de tête, des crises d’épilepsie, un coma, voire la mort. Chez les sportifs, l’hyponatrémie peut résulter d’une consommation excessive d’eau sans remplacement du sodium perdu par l’effort et la transpiration. Chez les personnes âgées, l’hyponatrémie peut résulter de la prise de médicaments qui réduisent le taux de sodium dans le sang.

Après avoir étudié des athlètes d’endurance, une recherche récente publiée dans Frontiers of Nutrition indique que « le fait de recommander que l’apport en liquide des athlètes lors des épreuves d’endurance soit fonction de leur soif a presque entièrement empêché le développement de l’hyponatrémie », une « solution » plutôt facile à mettre en œuvre par rapport à d’autres problèmes médicaux existants. Bien entendu, il n’en va pas de même pour l’hyponatrémie chez les personnes âgées, qui est probablement beaucoup plus compliquée.

Les experts s’expriment

« Si nous découvrons qu’une trop grande quantité d’un produit peut être nocive, notre réflexe naturel est de l’éliminer complètement », a déclaré à Epoch Times le Dr May Hindmarsh, qui, avec son mari , pratique la médecine d’urgence.

« Cependant, une quantité insuffisante de sodium est également nocive, et peut-être même plus qu’une quantité excessive. Des pressions ont été exercées pour réduire le sel, l’éliminer et imposer des régimes très pauvres en sodium, qui se sont révélés tout aussi délétères, sinon plus.

« L’hypertension est plus susceptible d’être causée par un régime pauvre en sel parce qu’il provoque une résistance à l’insuline et augmente les hormones de stress telles que l’adrénaline et la noradrénaline, ainsi que les hormones de rigidification des artères.

« L’autre problème est le type de sel que les gens consomment et ce qu’il contient. Les aliments transformés sont chargés de sodium, mais aussi de nombreux produits malsains, tels que le sirop de maïs à haute teneur en fructose, les conservateurs et d’autres produits chimiques ».

Le Dr Tim Hindmarsh a déclaré à Epoch Times : « Une consommation excessive d’eau – surtout si elle n’est pas associée à une augmentation de la consommation de sodium – peut entraîner une hyponatrémie, une complication potentiellement mortelle d’un niveau trop faible de sel.

« C’est tellement facile à réaliser que le triathlon Ironman d’Hawaï a connu chaque année de nombreux cas d’hyponatrémie dus à une faible consommation de sodium combinée à une trop grande consommation d’eau plate. Tout cela en faisant de l’exercice pendant 18 heures sous le soleil hawaïen. Personne ne peut suivre un régime à très faible teneur en sel et survivre, un point c’est tout ».

Le Dr Bill Wilson , médecin de famille et auteur de « Brain Drain« , partage cet avis.

« Le sel ne devrait pas être au centre des préoccupations lorsqu’il s’agit de problèmes médicaux courants tels que l’hypertension », a-t-il déclaré à Epoch Times. « L’inflammation est clairement à l’origine de nombreuses maladies chroniques courantes.

Conclusion

Il est clair que le jury n’a pas encore tranché sur les avantages et les risques des régimes pauvres en sodium. Un médecin est bien sûr le meilleur guide en ce qui concerne le rôle du sodium dans l’alimentation, à condition qu’il soit au courant des nombreuses et diverses découvertes sur l’apport en sel. Veiller à ce que le médecin tienne compte de l’influence de la teneur en sodium sur les affections dont on peut souffrir, comme l’hypertension artérielle sensible au sel.

L’excès de sodium peut être nocif pour la santé, comme on nous le dit souvent, mais apparemment, il arrive aussi que l’insuffisance de sodium pose problème.

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