Que signifient les droits de douane de Donald Trump pour l’UE ?

L'Europe a des options pour soit atténuer les tarifs douaniers potentiels de Donald Trump, soit peut-être même les éviter, affirment les experts

Par Epoch times
1 décembre 2024 05:01 Mis à jour: 2 décembre 2024 22:39

Alors que les experts sont divisés sur la manière dont l’Union européenne (UE) et ses 27 membres devraient gérer la perspective des tarifs douaniers imposés par la nouvelle administration du président élu Donald Trump, ils s’accordent sur le fait que le continent devra faire des ajustements politiques et économiques pour éviter de se retrouver dans une situation plus difficile.

Robert Tyler, conseiller politique principal du groupe de réflexion New Direction, basé à Bruxelles, estime que les nations européennes peuvent rester dans les bonnes grâces du nouveau président, mais ils devront faire preuve d’une flexibilité qui a fait défaut ces dernières années.

Robert Tyler explique à Epoch Times que le premier grand changement pour l’Union européenne en termes de relations avec les États-Unis serait un changement politique plutôt qu’économique.

« Donald Trump est plus intéressé à travailler avec les différents États membres de l’UE plutôt qu’avec l’UE elle-même. Nous l’avons constaté au cours de son dernier mandat », affirme M. Tyler. « Nous avons vu qu’avec le développement d’initiatives telles que l’Initiative des trois mers, l’accent a été mis sur l’idée de travailler en dehors des structures de l’UE et de conclure des accords commerciaux dans les domaines où l’UE n’est pas compétente, en particulier en ce qui concerne les importations d’énergie, par exemple, le gaz naturel liquéfié.

L’Initiative des trois mers est un forum de treize États membres de l’UE situés entre la mer Baltique au nord, l’Adriatique à l’ouest et la mer Noire à l’est en Europe centrale et orientale. Ce forum vise à créer un dialogue régional sur les questions affectant ces pays et a été fortement soutenu par le président Trump de l’époque, lequel s’est exprimé lors du sommet annuel de l’organisation qui s’est tenu en Pologne en 2017.

En campagne en octobre, Donald Trump a lancé un avertissement sévère au bloc lors d’un rassemblement en Pennsylvanie, disant à ses partisans qu’il y aurait des conséquences si le déséquilibre commercial se poursuivait.

« Ils ne prennent pas nos voitures. Ils ne prennent pas nos produits agricoles. Ils vendent des millions et des millions de voitures aux États-Unis. Non, non, non, ils vont devoir payer un lourd tribut », a-t-il affirmé.

Il a proposé des droits de douane allant de 60 à 100 % sur les importations chinoises et des droits de douane universels allant jusqu’à 20 % sur les importations en provenance d’autres pays.

Sebestyen Geza, responsable du Centre de politique économique au Mathias Corvinus Collegium et professeur associé à l’Université Corvinus de Budapest en Hongrie, confie à Epoch Times qu’il pense qu’il est très probable que la nouvelle administration à Washington utilise la menace des droits de douane à la table des négociations, mais qu’elle ne les introduira peut-être pas, car Donald Trump a déjà déployé cette stratégie auparavant.

« En 2018, Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane sur les automobiles européennes pour contraindre l’UE à réduire ses barrières commerciales et à augmenter ses importations de soja et de gaz naturel liquéfié américains », explique Sebestyen Geza.

« L’année suivante, il a annoncé son intention d’augmenter les droits de douane sur toutes les importations mexicaines afin de faire pression sur le Mexique pour qu’il prenne des mesures plus strictes contre l’immigration clandestine. Une fois ses objectifs atteints, les droits de douane ont été suspendus ».

Logo BMW (CHRISTOF STACHE/AFP via Getty Images)

Robert Tyler avertit que si l’UE devait entrer dans une guerre tarifaire de représailles avec Washington, ce serait comme une « mort par mille coupures » pour ses 27 membres.

« L’UE dépend beaucoup plus de ses exportations vers les États-Unis que de ses importations en provenance de ce pays, les plus grands perdants étant des pays comme les Pays-Bas, la France et l’Allemagne », selon lui. « Ce sont des secteurs comme l’industrie automobile qui sont les plus touchés, ainsi que les appareils ménagers blancs, qui sont généralement fabriqués en Europe centrale et orientale. »

Il estime que les consommateurs européens sont déjà « très sollicités », ce qui signifie que n’importe lequel de ces tarifs s’avérerait « extrêmement inflationniste » pour le marché du continent.

Constantinos Saravakos, directeur de recherche au sein du groupe de réflexion économique KEFIM, basé à Athènes, et membre du European Policy Information Center (EPICENTER), pense qu’il serait judicieux que l’UE réduise sa dépendance à l’égard des États-Unis et cherche à conclure des accords de libre-échange non seulement avec Washington, mais aussi avec d’autres pays et zones économiques dans le monde entier.

« La dépendance européenne à l’égard des États-Unis est devenue de plus en plus problématique, modifiant à la fois le paysage mondial et le rôle traditionnel que les États-Unis ont joué en tant que norme réglementaire pour l’Europe », écrit-il dans un mail à Epoch Times.

L’UE peut-elle éviter les tarifs douaniers de Donald Trump ?

Selon Robert Tyler, le marché a beaucoup changé depuis la dernière présidence de Donald Trump, la demande pour l’énergie américaine est nettement plus importante, depuis que l’Europe s’est largement découplée du gaz naturel liquide (GNL) russe en raison de la guerre en Ukraine.

Selon lui, cela permettrait non seulement d’apaiser les relations avec Washington, mais aussi de faire baisser les coûts de l’énergie en Europe, qui est l’un des principaux moteurs de l’inflation sur le continent.

Sur ce point, M. Tyler semble être d’accord avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Interrogée sur la manière dont elle éviterait les tarifs douaniers de Donald Trump à la suite d’une réunion informelle des dirigeants de l’UE à Budapest, en Hongrie, Mme Von der Leyen a déclaré que, comme les États membres achètent encore des quantités importantes de gaz naturel liquide russe, ils peuvent envisager de le remplacer par du gaz américain, « ce qui est moins cher pour nous et réduit notre facture énergétique ».

M. Tyler a également exhorté l’UE à repenser spécifiquement ses pratiques en matière d’achat d’armes afin de s’attirer les faveurs du nouveau régime de Washington.

Plutôt que de se concentrer sur le développement d’armes fabriquées en Europe, comme l’avion de combat Eurofighter Typhoon, l’UE devrait permettre aux États membres d’acheter plus facilement des armes « prêtes à l’emploi » aux États-Unis.

« Cela permet de se rallier à l’administration de Donald Trump de deux manières », explique-t-il. « Premièrement, en achetant américain et en garantissant des emplois américains, et deuxièmement, en montrant que l’Europe est, à nouveau, sérieuse en matière de défense, l’une des autres plaintes de Donald Trump, en particulier en ce qui concerne l’OTAN. »

Constantinos Saravakos adopte un point de vue différent, affirmant que l’UE devrait réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis, car Bruxelles n’a aucun contrôle sur ce qui se passe à Washington.

« Les développements politiques extrêmes à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE peuvent entraver la croissance économique lorsqu’ils dépendent de facteurs qui échappent au contrôle des dirigeants de l’UE », affirme-t-il.

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