À trois reprises au moment du G7, Emmanuel Macron a parlé d’un « État profond » en France voulant l’empêcher de mener à bien ses reformes. La formule du président n’est pas anodine quand on sait qu’elle est utilisée par le président Trump pour décrire les forces administratives, industrielles et médiatiques voulant l’empêcher de mener à bien ses réformes aux États-Unis.
Le 21 août, face à la presse présidentielle, Emmanuel Macron a implicitement reproché aux appareils d’État français et russes de freiner son action en perpétuant le vieil antagonisme Est/Ouest. Cela résulte « de chicayas de bureaucrates et d’États profonds » a t-il déclaré. « Je ne veux pas être l’otage de gens qui négocient pour moi », a-t-il ajouté, selon BFMTV.
« On parle souvent d’État profond lorsqu’il s’agit du ministère des Affaires étrangères et de celui des Finances, mais il est autrement plus puissant dans les domaines de la Santé ou de l’Éducation nationale » estime-t-il.
Derrière cette notion d' »État profond », jamais utilisée publiquement par un locataire de l’Élysée, il y aurait une administration, avec des habitudes et des relations ancrées et qui sont parfois en contradiction avec ce que souhaitent les élus.
L' »État profond » ou « deep state » renverrait à des pratiques de réseaux administratifs, financiers et culturels qui seraient bien éloignées du modèle démocratique d’un pays et dont les objectifs seraient de rester au pouvoir quelles que soient les présidences.
Qu’est-ce que l’ « État Profond » ?
Selon Romain Mielcarek, journaliste spécialiste des questions de défense et des relations internationales, interviewé par Sputnik, « quand on parle d’ « État profond », cela implique grosso modo deux catégories d’acteurs: d’une part, il s’agit de hauts responsables et hauts fonctionnaires dans les administrations qui parviendraient à exercer un pouvoir de contrainte suffisamment fort pour contester une partie du pouvoir du chef de l’État. D’autre part, il s’agirait d’acteurs hors des institutions. En l’occurrence, aux États-Unis c’est souvent de cela que l’on parle, ça serait des acteurs privés avec de gros moyens financiers qui, du fait de leur influence, parviendraient à imposer leur volonté au chef de l’État. »
Selon Pierre Guerlain, chercheur et professeur émérite de civilisation américaine interviewé par Marianne, l’ « État profond » aux États-Unis « signifie que quels que soient les responsables politiques élus, le « complexe militaro-industriel » (CMI) associé aux « médias dominants », les « corporate media », exerce un vrai pouvoir. L’idée est que cette alliance entre le monde des affaires, le secteur de la défense et une grande partie des médias détermine les choix politiques des élus, peu importe leur nature. »
L’ « État profond » ou « Deep State » aux États-Unis
Donald Trump est le premier à avoir utilisé ce terme publiquement au moment de son élection et pendant les premiers mois de son mandat. Il désignait certains hauts fonctionnaires bien placés tentant par tous les moyens d’entraver l’action de la Maison blanche.
Par exemple, le clan Clinton appuyé par de nombreux médias de gauche a tenté de contester l’élection de Donald Trump en montant un dossier sur une soi-disant collusion avec la Russie. Récemment, après une enquête de deux ans, le procureur spécial Robert Mueller a conclu à l’absence d’éléments prouvant une entente ou une coordination entre l’équipe de campagne de Donald Trump et Moscou lors de la présidentielle de 2016. Au contraire, un autre rapport de Robert Epstein, chercheur en psychologie, montre que Google a manipulé les résultats des requêtes des internautes sur son moteur de recherche afin d’apporter entre 2,6 millions et 10,4 millions de votes supplémentaires à Hillary Clinton.
Il y a également le Spygate, un vaste scandale politique montrant comment de puissantes agences de l’État ont utilisé toutes leurs ressources contre le président Donald Trump, alors qu’elles étaient encore sous la présidence Obama. Epoch Times a d’ailleurs réalisé une large enquête à ce sujet, dévoilant la véritable histoire de collusion et d’espionnage au moment de l’élection américaine.
L’enquête montre notamment l’implication de John Brennan, alors directeur de la CIA, pour empêcher une présidence Trump et favoriser la victoire d’Hillary Clinton pour prendre la suite de Barack Obama. Cela illustre bien un « Deep State » américain : un réseau de complicités politiques, médiatiques et financières destiné à favoriser l’accession aux responsabilités de celles et ceux qui permettront à ces différents acteurs de conserver leur mainmise sur le pouvoir.
Pour la France, cet « État profond » reste encore largement à définir. Le Deep state américain, dénoncé par Trump, poursuit un agenda médiatico-politique visant à promouvoir une société mondialiste, multiculturaliste et progressiste. Le président français a pointé quant à lui le réseau d’influence autour des ministères des Affaires étrangères, des Finances, de la Santé ou de l’Éducation nationale.
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