JO PARIS 2024

Quelles retombées économiques pour les JO de Paris 2024 ?

août 13, 2024 12:25, Last Updated: août 13, 2024 12:25
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Si les Jeux ont été un succès logistique et sportif, les retombées économiques sont moins évidentes à estimer.

Les plus optimistes, encore grisés par le bon déroulé des épreuves, voient déjà des effets positifs pouvant aller jusqu’à 15 ans, pointant du doigt les « esprits chagrins ». Les plus réalistes ne tirent aucune conclusion, tablant au mieux sur un équilibre des dépenses et des recettes.

Il suffit de comparer avec les éditions précédentes pour comprendre que l’effet « wow » ne dure que quelques semaines et que la somme finale des dépenses dépassent souvent de loin la somme initialement prévue. À moins bien sûr d’un sursaut de la consommation des ménages, que la rentrée politique et l’instabilité parlementaire augurent mal.

Les premiers chiffres

Selon un premier bilan de l’Office du tourisme de Paris, publié le 12 août au lendemain des Jeux, 11,2 millions de visiteurs (dont 85% de Français) ont pris part, avec ou sans billet, aux activités liées aux JO en région parisienne.

Parmi eux, 3,1 millions de touristes français et étrangers (+19,2% par rapport à 2023) et 3,1 millions de visiteurs venus pour la journée (venant d’hors Île-de-France, comparable à 2023), le reste des visiteurs venant de région parisienne. En tête des touristes étrangers : les Américains, les Allemands et les Britanniques.

Des chiffres corroborés par le spécialiste des paiements Visa, qui estime que pendant la première semaine des jeux, le nombre de détenteurs de ses cartes à Paris était en hausse de 42% par rapport à la même période en 2023. Selon le comité de Paris 2024, plus de 9,5 millions de billets ont été vendus et 6 millions de visiteurs ont fréquenté les sites de célébration.

Pour les hôteliers, après un début juillet plus que morose, les taux d’occupation, grâce aux étrangers, ont finalement atteint 84% dans Paris intra-muros, soit 10 points de plus qu’aux mêmes dates en 2023 (23 juillet/6 août), voire 85,5% dans le haut de gamme (+16,5 points).

L’ensemble des villes hôtes (Lille, Marseille, Châteauroux…) en ont profité, avec des nuitées en augmentation de 16% pour les visiteurs français et de 18% pour les internationaux, selon ADN Tourisme, qui fédère les offices du tourisme.

AirDNA, cabinet qui analyse les données de plusieurs plateformes (Airbnb, Abritel…), confirme: le taux d’occupation des locations touristiques à Paris a atteint 62% pendant ces Jeux, plus qu’en 2023 malgré la flambée du nombre d’annonces, avec beaucoup de réservations de dernière minute. Cela se traduit par un gain de 357 millions d’euros pour les hôteliers en France, selon les calculs du cabinet MKG, qui estime que cette hausse permet de compenser le recul de fréquentation précédant l’événement.

Cependant, certains restaurateurs déplorent des pertes de chiffre d’affaires entre 50 et 70%, et les commerces éloignés des sites de compétition qui ont vu leur fréquentation s’éroder. Car les visiteurs des Jeux n’ont pas un comportement touristique normal, privilégiant les compétitions aux attractions touristiques et les repas sur le pouce et dans les food trucks des fanzones aux restaurants, selon Corinne Menegaux, directrice générale de l’Office du tourisme de Paris.

Les estimations les plus positives

Les Jeux olympiques et paralympiques devraient générer de 6,7 à 11,1 milliards d’euros de retombées économiques pour Paris et sa région, selon une étude commandée par le Comité international olympique (CIO) et le comité d’organisation des Jeux Paris-2024 (Cojo), publiée en mai 2024.

Ces chiffres, qui prennent en compte l’impact de l’inflation sur les retombées, se décomposent en trois grands blocs : les recettes liées à l’organisation de l’événement, celles découlant de la construction ou de la rénovation des infrastructures et enfin celles attendues du tourisme. Les retombées espérées s’échelonnent de 2018 à 2034.

Dans un entretien à La Tribune, la ministre déléguée des entreprises et du tourisme Olivia Grégoire table sur une moyenne de 9 milliards d’euros de retombées économiques pour les quinze prochaines années, assurant que les Jeux rentreront dans leurs frais : « N’en déplaise aux esprits chagrins, ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros constitués en grande partie d’investissements privés, rentreront largement dans leurs frais », a-t-elle affirmé. La Banque de France se veut aussi positive, depuis le 9 août, elle anticipe « une hausse significative » de la croissance « de 0,5 % au troisième trimestre ».

Pour les grandes marques partenaires des Jeux, les retombées sont déjà positives. Pour Carrefour, le chiffre d’affaires des magasins parisiens a grimpé de 25 %. Le retour est similaire pour Toyota, la fréquentation du site internet a grimpé de 25 % en 15 jours. Décathlon enregistre également une hausse de la fréquentation de 10 %, profitant de l’engouement des Français pour le sport.

Les estimations les plus réalistes

Luc Arrondel, économiste spécialiste du sport, se montre plus mesuré. « Les JO ne sont ni une bonne, ni une mauvaise affaire », assure-t-il auprès du Parisien. Coéditeur d’une étude « Retombées économiques des Jeux olympiques par Jean-Pascal Gayant, Revue de l’OFCE » sur les retombées économiques des JO, il estime que le coût pour le contribuable pourrait être situé entre 3,2 et 4 milliards d’euros, alors que l’impact à court terme est évalué à 4 milliards. Cela « revient à des Jeux à somme nulle », selon l’économiste.

« Dire que ça peut booster l’économie d’un pays serait une erreur, ajoute ce directeur de recherche au CNRS. Sinon tous les pays en organiseraient. » Quant aux effets à long terme, les études d’impact « sont à prendre avec beaucoup plus de précautions », précise-t-il.

D’après une étude sur l’impact économique des JO réalisée par la banque Oddo BHF en avril, l’impact sur les finances publiques serait faible. « Il y aura peut-être même un petit effet bénéfique », avance Bruno Cavalier, le chef économiste de l’établissement. L’économiste prévoit également une progression du PIB d’environ 0,5 % au troisième trimestre (1,9 % en rythme annualisé), mais « l’effet ne sera pas durable », car au cours des trois mois suivants, la croissance retomberait à peine à 0,1 %.

« Il y a toutefois une marge d’incertitude », admet-il. Notamment parce que ce type d’événement a un effet sur le moral. « Dans un pays enclin à la morosité, l’événement redonnera confiance aux Français, c’est la question qu’il faut se poser », interroge-t-il.

Des incertitudes sur le budget final

Trois mois avant la cérémonie d’ouverture, la facture des JO approchait les 9 milliards d’euros – avec une estimation optimiste des recettes.

Le budget des Jeux qui était de 3,8 milliards d’euros lors du dépôt de la candidature en 2015, s’est élevé à 8,9 milliards d’euros avant leur ouverture. D’après une étude du cabinet Asterès en février 2024, les dépenses publiques totales pour l’organisation des Jeux pourraient s’élever à 5,2 milliards d’euros, pour un budget total de 11,8 milliards d’euros, en comptant le budget du Cojo.

Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, estimait fin mars que les Jeux olympiques de Paris « devraient coûter » entre 3 et 5 milliards d’euros d’argent public, indiquant que tous les coûts n’étaient pas encore connus. Parmi les dépenses difficiles à chiffrer figurent des dépenses de personnel, correspondant notamment aux primes versées aux policiers chargés d’assurer la sécurité et aux primes des autres fonctionnaires impliqués. La Cour des Comptes, qui est chargée de comptabiliser les finances des JO, devrait produire un rapport à l’automne 2025, soit plus d’un an après la fin des Jeux.

Une estimation de la Fondation Ifrap arrive à 11 milliards de dépenses en comptant les coûts indirects, dont 4,6 milliards de fonds publics. La crainte d’un dérapage de plusieurs milliards d’euros au frais du contribuable, n’est pas à exclure, dans un contexte de sérieux budgétaire en 2025.

Les Jeux pourraient cependant laisser un héritage sur le long terme si les bonnes conditions de sécurité au sein de la capitale étaient prolongées, ce qui aurait un effet sur son attractivité. Pour Marc Lhermitte, associé chez EY en charge des questions d’attractivité au plan mondial, interrogé par Le Figaro, « sur le court terme, l’effet sur le tourisme est difficile à décoder, l’effet d’éviction étant compensé en partie par un supplément d’activité […]. Sur le moyen terme, je suis catégorique : je suis absolument certain que cela aura un effet, grâce à notre capacité à faire venir des millions de visiteurs dans de bonnes conditions de sécurité. »

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