Les pouvoirs publics canadiens sont à la peine pour faire face à l’arrivée de centaines de réfugiés haïtiens qui fuient les Etats-Unis pour demander l’asile, les forçant même à transformer l’emblématique stade olympique de Montréal en centre d’accueil de fortune.
Gestion d’urgence d’une immigration de masse
Cette vague de réfugiés haïtiens vers le Canada est la conséquence de la perte prévue de leur Statut de protection temporaire (TPS) aux Etats-Unis. Ce TPS a été accordé à près de 60.000 Haïtiens après le séisme de 2010. Il a été prolongé ce printemps de six mois par l’administration Trump, et devrait donc se terminer en fin d’année.
En pleine période estivale, et après un flottement initial, le gouvernement a repris la main jeudi pour gérer l’afflux de réfugiés à la frontière entre les Etats-Unis et le Québec. Après l’arrivée d’environ 500 migrants mardi par un petit chemin forestier aux abords du poste frontière de Lacolle (sud du Québec), et plus de 300 mercredi, les réfugiés continuaient de fuir les Etats-Unis, engorgeant les services canadiens d’immigration.
« D’une moyenne de 50 demandes (d’asile) par jour » pour la première moitié de juillet, « le rythme est passé à 150 demandes » depuis, a déclaré jeudi la ministre québécoise de l’Immigration Kathleen Weil. « On est débordés« ! Après cette petite phrase alarmiste sur les radios locales jeudi, la ministre s’est ensuite voulue rassurante en conférence de presse. « Le gouvernement du Québec suit l’évolution de cette situation de près et travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement fédéral », a assuré Mme Weil. En attendant, des solutions d’hébergement d’urgences ont dû être trouvées avec l’installation de 150 lits de camp dans les coursives du stade olympique qui a abrité les Jeux en 1976.
« Bienvenue au Québec ». Une Haïtienne de la communauté montréalaise brandit sa pancarte, rapidement griffonnée, derrière les barrières empêchant l’accès aux réfugiés qui ont passé leur première nuit dans le stade. D’autres continuent à être acheminés depuis la frontière et les moyens sont déployés afin de les accueillir dans les meilleures conditions, selon Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Santé au Québec. « Nous sommes en contrôle de la situation » avec un hébergement temporaire offert dans 10 établissements ou centres communautaires (YMCA, armée du salut, résidences universitaires..), a-t-elle ajouté. La nécessité de libérer les logements étudiants à l’approche de la rentrée, a contraint les autorités à se rabattre sur le stade olympique. Dans cette enceinte sportive dotée de tous les équipements sanitaires, 600 places seront disponibles jusqu’au 19 septembre, a indiqué Mme Charlebois. « Nous regroupons les réfugiés pour de meilleurs services et faciliter la logistique », a-t-elle indiqué, mais aussi un soutien psychologique à ces migrants, souvent venus par famille entière avec de très jeunes enfants.
Une assistance fédérale requise
Face à une situation critique, le Québec a demandé l’aide fédérale afin d’accélérer le traitement des demandes d’asile et de faciliter le passage « d’un hébergement temporaire à un logement permanent », a indiqué Kathleen Weil. La ministre de la province francophone a adressé trois requêtes au gouvernement canadien. Une première priorité, selon elle, est d’opérer « un triage à la frontière pour que les personnes se destinant à une autre province canadienne soit rapidement dirigée vers leur destination ». En parallèle, le gouvernement fédéral doit « déployer des ressources supplémentaires pour un traitement rapide des demandes d’asile » avec la délivrance d’un permis de travail. Enfin, le Québec souhaite un partage des données nécessaires à la fourniture des services publics aux réfugiés, comme l’accès à la santé.
Sur les six premiers mois de l’année, ce sont 6.500 réfugiés qui ont été accueillis au Québec, un chiffre qui va gonfler avec l’afflux des Haïtiens. Mais la gestion de ces volumes n’inquiète pas le gouvernement fédéral qui a accueilli plus de 40.000 réfugiés syriens depuis fin 2015.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.